✒ La recommandation 5★ de Miss Macaron : « Tome 2 fini à quand le tome 3 ! » sur La Tribu Libre

La recommandation 5★ de Miss Macaron : « Tome 2 fini à quand le tome 3 ! »
tome 2 - La Tribu Libre

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

La recommandation 5★ de Miss Macaron :

« Tome 2 fini à quand le tome 3 ! »

Un très bon deuxième tome qui se lit aussi bien que le premier. Une diversité des personnages qui permet à chacun de s'identifier. Nous vibrons au rythme des aventures et des sentiments d'Aila avec cette envie de l'aider sans le pouvoir. Preuve que l'on est capté par le roman. Vivement le tome 3.
(Source : )

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La Tribu Libre
de

aux Éditions UPblisher
Paru le
Environ 540 pages
Prix : 5,99  en toujours disponible
  → ISBN : 978-2-7599-0097-8 en

 
et aussi :
✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0096-1 en

✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0098-5 pour

✯ Distributeur : Amazon
  → ISBN : 978-2-7599-0317-7 en pour ceux qui aiment (14,99  €)

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

En un clin d’œil, Aila et les princes se remirent en route. La jeune fille prit une direction légèrement différente de celle de Barreuse, tandis qu’Avelin et Adrien la suivaient sans poser de questions. Au bout d’une heure de galop effréné, les trois amis ralentirent, puis s’arrêtèrent sur un chemin forestier. Elle descendit de sa selle et avança dans les fourrés.
— Le voilà, il s’est tordu la cheville et son état est préoccupant. Par ici.
Les deux frères l’accompagnèrent. Elle les guida à travers la forêt. Bientôt, ils abandonnèrent les chevaux et continuèrent à pied, s’enfonçant plus avant dans les broussailles. Soudain, une voix rauque, comme celle d’un homme éméché, s’éleva sur leur droite :
— N’approchez pas ! Je vous jure que si vous approchez, je vous tue !
— Frappier, je suis Aila et je suis venue pour vous soigner.
— Je ne suis pas malade ! N’approchez pas, je vous dis !
— Non, naturellement, mais vous êtes blessé, votre cheville est tordue.
— C’est faux, vociféra-t-il. Ma cheville va très très bien… Décampez, je ne le répéterai pas !
L’homme demeurait invisible, caché par les buissons. S’accrochant dans les ronces environnantes, elle avança lentement vers lui. Elle pressentit un danger imminent. Malheureusement, sa manche, agrippée par des épines, la retint et ce fut Avelin qui la tira en arrière de toutes ses forces, arrachant au passage un morceau de tissu. La flèche vibrante frôla le visage d’Aila qui soupira. Il s’en était fallu de si peu… Elle ferma ses paupières un instant, le dos appuyé sur son sauveur, le temps de calmer sa frayeur.
— Merci, Avelin ! lui souffla-t-elle.
— De rien ! Je protège mes intérêts, car je compte bien vivre d’autres aventures avec toi ! lui répondit-il, taquin.
Immobile, Aila réfléchissait. Puis, sous les yeux ébahis des princes, elle dénatta ses cheveux et ôta son gilet qu’elle confia à Avelin. Pour terminer, elle dégrafa plusieurs boutons à sa chemise, révélant des atouts rarement mis en valeur. Croisant les regards surpris de ses amis, elle tenta de s’expliquer, légèrement rougissante :
— Ce garçon a sombré dans la folie. Cette maladie qui frappe les organes a atteint le cerveau. Cependant, Frappier a passé sa vie à aimer les femmes et je le soupçonne d’être encore réceptif à leurs charmes. Vous croyez que, habillée comme un homme, je puisse paraître séduisante, avec ces quelques modifications, aux yeux d’un être que la folie guette ? demanda-t-elle, soudain très sérieuse.
— Si tu défais deux boutons de plus, c’est certain ! se moqua Avelin.
En réponse, il reçut un coup de coude dans les côtes.
— Frappier, c’est votre amie Aila, dit-elle d’une voix qu’elle essayait de rendre la plus suave possible. Vous me manquiez tellement depuis votre départ. Pourquoi m’avez-vous quittée ? Vous êtes toute ma vie et vous m’abandonnez… Laissez-moi venir dans vos bras pour profiter de vos baisers.
Bon an, mal an, elle s’extirpa du mieux qu’elle put des ronces et contourna le buisson, mettant en avant son décolleté provocant sur lequel flottaient ses cheveux. Elle le vit enfin, assis sur le sol, un arc à la main. Désespérément, elle chercha à se remémorer comment les filles se débrouillaient pour aguicher les garçons. Un peu au hasard, elle plaça sa main gauche sur sa hanche, agitant la droite devant l’échancrure de sa chemise, comme si elle avait trop chaud. Attiré par son geste, le regard de Frappier se posa sur son cou et la naissance de sa poitrine, ne les quittant plus des yeux. Elle s’approchait de lui à pas lents, la démarche ondulante, le flattant de mots trompeurs. Elle lui parlait de lui, de sa beauté, de son charme, de son intelligence, de l’amour qu’il avait fait naître en elle. Quand elle parvint à ses pieds, elle s’assit à son côté, consciente de la respiration saccadée de l’homme. Lui, le regard toujours fermement rivé sur le décolleté, était devenu apathique. Brusquement, les yeux de Frappier se figèrent. Elle était arrivée trop tard pour le soigner, il était mort… Le cœur empli de regret, Aila reboutonna sa chemise et étendit Frappier par terre avant d’appeler les deux frères. Ils s’avancèrent et Adrien suggéra de l’enterrer.
— Ce ne sera pas la peine, répondit-elle.
En un instant, la terre recouvrit l’homme et le fit disparaître sous un épais tapis végétal à la forme particulière.
— Mais comment fais-tu cela ? s’exclama Avelin.
— Je ne sais pas trop. J’ai espéré pour lui une tombe différente et le pouvoir des fées l’a réalisée… De plus, si son père veut un jour le ramener au village, il saura le retrouver. Partons, nous avons juste le temps de revenir à Pontet pour y dormir. Nous passerons demain matin à l’étang sur le chemin du retour vers Avotour.

Quand ils arrivèrent au village, la vie reprenait ses droits. Les rescapés les accueillirent comme des héros, malgré ce que chacun avait perdu, et tous venaient les remercier avec maladresse et sincérité. Comme une ombre discrète, la petite fille qu’Aila avait sauvée ne la quitta plus des yeux à partir du moment où elle l’aperçut et la suivit de maison en maison, de rue en rue. Aila et les princes finirent par rejoindre la salle du conseil pour indiquer à Dopier l’endroit où Frappier reposait et l’épuration prochaine du plan d’eau. Aila déconseilla sa fréquentation jusqu’à ce que le cycle de vie de la plante fût bouclé, soit environ pendant trois mois.
— Excusez-moi un instant, expliqua-t-elle en s’interrompant.
Elle jaillit hors de la pièce comme une flèche avant de revenir, une petite fille à la main. Fâchée par l’attitude de l’enfant, elle rabroua Niamie avec sévérité :
— Personne ne t’a donc jamais appris qu’écouter aux portes était impoli ?
Impassible, l’enfant, aux yeux d’un vert clair absolument fabuleux, plongea son regard dans le sien.
— Je n’ai plus de famille pour me le dire aujourd’hui.
Aila se radoucit instantanément.
— Je le sais, Niamie. Je suis très triste d’être arrivée trop tard pour les sauver…
— Vous avez fait ce que vous avez pu. Maintenant que je n’ai plus personne, emmenez-moi avec vous. S’il vous plaît…
— Voyons, c’est impossible. Notre pays court un grand danger et une fillette comme toi n’a pas sa place aux côtés d’une combattante.
— J’ai voulu vivre parce que vous m’avez dit que vous aimeriez avoir une petite fille comme moi…
Les yeux de Niamie se remplissaient de larmes. Touchée par sa détresse, Aila s’accroupit à sa hauteur et saisit ses épaules.
— C’est vrai, Niamie. Cependant, je ne laisserai jamais mon enfant risquer sa vie près de moi. Bien au contraire, je la confierai à des gens sûrs.
— Mais ici, il n’y a plus personne pour moi !
— Je suis certaine que si et je vais m’en occuper immédiatement avec le chef du conseil.
Niamie s’écarta brusquement.
— Vous ne comprenez rien ! Je n’ai plus ma place à Pontet. Alors, où vous irez, j’irai ! Vous ne m’en empêcherez pas !
Elle posa un regard frondeur sur Aila et pourtant plein de lumière, puis s’enfuit. La jeune combattante se releva, ennuyée par la réaction de l’enfant.
— Vous prendrez soin d’elle ? s’informa-t-elle auprès de Dopier.
— Bien sûr ! répondit ce dernier. Elle a toujours été une petite fille adorable, avec un sacré tempérament. Il est un peu normal que le contrecoup de la mort de sa famille l’ait rendue enragée. Avec de la patience et malgré l’absence de ses parents, nous devrions parvenir à lui faire accepter la situation.
Aila perçut le sourire moqueur d’Avelin qui semblait lui indiquer que la détermination farouche de Niamie la confrontait à ses propres excès. Le pire était qu’il avait raison, la fillette ne renoncerait pas facilement, elle en était persuadée. Pourtant, elle ne pouvait quand même pas l’embarquer avec elle dans une aventure inconnue qui se révélerait pleine de dangers…

La petite troupe d’Avotour partit prendre du repos. Ils étaient tous si épuisés qu’ils s’allongèrent après avoir grignoté un morceau vite fait. La chandelle soufflée, Avelin demanda à Aila :
— Tu crois qu’elle va abandonner ?
Elle sut qu’il faisait allusion à Niamie.
— J’en doute…

Au petit matin, le réveil fut difficile pour chacun d’entre eux et, plus particulièrement, pour Aila. La tension diminuant, elle ressentait cruellement toute la fatigue physique due à ce qu’elle venait d’endurer ces derniers jours. Courageusement, après un rapide petit déjeuner, ils se remirent en selle. Dopier avait pris la peine de les rejoindre pour les remercier et les assurer de sa fidélité au roi, une nouvelle fois.
— Les villageois ont voulu vous offrir un gage de leur loyauté et de leur reconnaissance avant votre départ. Jetez donc un œil à leurs chaumières en quittant le village.
Et ce fut une immense surprise… De simples fleurs à des bouquets élaborés pendaient aux volets ou aux fenêtres comme des guirlandes aux teintes multicolores, c’était magnifique… Avançant lentement dans la rue principale, le petit groupe devinait, derrière les ouvertures, les mouvements discrets de ceux qui les regardaient partir sans se montrer. Les villageois avaient vécu des moments si douloureux qu’ils n’avaient plus de mots à partager, toute leur énergie servait à reconstruire ce qui pouvait encore l’être. Et, cependant, ils avaient pris la peine de confectionner ces bouquets éphémères, témoignage poignant de leur vie qui avait basculé, mais qui, coûte que coûte, allait reprendre. Émus, les cavaliers admirèrent chaque décoration comme si elle était unique, plus fiers à chaque pas d’en être les destinataires. Aucun d’entre eux ne parla avant la sortie du village tant l’ambiance solennelle dans laquelle ils baignaient les accaparait. Alors qu’ils le quittaient, elle laissa filer les deux frères en avant et se retourna vers Pontet une dernière fois, le cœur gonflé de tendresse. Elle envoya une vague d’amour à tous ces gens si braves et si généreux dont elle avait partagé la vie et les souffrances avant de rejoindre les princes. Arrivée à l’étang, elle prit le temps de vérifier le bouclier de chacun d’eux, toujours soucieuse de les protéger, puis s’approcha de l’eau. Étonnée, elle aperçut des feuilles de Nicorus qui poussaient sur la rive. Cette plante, assez rare, n’aurait pas dû survivre ici. Elle s’accroupit pour en ramasser une dizaine de feuilles qu’elle rangea dans sa ceinture à onguents, à côté de celles d’Herbère données par dame Mélinda. Son indicateur d’alerte était devenu très faible, car le lac retrouvait progressivement son innocuité.
— Emmenez-moi ou je me jette à l’eau ! Et comme cela, vous m’aurez sauvée pour rien !
Aila ne bougea pas, elle savait que Niamie tenait ces propos. Elle ne tourna même pas son regard vers elle, figée dans sa contemplation de l’eau.
— Alors, vas-y, saute, puisque c’est ce que tu désires.
— Vous ne m’aimez donc pas ?
La voix de la petite fille, toute fluette, se fit larmoyante.
— Si, profondément, et c’est la raison pour laquelle je te demande de rester à l’abri, ici.
— Mon village, à l’abri ! Quelle histoire, on a tous failli y passer !
— Oui, mais c’est terminé.
— Et vous partis, il n’y aura plus personne pour me protéger !
— Ce sera encore pire si tu me suis. Crois-moi, expliqua Aila.
— Pourquoi ne voulez-vous pas de moi ?
Sa voix se cassa définitivement et Niamie se mit à pleurer.
— Ce n’est pas que je ne veux pas de toi, mais ma vie ne ressemble en rien à celle d’une mère comme la tienne. Une petite fille ne peut y trouver sa place…
Le silence s’abattit entre elles et Aila en profita pour projeter son esprit et éliminer les dernières traces laissées par la plante maudite. Cela lui prit moins de temps qu’elle l’avait cru et, quand elle eut achevé sa tâche, elle se dirigea vers Niamie, assise sur un rocher à proximité de l’eau. Les yeux perdus de l’enfant erraient sur la surface calme et miroitante qui s’étendait devant elle. Enfin, elle leva son regard vers Aila.
— Vous partez ?
— Nous devons retourner voir le roi et l’informer de la gravité des événements survenus dans ton village.
Niamie secoua la tête, résignée. Aila hésita à rajouter quelques mots apaisants, puis renonça. Elle caressa doucement les cheveux de la petite fille.
— Prends soin de toi.
Elle rejoignit les deux hommes qui patientaient en observant la scène sans intervenir, puis enfourcha Lumière en silence. Talonnant leurs montures, ils partirent au petit trot. Ce ne fut qu’au bout d’une centaine de mètres qu’Aila ralentit et s’arrêta. Faisant demi-tour, elle leur cria :
— Attendez-moi ! Je reviens !
De retour près du plan d’eau, elle sauta de Lumière et appela :
— Viens, Niamie ! Je t’emmène !
Une forme fluette déboula des buissons derrière lesquels elle s’était cachée pour se jeter dans les bras d’Aila. Cette dernière la hissa sur son cheval, puis rattrapa les princes qui prenaient leur mal en patience, un sourire ironique sur les lèvres.
— Nous voici avec un nouveau petit chien sans collier, comme Lomaï, railla doucement Adrien.
— Lomaï ! Un chien ! Comment pouvez-vous dire cela ? C’est une personne admirable ! protesta-t-elle.
— Bien sûr ! Et elle a convaincu père de devenir son garde du corps ! Oh ! À votre air surpris, je vois que vous l’ignoriez. Père nous en a informé juste avant notre départ, j’ai pensé que Lomaï vous avait mis au courant.
— Non, je l’apprends à l’instant. Je sais seulement que votre père a fait un choix de tout premier ordre. Elle est excellente, peut-être même meilleure que moi…
— … et surtout plus facile à vivre ! ajouta Avelin qui, pour toute réponse, reçut le regard d’Aila, lourd de reproches.
Absolument pas décontenancé, il éclata de rire, puis surenchérit :
— Allez, sois honnête. Elle est toujours souriante, agréable, elle rayonne de bonne humeur et, avec elle, aucune complication. Depuis qu’elle a tenté de tuer père, elle se rachète en prenant soin de lui et en faisant de sa personne un bouclier ! Et puis, on pourrait trouver plus vilaine comme garde du corps !
Aila lui jeta un regard en biais.
— Tu parles de moi ?
— Non ! Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, répliqua Avelin. C’est une femme chouette. Moi, je l’aime bien.
Aila lui sourit et éperonna son cheval. Ils étaient partis à trois et ils reviendraient à quatre…

Quand ils arrivèrent à Avotour, le roi était sorti avec sa nouvelle garde du corps et serait de retour sous peu. Aila réprima un sourire, mais pas Adrien et Avelin. Complices, ils se regardèrent avant de pouffer de rire.
— Viens avec moi, mademoiselle Niamie, je vais te confier à Élina. Elle te transformera en petite princesse et tu as intérêt à dire oui à tout, parce que sinon tu auras affaire à moi ! Est-ce bien clair ?
Niamie avait perdu sa verve depuis son départ de Pontet. Étrangement sage, elle se contenta de hocher la tête d’un air résolu. Hubert et Aubin débarquèrent sur ces entrefaites, venant aux nouvelles. Adrien leur proposa de le suivre jusqu’à la salle à manger pour partager avec eux les grandes lignes de leur mission à Pontet.

Aila, accompagnée de la petite fille, parvint à sa chambre.
— Bonjour, Élina, je vous présente une nouvelle venue, Niamie, dont vous aurez à vous occuper. Il doit bien rester dans mon immense pièce un petit coin pour un lit supplémentaire ?
Comme à son habitude, Élina hocha doucement la tête avec un léger sourire aux coins des lèvres.
— Naturellement, je prends tout en charge. Votre bain vous attend, dame Aila. Et je prépare vos affaires.
La jeune fille se plongea avec bonheur dans l’eau chaude, puis, après une ample détente, elle finit par en sortir à contrecœur et s’habiller. Élina avait disparu avec la petite fille. Elle resta un moment à regarder son lit avec un désir tenace d’aller s’y allonger, désir auquel elle résista vaillamment. Heureusement, un coup frappé à la porte la détourna de l’envie qui la taraudait. Avelin lui annonçait que son père venait de rentrer et les attendait. Elle le rejoignit immédiatement et ils descendirent ensemble au bureau de Sérain. Ce fut Adrien qui expliqua toute l’histoire jusqu’à la petite fille, sauvée par Aila et rapatriée au château.
— Une nouvelle Lomaï ? Et je suis certain que vous deviez la ramener ? affirma Sérain.
Aila capta l’échange de coup d’œil entre les deux frères. La situation l’irrita modérément et voilà que leur père tenait le même discours que ses fils !
— Non, sire, pas vraiment. Elle se nomme Niamie et je suis juste convaincue que je ne devais pas la laisser seule à côté de cet étang…
Le roi hocha la tête d’un air entendu.
— Lomaï s’est très bien acclimatée à la vie de château. Parions qu’il en sera de même pour cette jeune demoiselle. Quelle analyse de la situation pouvez-vous me donner de votre mission ?
— Franchement, j’y ai beaucoup réfléchi. J’ai passé en revue le savoir des fées et celui enseigné par Hamelin. Et, pourtant, ce que j’ai combattu ne semble relever d’aucune des catégories que je connaisse… Je me suis penchée sur les histoires de notre pays. L’une d’entre elles raconte que d’autres magies ont existé dans des temps très reculés et que seule celle des fées a survécu, parce que ces dernières se sont liées aux hommes avant de les quitter définitivement. Ce faisant, elles ont amorcé le lent chemin de leur disparition… Je me souviens également d’avoir lu, mais dans un livre rare, qu’il en subsistait une dont les effets avaient été pervertis. Malheureusement, j’en ai oublié les détails, il faudrait que je puisse le relire pour…
Aila s’arrêta. Soudain, des pans entiers de sa mémoire, laissés en jachère, se réveillaient brusquement. Inondée par le flot d’informations, elle porta la main devant sa bouche, comme si cela allait l’aider à comprendre tout ce qui défilait dans ses souvenirs et à en opérer le tri. Un silence attentif l’entourait, mais, toute à sa réflexion, elle ne s’en aperçut même pas. Au bout d’un certain temps, elle secoua la tête. « Serait-ce possible ? », songea-t-elle. Elle prit finalement conscience des regards posés sur elle et de la tension qui régnait dans la pièce. Chacun attendait ses prochains propos avec appréhension, ce qu’elle ressentit quand elle poursuivit :
— Je… Enfin… Dans les livres de notre enfance, il existe souvent des méchants dont certains sont dotés de pouvoirs magiques. Je me suis aperçue que nos légendes n’étaient plus ce qu’elles paraissaient. Dorénavant, je sais quelle part de vérité elles contiennent. Comme pour la magie des fées, aucun de nous n’y croit et, pourtant, je suis persuadée que la plante provient de la sorcellerie…
Un sourd murmure parcourut l’assemblée qui siégeait autour d’elle. Elle vit Hubert réagir, mais son père lui imposa le silence d’un regard, avant de poser une question :
— Qu’est-ce qui vous permet de l’affirmer ?
— Aucun de vous ne croyait aux fées et moi, la première. Pourtant, je les rencontre souvent et j’utilise leur magie. Devant la chose de l’étang, mon incapacité à déterminer si ce que je combattais appartenait au règne végétal ou animal était illogique, car les fées m’ont offert tous les moyens nécessaires de reconnaissance. Si je n’y suis pas parvenue, c’est que ce n’était pas humain, mais ensorcelé. Cet être-là nous a été envoyé pour répandre la maladie, la folie et la mort sur notre pays. Nous affrontons un ennemi très puissant qui a voulu nous affaiblir pour ensuite nous annexer, sans trop de combats. Une population exsangue est plus facile à faire plier…
— Et vous avez parfaitement raison, jeune demoiselle, annonça la voix rocailleuse d’Orian.
Toutes les têtes se tournèrent vers le nouvel arrivant, tandis que le roi se levait pour aller l’accueillir. Tristan l’accompagnait, toujours aussi grand et silencieux. Aila pensa à Pardon et Adam, espérant qu’ils reviendraient bientôt. Orian prit place parmi eux et amorça son récit :
— Je vois que vous avez bien avancé de votre côté en notre absence. Grégoire, mon très vieil ami et mage de Valmor, était excessivement inquiet lors de notre arrivée. Il lui a fallu quelques jours pour m’avouer l’origine de son trouble, attendant avec crainte mon verdict. Cependant, son histoire me préoccupa encore plus que lui et je vous en livre la teneur. Un royaume, bien au-delà de Faraday, le Tancral, a commencé à envahir tous ses voisins, réduisant les populations en esclavage. Après avoir conquis les terres frontalières, son empereur, Césarus, s’est octroyé une pause, mais il a décidé de remettre cela. Il s’intéresse donc aux États au sud du sien, dont le nôtre, car au nord s’étendent uniquement des territoires vierges et déserts. Nous figurons dans son plan de conquête ainsi que le pays hagan, les royaumes de Faraday, de Wallanie, d’Épicral et d’Estanque, et peut-être bien d’autres encore… D’ailleurs, à ce sujet, une alliance avec ce dernier devient une opportunité à ne pas refuser et, si Wartan veut unir sa fille à notre prince héritier, j’estime qu’Hubert devrait y répondre de manière favorable.
Aila poussa un soupir intérieur… Ça y était ! Elle ne serait plus sa promise pour longtemps ! Alors pourquoi cette nouvelle ne la ravissait-elle pas autant qu’elle l’aurait espéré ? Malgré tout, le soulagement prédominait. Sérain se tourna vers Aila.
— Voilà, jeune fille, vous reprenez votre liberté et, ce soir, je ferai proclamer l’annulation de l’engagement entre vous et mon fils aîné. Hubert, tu partiras dès demain discuter de cette future union avec le roi Wartan.
— Mais ma mission en Hagan…? s’exclama Hubert, visiblement ennuyé.
— Elle se passera de toi. Nous devons inverser notre projet et, dorénavant, convaincre ce peuple de s’allier avec nous. Si Avelin maîtrise la langue hagane, il entreprendra la mission, sinon Adrien le remplacera.
Déçu, Hubert jeta un coup d’œil fâché vers Aila. Pourquoi lui donnait-il toujours l’impression de la tenir pour responsable de tout ce qui tournait de travers ? Elle n’y était quand même pour rien si un empereur assoiffé de pouvoir et de richesse voulait conquérir la Terre entière ! Puis le visage de l’homme redevint indéchiffrable. « Hubert allait en épouser une autre », songea-t-elle brièvement. Aila ne l’envia pas, bien au contraire… Finalement, le statut de prince héritier ne présentait pas que des avantages. Et puis, après tout, quelle importance ? Elle ne s’attarda pas sur cette idée et écouta Orian qui continuait :
— Nous avons, avec Grégoire, vérifié chaque point et les informations que je vous rapporte sont effrayantes, car le pire reste à venir…
Il se tut et tous, suspendus à ses lèvres, attendirent qu’il reprît :
— Cet empereur dispose d’au moins un million de guerriers, peut-être même plusieurs, tous très entraînés par les guerres qu’ils ont déjà remportées…
Le silence dans la pièce changea de nature. La curiosité avait cédé devant l’effroi de la nouvelle qui les laissait sans voix. Peut-être plusieurs millions de combattants… Inimaginable ! Si seulement, sur Avotour, le roi arrivait à lever une troupe de cent mille soldats, ce serait tout le bout du monde… La prise de conscience qu’ils finiraient écrasés sans aucun doute les frappa de plein fouet. Atterrés, ils réalisaient l’absence de moyens qui étaient la leur. Devant cette armée ennemie considérable, existait-il d’autres solutions que périr ? Ce constat établi, il demeurait hors de question de se rendre sans se battre et Sérain imposa sa détermination :
— Bon… Soyons honnêtes, notre situation, guère enviable, ne doit certainement pas nous inciter à baisser les bras ! Seuls, une victoire semble tout bonnement impossible, alors à nous de renforcer notre défense en constituant des alliances avec les pays qui nous entourent. Nous pourrons ainsi présenter un front commun de résistance. Nous avons bien gagné il y a vingt ans contre les excellents combattants hagans et nous recommencerons demain contre Césarus !
Personne n’osa une objection. Pourtant, chacun savait qu’aussi fiers et déterminés que fussent les Hagans, ils ne dépassaient pas en nombre les quelques dizaines de milliers…
— Pour une meilleure efficacité, nous allons établir des missions séparées. Hubert, tu te charges de la Wallanie. Je te donne carte blanche pour les négociations. Avelin, ton hagan ?
— Je progresse, mais pas encore assez pour partir, répondit-il, la mort dans l’âme.
Aila fut triste pour lui, tous ses efforts entrepris n’avaient pas encore payé…
— Très bien. Adrien et Aila, je vous confie la mission en Hagan. Orian et Tristan, vous irez en Épicral. Quant à moi, je laisse la maison à Eustache et direction le Faraday avec Avelin et Aubin.
— Inutile, coupa soudainement Aila.
Alors que tous les regards se braquaient vers elle, elle resta impassible comme perdue dans un songe.
— J’ai la conviction que le roi Constantin vous trahira dès que vous lui tournerez le dos. Je vous conseillerais plutôt l’Estanque.
— Bon, si vous le dites. Et pour le Faraday ?
— Aucune inquiétude, ils seront rangés à vos côtés pour la grande bataille en Wallanie.
— Aila, vous avez une vision ?…
Elle cligna des yeux comme si elle émergeait d’un rêve éveillé. Elle releva la tête et remarqua tous les regards qui convergeaient vers elle, encore une fois. Elle y lisait la curiosité ou la préoccupation, ou rien, comme trop souvent dans celui d’Hubert à nouveau hermétique à toute lecture de ses pensées…
— Non… Je ne sais pas. Ce n’est pas comme ma vision en Hagan… Ce sont comme des réponses qui émergent spontanément dans ma tête, puis de ma bouche. Je dois vous les transmettre, c’est tout.
— Et ce ne sont pas les fées si je me souviens bien.
— Exact, elles ne devinent rien de l’avenir.
— Alors, maintenant au boulot ! Pour commencer, je vous ordonne d’avertir nos vétérans et de les mettre en charge de créer une nouvelle armée. Eustache, envoyez un message à Barou et Bonneau ainsi qu’à tous ceux que vous connaissez, les notifiant leur rappel à la cour dans ce but ? Qu’ils prennent le temps de diffuser cette information et de convoquer tous ceux, hommes ou femmes, qui voudront se battre pour leur royaume. Dès demain, nous dépêcherons des hérauts répandre l’information dans tout le pays. Je compte sur vous, mon cher Eustache, pour tourner cela avec lyrisme et efficacité. Des questions ? Non, très bien. Avelin, Adrien et Aila, reposez-vous, vous avez dû bien peu dormir ces dernières nuits et j’ai besoin de gens en forme pour partir au plus tôt.

Aucun d’eux ne se fit prier et ils regagnèrent leur chambre et leur lit avec plaisir. Aila ne prit même pas la peine de se déshabiller, elle ôta juste ses chaussures et bascula sur sa couette pour s’endormir en un instant, effleurant de justesse le livre des fées. Parvenue dans leur jardin, elle attendit la venue d’Amylis. Quand Aila ne se présentait pas aux heures habituelles, cela durait toujours plus longtemps. Heureusement, ce fut bref et elle vit apparaître son amie au loin, repérant la traînée dorée qu’elle diffusait dans l’air.
— Bonjour, Aila. Je lis sur ton visage la fatigue que tu ressens… Allons rejoindre Errys, elle te soulagera.
— Amylis, ce n’est rien. Je vous apporte des nouvelles tellement graves du monde des hommes.
— Nous les connaissons déjà, Aila. Tu les as naturellement partagées avec nous et toutes mes sœurs sont au courant.
— Je suis la seule à utiliser vos pouvoirs et ils ne suffiront pas pour contrer un empereur aussi puissant que ce Césarus !
— Nous en sommes conscientes sans savoir comment t’aider davantage. Notre mission consiste à protéger la vie et non à donner la mort. Notre magie est parvenue à ses limites en tuant cet être malfaisant au fond de l’eau, mais agir sur d’autres hommes, même vos ennemis, quelque maléfiques qu’ils soient, s’avère impossible…
— Je m’en doute, Amylis, et je ne vous le demande pas. J’ai juste besoin de comprendre comment je peux davantage aider Avotour…
Errys arriva sur ces derniers mots.
— Viens, Aila, allonge-toi, je vais te soulager pendant que tu poursuivras ta conversation avec Amylis.
— Et puis, toutes ces réponses qui surgissent dans ma tête. Savez-vous d’où viennent ces voix que j’entends ?
— Elles proviennent manifestement de l’Oracle qui t’appelle. De toutes les possibilités que nous avons envisagées, celle-ci nous paraît la plus crédible.
— Mais pourquoi m’appelle-t-il ?
Amylis soupira. Tout d’un coup, la fée sembla bien trop frêle et fragile à Aila, comme si elle allait disparaître dans un souffle… Puis l’impression s’effaça.
— Peut-être celui ou celle qui l’héberge va-t-il mourir ou céder sa place, et dans ce cas il cherche un autre être pour l’accueillir et il t’a choisie.
— Mais pourquoi moi ?
— Nous l’ignorons.
— Et si je deviens Oracle, que deviendra ma vie ?
— De ce que nous savons, tu cesseras d’être Aila Grand pour te transformer en cet Oracle et tu n’auras plus jamais d’existence propre. Nous ne pourrons plus partager nos pouvoirs avec toi, ni te voir. En revanche, ta puissance augmentera et dépassera celle que tu détiens aujourd’hui avec notre magie. Tu perdras le don de guérir au bénéfice de la capacité de tuer. Tu multiplieras ta force pour battre n’importe qui, même un sorcier, et exécuter autant d’hommes que tu voudras…
— Vous saviez donc que les sorciers existaient ? s’exclama-t-elle, laissant deviner un soupçon de reproche.
Amylis hocha la tête. Peut-être à cause de la fatigue qu’elle ressentait encore, Aila eut envie de pleurer, mais la chaleureuse présence d’Errys à ses côtés la soulageait lentement. Elle n’effaçait rien de la réalité, elle la rendait juste plus supportable.
— Je suis sincèrement navrée, Aila.
— Est-il possible d’échapper à son appel ?
— Non, un Oracle est souverain. Tu ne pourras pas t’y soustraire s’il t’a désignée.
Aila ferma les yeux. Elle appréciait le mouvement doux des mains d’Errys sur ses tempes qui jugulaient avec application la montée d’une migraine insidieuse.
— C’est finalement mon destin de ne pas exister, de toujours subir la domination de quelqu’un ou quelque chose…, murmura-t-elle.
Malgré elle, les larmes se mirent à couler doucement sur ses joues. Elle sentit la main d’Errys serrer la sienne avec ferveur et ce fut cette dernière qui répondit à ses craintes :
— Ne te sous-estime pas, Aila. Même un Oracle ne te fera pas plier à sa guise, je peux te le promettre. Tu as appris plus vite que la plupart des fées que j’ai connues. Je ne parle pas de ta formation accélérée, mais de ta vitesse d’assimilation et de réutilisation qui dépasse celle du commun des fées, alors, pour un simple être humain, cela tient du prodige. Je suis persuadée que l’Oracle ne te tiendra pas totalement sous son emprise. Crois-moi, avec ta personnalité débordante, il ne te gardera que le temps dont il aura absolument besoin de toi ! Tu lui feras le même effet qu’à sire Hubert !
Elle libéra un joli rire cristallin avant de s’arrêter, confuse, devant la mine déconfite d’Aila. Son sourire s’évanouit.
— Si je t’ai blessée, je te présente toutes mes excuses. Je ne pensais pas… Tes sentiments pour lui sont si évidents que…
Voir Errys s’emberlificoter dans des explications maladroites fut un véritable bienfait pour Aila qui se mit à rire, elle aussi, avec un peu de retard.
— Aucun souci, Errys. Il va se marier bientôt et moi, je serai exclue de toute forme d’amour, donc cela tombe bien, finalement. Je renonce à tout. Mon cœur s’enfermera doucement dans un cocon d’inaccessibilité et n’en sortira plus jamais. Ce sera ma vie dorénavant et je l’accepte.
Rassurée, Errys se détendit.
— Aila, quand tu guéris les gens, tu partages nos pouvoirs, c’est vrai, mais tu donnes davantage. Cela explique la grande fatigue que tu ressens. Tu inondes les hommes d’amour, de ton amour, de cette capacité infinie que tu as d’aimer. Cette force gigantesque ne provient que de toi… Tu es un être merveilleux et je te suis toute dévouée. Et puis, ne renonce pas à l’amour trop vite, il peut emprunter des chemins inimaginables.
Les paroles de la fée Mère touchèrent Aila, au plus profond de son cœur.
— Merci, Errys, je me sens beaucoup mieux. Je vais retourner dormir. Bientôt, je pars en Hagan et j’ignore quand je viendrai vous revoir.
— À présent, tu profites de presque tous nos pouvoirs, Aila. Reviens une dernière fois si l’occasion se présente et si ce n’est pas le cas, n’insiste pas. Je te crois capable d’imaginer ce que nous n’avons pas encore partagé avec toi et de le réaliser. Je me demande, d’ailleurs, si tu as toujours besoin de nous, termina Amylis avec un sourire.
— Mais si ! Comment pourrai-je me passer de mes amies ? répliqua-t-elle. Et puis je vous promets à toutes que je ne vous abandonnerai pas ! Je suppose que…
— Nous le savons, Aila, mais tu n’auras vraisemblablement pas le choix. L’Oracle va protéger son investissement et nous éloigner de toi…
Elle se sentit emplie d’une tristesse amère. Elle étreignit ses amies les fées avec force, puis Errys se mit à plaisanter, dispersant ce qu’elle pouvait de gaîté autour d’elle. Aila les quitta, le cœur lourd, et retourna dormir jusqu’au petit matin…


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