✒ La revue 5★ de Client Amazon : « Une Vie, voire Deux… » sur Une Vie, voire Deux

La revue 5★ de Client Amazon : « Une Vie, voire Deux… »
tome 6 - Une Vie, voire Deux

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

La revue 5★ de Client Amazon :

« Une Vie, voire Deux… »

Un tome quelque peu surprenant, puisque l'on ne peut s’empêcher de chercher les parallèles et les liens qui unissent les différentes parties de l'univers créé par Catherine Boullery et un acte final qui nous laisse dans l'attente… Vivement la suite, l'attente sera longue !
(Source : )

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Une Vie, voire Deux
de

aux Éditions UPblisher
Paru le
Environ 596 pages
Prix : 5,99  en toujours disponible
  → ISBN : 978-2-7599-0244-6 en

 
et aussi :
✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0243-9 en

✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0245-3 pour

✯ Distributeur : Amazon
  → ISBN : 978-2-7599-0321-4 en pour ceux qui aiment (14,99  €)

✯ Diffuseur : Amazon
  → ASIN : B072JN3N98 pour

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Il paraissait si persuadé qu’Aila se sentit encore plus ébranlée.
— Hamelin, Aubin est mon frère. Si je suis une descendante de ce couple mixte, lui aussi, puisque nous avons les mêmes parents.
Interloqué, Hamelin haussa un sourcil :
— Par les fées, tu as raison. Pourquoi n’ai-je donc jamais envisagé cette possibilité-là ? Je dois le voir aussi. Envoie-le-moi que j’aie le temps de tester sa réaction vis-à-vis du livre, puis de te le rendre avant ton départ.
— Vous voulez vraiment que je le prenne ? Vous êtes sûr ?
— Aila, si Aubin ne réagit pas comme toi à cet ouvrage, tu seras seule pour les secourir…

Elle tapota nerveusement la table. Sans en comprendre les raisons, tout la contrariait. Voilà maintenant qu’Hamelin voulait qu’elle endossât une nouvelle panoplie, celle d’intermédiaire potentiel avec les fées, qu’elle n’assumait absolument pas. Elle avait déjà choisi son rôle : combattante ! Elle n’eut plus qu’une envie, celle de tourner les talons et ne plus en entendre parler. Ensuite, elle pensa à Barou. Lui aussi s’était détourné de ce qui le dérangeait : elle. Lui ressemblait-elle plus qu’elle ne l’aurait souhaité ? Dans le même temps, une forme de curiosité s’insinuait : elle ressentait comme un manque qu’elle n’arrivait pas non plus à comprendre. Cette petite fée entraperçue l’avait touchée au fond de son âme, la laissant en attente de quelque chose, mais de quoi ? Elle se sentait complètement déstabilisée. Dire que deux jours auparavant, elle ne souffrait que de l’attitude de Barou ! Finalement, elle ne connaissait pas la simplicité de son existence à cette époque ! Mais, d’un autre côté, elle n’avait aucune envie de revenir en arrière. Elle n’avait jamais vécu vraiment seule, mais aujourd’hui, elle appartenait à un vrai groupe qui reconnaissait sa valeur. Enfin, elle existait ! Bon d’accord, sa vie offrira peut-être plus de complexité qu’elle ne le désirait. Mais, coûte que coûte, elle continuerait d’avancer, même avec des fées à ses côtés !

En redescendant de la chambre d’Hamelin, Aila déposa un message sur le lit d’Aubin, l’informant que le mage souhaitait le rencontrer au plus vite, puis rejoignit les appartements de dame Mélinda.
La châtelaine était sur le point de partir quand Aila arriva. Elle fit prévenir ses enfants de son retard par une servante qui passait et reçut la jeune fille.
— Alors, tu nous quittes ? Comme tu vas me manquer… Tu étais le garçon manqué de ma petite famille !
Aila éclata de rire.
— Pourtant, vous avez bien assez de filles comme cela ! Amandine, Blandine et Estelle compenseront largement mon absence !
— Je préférerais quand même que Jean, notre seul fils, te prenne comme modèle plutôt qu’elles !
Elles s’esclaffèrent ensemble.
— Vous allez tellement me manquer ! Vous avez été l’unique femme de mon entourage, dame Mélinda. Vous m’avez guidée quand j’ai grandi, alors que Bonneau se sentait plus que maladroit pour m’expliquer les transformations de mon corps. Et puis, comment vais-je me débrouiller pour vivre au milieu de tous ces hommes ? demanda Aila en rougissant.
— Je l’ignore. Je suppose qu’une partie de ta pudeur disparaîtra avec la leur, progressivement, d’abord dans la gêne, puis le naturel reviendra. Cela passe par la connaissance de l’intimité de l’autre. Je sais que, dans ton cœur, malgré ton corps de femme, il existe toujours une petite fille qui n’a pas pris conscience de son pouvoir de séduction… Là-dessus, mes autres filles, même la dernière, ont pris de l’avance sur toi !
— C’est légitime pour Amandine, elle a dix-neuf ans !
— Et elle vient de recevoir sa première demande en mariage !
— De qui ?
— De la part de Barnais d’Escarfe.
— Ah ! non ! Pas lui ! s’exclama Aila.
— Et pourquoi donc ? C’est un bel homme, séduisant et intelligent, héritier d’un très grand comté, un parti magnifique pour Amandine…
Aila se souvint à temps qu’elle devait taire les raisons réelles de son opposition et chercha comment convaincre dame Mélinda sans trop en dire :
— Adam Meille m’en a parlé. Ils ont été élevés ensemble ou presque. Une fois sa réputation de coureur de jupons dissimulée derrière sa façade angélique, je devine l’homme égoïste et insensible. Dame Mélinda, il ne saurait pas rendre Amandine heureuse !
La châtelaine l’écoutait attentivement. Elle reprit :
— Rationnellement, je ne pouvais souhaiter une meilleure union pour mon aînée que celle-ci, mais tout ce que tu me dis réveille en moi les réticences que j’ai ressenties en sa présence. Toutefois, Elieu et Amandine sont ravis de cette opportunité. Je ne peux m’opposer à mon époux sur de simples impressions…
— Et si je vous en rapportais la preuve ? Je gagne Escarfe avec sire Hubert. Peut-être…
— Tu pars pour Escarfe, pourquoi et quand ? la coupa dame Mélinda.
— Ces missions d’entraînement permettront aux représentants de la famille royale de nous tester sur le terrain. Nous nous mettons en marche à l’aube.
— Demain, déjà… je l’ignorais.
Dame Mélinda tendit ses bras vers Aila qui s’y réfugia. Une nouvelle fois, elle essaya de graver dans sa mémoire le souvenir de cette femme qu’elle aimait particulièrement : son parfum, ses traits et la douceur de sa voix, comme si elle la voyait pour la dernière fois… La châtelaine s’écarta avec gentillesse, puis se dirigea vers un coffret dans lequel elle saisit une petite boîte.
— Ta vie différera de celle de toutes les femmes qui se marient, puis élèvent des enfants. Voici des feuilles d’Herbère ; c’est une plante rare, très rare, aux vertus très particulières. Si jamais, enfin, si, avec un garçon, enfin, plutôt un homme…
Pour la première fois, Aila voyait dame Mélinda rougir et s’embrouiller avant qu’elle se reprît.
— Si jamais tu te mets dans les conditions que je t’ai déjà expliquées et qui permettent de concevoir, tu mâches une feuille quelques minutes, puis la gardes sous ta langue pendant une demi-journée pour t’empêcher de concevoir un bébé.
Ce fut au tour d’Aila d’afficher une teinte écarlate, mal à l’aise dans ce genre de situations qu’elle évitait d’imaginer.
— Tu vas te retrouver la seule fille au milieu d’hommes, tous séduisants, ce sont des choses qui peuvent arriver.
« Pas à moi… », se répéta Aila.
— Merci, dame Mélinda. Je les garderai précieusement.
— Et ceci te revient aussi : un pendentif que ta mère a sculpté. Tu pourras le mettre sur la lanière de cuir que tu portes autour de ton cou. Je n’ai jamais su ce qu’il représentait, mais il est si joli, dit-elle, en le caressant doucement de ses doigts fins.
« Une fée ! », pensa Aila. Elle ignora d’où lui venait cette certitude, mais c’était une fée, juste ébauchée peut-être, mais une toute petite comme celle qu’elle avait entrevue.
Elle défit sa lanière et fit coulisser le pendentif dessus avant de la rattacher sur sa nuque.
— C’est vraiment magnifique. Maman vous l’avait-elle donné pour moi ?
— Non, elle me l’avait offert par amitié. Elle m’avait dit que si, un jour, elle avait une fille, elle lui en réaliserait un aussi. Alors, chacune son tour ! J’en ai profité plus de vingt ans, maintenant, il t’appartient. Je l’ai tellement regardé que je le connais par cœur ! Même si tu l’emportes, je le garderai comme s’il était encore là. Et puis cela me fournira l’occasion de veiller sur toi en même temps que ta maman…
— Merci du fond du cœur.
— Je voudrais pouvoir te dire : tu m’écriras, tu me donneras de tes nouvelles. Seulement, je me doute que cela se révélera impossible. Je penserai à toi…
— Et moi, je ne vous oublierai pas, c’est promis !
Elles s’enlacèrent à nouveau, s’étreignant vivement. Aila refoula les larmes qui lui venaient aux yeux. Elle avait déjà perdu une maman et voici qu’elle abandonnait la seconde… Était-ce plus difficile que de s’éloigner de Bonneau ? Non, le plus terrible constituait à tourner le dos à tout ce qui avait composé son existence jusqu’à présent, à cette sécurité qu’elle connaissait pour partir vers un monde inconnu, privée de ceux qu’elle aimait. Elle rassembla tout son courage pour offrir à dame Mélinda un visage serein et souriant, alors que la douleur lui étreignait le cœur. Elle aurait tant voulu lui dire à quel point elle était la plus belle personne qui eût croisé sa vie, une source inépuisable de générosité et de bienveillance, mais les mots lui manquaient. Elle essaya de faire passer par son regard tous les sentiments que ses lèvres refusaient d’exprimer. Dame Mélinda déposa un baiser plein de douceur sur le front d’Aila avant de la laisser partir. Elles se saluèrent d’un petit geste, puis la porte se referma.

Redescendant vers la salle du conseil pour ranger les feuilles offertes par dame Mélinda dans sa ceinture, Aila y rencontra Aubin qui l’attendait.
— Où étais-tu passée ? demanda-t-il. J’ai vu ton mot. Je suis allé rendre visite à Hamelin qui s’est contenté de me donner deux livres pour toi en m’indiquant expressément de ne pas les quitter avant de te les avoir remis en mains propres et depuis, je te cherche !
— Désolée, Aubin, je disais adieu à dame Mélinda.
— Tiens, voici les ouvrages. Celui-ci est particulièrement beau, dit-il, en montrant celui sur la magie des fées, mais il est écrit dans une langue que je ne comprends pas. Tu pourras confirmer à Hamelin que j’ai rempli mon contrat !
— Merci, Aubin, tu es un ange…
Et, sans réfléchir, elle l’embrassa sur la joue. Elle fut aussi surprise que lui de son geste.
— Excuse-moi, dame Mélinda a déteint sur moi ! s’exclama-t-elle.
— Oh ! pas grave. C’était plutôt agréable, même si je n’ai pas trop l’habitude…
— Comment cela, mon cher frère ? Avec ta mine attirante, tu n’as pas encore trouvé une amoureuse pour te bécoter avec avidité à l’ombre d’un pommier ?
Gêné, Aubin se tortilla :
— Ben non ! J’aurai bien le loisir de me coller une enquiquineuse, un de ces jours. Et toi qui en parles si vrai, je ne t’ai jamais vue en compagnie d’un galant !
— Comme si je pouvais consacrer mon temps à ces enfantillages… Vraiment, Aubin, à quoi tu penses ! L’heure du dîner approche, je pars saluer les filles de dame Mélinda et te rejoins au réfectoire.
— D’accord, à tout à l’heure, s’exclama Aubin, en quittant la pièce.

Les livres dans la main, elle se retrouva seule et songeuse. Aubin avait échoué, il n’avait pas senti l’appel de la couverture, alors elle le garderait. Elle le caressa doucement, résistant au désir de retourner dans le paysage qu’il lui déroulait. Puis elle avisa le deuxième ouvrage et poussa un cri de joie. Hamelin lui avait offert son recueil préféré sur les plantes et les onguents ! Elle l’avait dévoré une bonne dizaine de fois, cherchant à mémoriser tous les ingrédients et toutes les recettes, mais sa tête n’y suffisait pas… Elle rangea soigneusement ses livres et sa boîte, vérifia à nouveau qu’elle n’avait rien oublié, puis se rua dans l’escalier qui menait à la chambre du mage. Elle frappa et y entra sans attendre l’autorisation. Hamelin, ébahi, contempla la tornade qui s’approchait de lui à pas vifs. Aila l’embrassa avec douceur — décidément, c’était sa journée bisou — et, le regardant droit dans les yeux, elle lui murmura :
— Je te le promets, Hamelin, je ne te décevrai pas.
Puis elle se retira comme elle était venue, dévalant les escaliers pour rejoindre les chambres des filles de dame Mélinda, leur cœur étrangement heureux. Elle s’aperçut avec retard qu’elle avait tutoyé Hamelin pour la première fois de sa vie.

Aila essaya discrètement de prévenir Amandine de l’attitude de Barnais. Trop tard, cette dernière était tombée sous le charme et parlait de son futur mari avec une moue amoureuse. Peut-être Adam avait-il exagéré, après tout, mais elle en doutait ; sa mise en garde avait fusé malgré elle… Si chacun des adieux qu’elle avait faits jusqu’à présent lui avait paru cruel, petit à petit, ils se révélaient moins douloureux. Elle finissait probablement par s’habituer à partir, à moins que ce ne fût l’idée même du départ qui devenait irréelle. Elle décida, avant de rejoindre le réfectoire, d’aller dire au revoir à sire Elieu. Elle le trouva dans son bureau, occupé à rééquilibrer ses comptes, le front plissé de rides qui dévoilaient son inquiétude.
— Je venais vous saluer avant mon expédition.
Levant brièvement les yeux, il esquissa un sourire :
— C’est très gentil, mon petit, je te souhaite bonne route.
Puis il retourna dans ses papiers. Elle ne fut guère surprise de son attitude qui, tout en ressemblant à de l’indifférence, n’en était pas. C’était sa façon de vivre, il se comportait ainsi même avec ses enfants, ses filles en particulier. Sous la pression de sa femme qui lui rappelait sans cesse l’importance du père pour un garçon, il passait un peu plus de temps avec son fils. Cependant, en dépit de tous ses efforts, il le voyait peu et brièvement. Aila savait que dame Mélinda en avait pris son parti. Sire Elieu était un homme bon, mais très accaparé !

Repassant rapidement devant la salle des conseils, elle s’aperçut que, cette fois, tous les lits étaient occupés, les huit ! Plus de doute possible, ils ne servaient pas que de chaises ! Cela ne pouvait avoir qu’une seule signification : les trois représentants de la famille royale allaient dormir avec eux ! Ils avaient bien omis de préciser ce détail et, en fourbes, ils avaient installé leurs affaires, présumant que tout le monde était déjà attablé au réfectoire ! Aila se sentit profondément vexée par cette attitude qu’elle considéra comme malhonnête et la colère pointa le bout de son nez. Mais elle ne les laisserait pas s’en sortir si facilement ! Dissimulant son ressentiment, elle arriva au réfectoire comme si de rien n’était, racontant sa journée, participant à l’animation générale, cherchant dans le même temps comment elle allait pouvoir les prendre à leur propre jeu, l’air de rien… Vers la fin du repas, ne trouvant rien de mieux, elle lança ingénument :
— Alors, messires les princes et mage royal, comment envisagez-vous votre prochaine cohabitation avec chacun d’entre nous ?
Avec une satisfaction qu’elle masqua, elle repéra les coups d’œil rapides qu’ils se jetèrent. Tiens, la complicité des deux frères s’était ravivée.
— C’est vrai, vous nous mettez en situation d’apprendre à vivre ensemble. J’approuve cette excellente idée, mais où vous situez-vous dans cette démarche ?
Elle capta le mouvement d’Aubin sur sa gauche qui, d’un coup, devenait beaucoup plus attentif. Il la connaissait trop bien pour prendre ses paroles à la légère, alors, sans savoir très précisément où elle voulait en arriver, il tenta le coup.
— Ben oui, puisque vous faites partie du groupe, venez donc dormir avec nous ! Qu’en pensez-vous, les amis ?
Tous approuvèrent à grand renfort de commentaires, tandis qu’Aila exultait secrètement.
« Aubin, tu es un chef ! pensa-t-elle. Si tu savais à quel point tu viens de mettre les pieds dans le plat ! »
Aila, l’air candide, les observait, attendant la réponse qu’ils allaient donner. Ce fut Hubert qui se jeta à l’eau :
— C’est effectivement une idée excellente que nous venions d’envisager juste avant le repas. Aussi avons-nous sollicité des serviteurs du château pour déplacer nos affaires dans la salle de réunion.
Son explication fut acclamée par tous, ponctuée de commentaires divers et variés, dont l’excellent de Pardon : « Et vous attendiez quoi pour nous l’annoncer ! » Aila participait avec autant d’enthousiasme que les autres, remarquant le regard pénétrant d’Orian posé sur elle, guère dupe de son attitude innocente. Tant pis, elle s’était bien amusée à gâcher leur effet de surprise. Elle ignorait ce qu’ils escomptaient exactement, mais ils ne l’auraient pas ce soir !

Le repas se terminait et, peu à peu, les convives quittaient la table. À la fin, Aila se retrouva en tête à tête avec Hubert qu’elle salua, désirant partir elle aussi, mais il la retint par le bras et lui dit sèchement :
— Restez donc et expliquez-moi ce petit jeu avec vos camarades.
— Quel petit jeu, sire ? Questionna-t-elle, les sourcils froncés.
— Ne me prenez pas pour plus bête que je ne le suis ! s’exclama le prince à ton mesuré.
N’étant pas tout à fait seuls dans la pièce, Hubert optait pour une discrétion relative. Elle pinça ses lèvres et répliqua :
— Pour votre information, sire Hubert, il n’y a eu aucun, comment avez-vous dit déjà, petit jeu entre mes camarades et moi-même. C’est la pure vérité et si vous ne me croyez pas, demandez donc à mes petits camarades, ils vous le confirmeront ! Et comme je ne vous prends pas pour plus bête que vous êtes, j’apprécierais, sire, que vous en fassiez de même pour moi !
Sur ce, elle partit à grands pas désarmer sa colère dehors, laissant Hubert quelque peu décontenancé par sa tirade.

À l’extérieur du bâtiment, Aila inspira et expira de nombreuses fois, cherchant à reprendre son calme. Elle regarda les étoiles scintiller dans la nuit, tombée depuis longtemps. Elle n’avait jamais voyagé plus loin que les comtés voisins, les ciels nocturnes se ressemblaient-ils partout ? Elle songea à Bonneau, se disant qu’elle avait le temps de lui rendre une dernière visite, avant de regagner la chambre du conseil. Puis, elle renonça. C’était sa dernière nuit au château et cette pensée l’attrista. La huitième cloche allait bientôt sonner, elle retourna vers la porte.

Les sept hommes s’affairaient quand elle entra. Quelques mouvements gênés parmi ceux qui n’avaient pas fini de se rhabiller indiquèrent l’embarras qu’elle suscitait, mais elle passa, la tête droite, sans un coup d’œil pour personne, ignorant la vue d’un torse ou d’une paire de fesses vaguement dénudées. Puis, comme si elle était seule dans la pièce, elle ôta son gilet, puis son corsage, dévoilant son buste nu avant d’enfiler rapidement sa grande chemise pour la nuit. Elle termina en retirant son pantalon, se coucha, tournée vers le mur pour que personne ne puisse repérer les larmes qui coulaient sur ses joues. Depuis qu’elle avait grandi, même Bonneau ne l’avait pas vue dévêtue et, ce soir, elle s’était offerte au regard de sept hommes dont son frère, deux fils du roi et le mage royal. « Bon début », soupira-t-elle…
Le sommeil finit par l’emporter sur le chagrin et, dans ses brumes, apparut le visage d’une petite fée, toute petite et dorée qui lui parlait sans qu’aucun mot lui parvînt. Aila tendit l’oreille, puis tout s’effaça. Elle dormait.


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