✒ L'opinion 2★ de Gigou Odette : « fin de la saga assez insipide » sur L'Ultime Renoncement

L'opinion 2★ de Gigou Odette : « fin de la saga assez insipide »
tome 8 - L'Ultime Renoncement

La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

L'opinion 2★ de Gigou Odette :

« fin de la saga assez insipide »

légèrement mieux que celui d'avant mais on ne retrouve pas la verve des premiers. apparemment l'auteur tourne en rond et est arrivée au bout pour cette histoire. le Phénix ne renait pas de ses cendres pour le coup.
(Source : )

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L'Ultime Renoncement
de

aux Éditions UPblisher
Paru le
Environ 734 pages
Prix : 5,99  en toujours disponible
  → ISBN : 978-2-7599-0274-3 en

 
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✯ Éditeur : UPblisher
  → ISBN : 978-2-7599-0273-6 en

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Émergeant lentement d’un sommeil à peine réparateur, Aila s’étira doucement. Meurtrie, chaque mouvement de ses muscles réveillait la douleur de son corps contracté, comme si soigner ces enfants avait été un combat titanesque qui l’avait laissée broyée. La chaleur d’un petit être contre le sien ramena son esprit vers le bébé qui somnolait près d’elle. Elle décida de s’en occuper tout de suite. Desserrant l’ourère, elle posa le nourrisson sur le lit. Contrôlant rapidement l’état général de la fillette, elle nota l’absence de fièvre. De plus, l’examen intérieur ne révéla rien de plus : l’enfant avait guéri tout seul. Cette amélioration subite répondait à ses interrogations sur la présence du nouveau-né au milieu des malades plus âgés. Il avait obligatoirement contracté quelque chose, mais dont la nature différait totalement de celle de la petite tribu. Adrien rentra sous la tente, un plateau entre les mains.
— Bonjour, Aila, comment vas-tu ? Affamée, j’espère ?
— J’ai vieilli de soixante ans en un seul après-midi, sinon tout va bien. Eh oui ! pour une fois, j’ai faim ! Voici une petiote que tu peux rendre à sa maman, car je la sens sur le point de se réveiller et de clamer son appétit.
— Donne-la-moi. Je la ramène à Astria.
La fillette atterrit dans les bras d’Adrien qui s’en empara avec un naturel déconcertant.
— J’ignorais que les bébés ne recelaient aucun secret pour toi, nota Aila, surprise.
— Tu oublies que j’ai eu une sœur… Hubert n’avait jamais le temps, Avelin ne faisait que jouer avec elle, alors, quand ma mère était occupée, je la récupérais régulièrement.
— La reine ne disposait-elle donc pas de nourrices pour veiller sur elle ?
— Si, mais elle préférait que ce soit l’un d’entre nous… Ainsi, cela restait dans la famille !
Le bébé dans les bras, il quitta la tente, laissant Aila avaler le repas apporté par le prince : quelques galettes craquantes et un bol de baies. Rassasiée, elle se sentit ragaillardie, même si la fatigue occasionnée par les guérisons ne s’était pas totalement estompée. Malheureusement, la tâche demeurait inachevée, elle devait tuer l’origine du mal et, pour y parvenir, elle devait interroger les enfants. Prenant son courage à deux mains pour surmonter les tiraillements de son corps, elle saisit son kenda et plongea en lui à la recherche d’une énergie nouvelle. Elle frissonna de plaisir lorsqu’elle perçut un battement à l’unisson de celui de son cœur. Jamais elle n’avait autant apprécié cette fusion totale qui était la leur : elle revivait avec lui à ses côtés, se sentant plus forte et plus lucide. Elle se redressa avec souplesse et sortit de la tente alors qu’Adrien revenait avec Quéra. Le chef hagan s’inclina devant elle.
— Chamane guerrière, je vous remercie d’avoir sauvé mes enfants ainsi que ceux de toute ma tribu. Que pouvons-nous faire pour vous maintenant ?
— Il faut que je leur parle et que je découvre où ils sont allés sans les petits ni les adultes. Connaissez-vous bien ce plateau ou est-ce la première fois que vous y venez ?
— Nous séjournons ici régulièrement et, jusqu’à présent, nous n’avions jamais rencontré de problèmes. Quel mal ont-ils attrapé ?
— Quéra, ils n’ont pas contracté de maladie… Néanmoins, si je vous le disais maintenant, malgré tout le respect que vous me devez, vous ne me croiriez pas, donc, un peu de patience et je vous montrerai votre nouvel ennemi. Allons interroger les enfants.

Quand ils franchirent l’entrée de la tente, seul un petit garçon était réveillé. Il tourna vers les arrivants ses grands yeux noirs dans lesquels s’affichait une nuance de curiosité.
— Posez-lui les questions vous-même, je ne voudrais pas l’effrayer, il est encore très faible, murmura Aila à Quéra.
Celui-ci s’exécuta de bonne grâce.
— Atopi, où tes amis et toi avez-vous été jouer ces derniers jours ?
L’enfant lança un regard apeuré vers Quéra. Il baissa la tête avant de marmonner :
— Au lieu sacré…
Le chef de la tribu Appa blêmit et, d’un coup d’œil vers Aila, il lui signala de le rejoindre à l’extérieur immédiatement. À peine un pied dehors, il se retrouva sous le feu des questions d’Aila.
— Quéra, où est-ce ? D’autres personnes s’y sont-elles rendues ? Qui et combien ?
Cependant, l’homme, les sourcils froncés, restait muet.
— Quéra ! J’ai besoin de réponses !
Il se décida enfin à parler.
— Topéca, à la tombée du jour, nous célébrons la fête de nos Esprits au lieu sacré. Certaines de nos femmes sont déjà parties à pied pour la préparer.
— Quéra ! Il faut faire vite, nous avons à peine le temps de les sauver ! Prenons des chevaux !
— Non ! C’est interdit ce soir-là ! protesta-t-il.
Elle le toisa sans complaisance.
— Maintenant, c’est permis ! répliqua-t-elle fermement. Alors, à cheval !
Le chef n’hésita plus. Il interpella quelques hommes dont les montures étaient encore sellées, et Aila, pour une fois, ne chevaucha pas Lumière. Ils s’élancèrent au plus vite sous les regards abasourdis de la tribu dont les coutumes étaient ainsi piétinées par leur chef.

Le groupe dut rapidement ralentir sur le chemin étroit, maintenant l’allure la plus vive qu’ils pouvaient pour ne pas arriver trop tard. Quéra avançait, désespéré du tournant que prenait son existence. Lui et ses hommes profanaient des rites anciens et immuables en toute connaissance de cause. Leur serait-il pardonné d’être devenus sacrilèges ? Se préoccuper de lui-même était-il essentiel alors que la plupart des maaris de sa tribu risquaient leur vie ainsi que leurs filles ? Soudain, il fut certain que les Esprits l’excuseraient pour cette violation. Si ces derniers avaient manifestement permis de sauver tous leurs enfants, jamais ils ne sacrifieraient leurs mères !

Le cœur d’Aila s’emballait. Ils progressaient trop lentement et elle espérait de toute son âme qu’ils rejoindraient le groupe à temps. De plus, elle se demandait comment, avec le peu d’énergie qu’elle avait reconstitué, elle pourrait guérir une nouvelle fois. Enfin, si elle arrivait à détruire l’être abject qui se cachait derrière ces maléfices, ce serait déjà un bon début…
Soucieux de les prévenir, Quéra appelait sans cesse les femmes et, jusqu’à présent, aucune ne répondait. Ils continuaient de grimper vers le sanctuaire, presque au pas sur la sente minuscule et abrupte. Finalement, quand ils parvinrent au sommet, leur vue se dégagea et ils les aperçurent dans le vallon, sur le bas du chemin, presque à destination. La voix d’Aila s’éleva dans les montagnes, claire et forte :
— Arrêtez-vous ! C’est un ordre !
Les femmes se figèrent, leurs yeux se tournant vers celle qui brisait leur recueillement, et découvrirent le groupe de cavaliers parmi lesquels Quéra était bien visible. Laissant une poignée d’hommes barrer l’accès au sanctuaire, le chef de clan talonna sa monture, suivi d’Aila et Adrien dans le but de rejoindre celles qui attendaient en contrebas. À peine parvenus à leur hauteur, l’une d’elles, furieuse, s’avança vers lui :
— Comment toi, notre chef, oses-tu profaner notre lieu de prière ?
Ce ne fut pas Quéra qui répondit, mais Aila, se plaçant devant lui.
— Il n’avait pas le choix. Les enfants tombés malades sont venus ici malgré votre interdiction. Si vous suivez le même chemin qu’eux, sans réfléchir, votre entêtement impliquera votre mort, laissant ainsi époux et progéniture bien seuls. Je n’aurai plus assez de force pour vous guérir toutes.
Un léger murmure de contestation s’éleva parmi les femmes avant de s’atténuer. Aila poursuivit :
— Désormais, éloignez-vous de la source du mal. Remontez auprès des hommes qui nous ont accompagnés et observez. Vous pourrez ensuite témoigner des faits qui vont se dérouler ici et maintenant.
Les Haganes restèrent un instant immobiles, leurs yeux oscillant entre Aila et Quéra. Puis, lorsque l’une d’elles se mit en mouvement, toutes rebroussèrent chemin.
— Kazar et Quéra, vous devez regagner le groupe également, ordonna Aila.
Elle croisa le regard d’Adrien et y déchiffra toute l’anxiété qu’il ressentait à l’abandonner.
— Au moins un peu plus loin, ajouta-t-elle, consciente du trouble de son compagnon.
Elle lui sourit, puis se détourna. Le lieu sacré était situé au fond d’une cuvette au centre de laquelle s’étendait une pièce d’eau miroitante aux contours arrondis. Aila projeta ses sens à la recherche d’une présence maléfique. Commençant par un examen de la partie liquide, infructueuse, elle élargit ses investigations aux alentours. Enfin, elle sut. Dépassant le lac par la gauche, elle se déplaça vers une petite grotte dans les rochers d’où jaillissait une forme arborescente d’aspect végétal. Alors, plante ou animal ?

Il fallait cette fois-ci qu’elle en eût le cœur net. Son esprit axé sur la monstruosité qu’elle percevait et, ne contrôlant plus rien, elle se sentit soudainement emportée par les voix charmeuses qui l’avaient déjà tant éprouvée ! Son sang se glaça d’effroi. Par les fées, Adrien n’était pas à ses côtés ! Cherchant à se reprendre, elle hurla :
— Je suis Topéca ! Je suis la première chamane guerrière et je vous détruirai !

Ce qu’elle connaissait de la magie des fées s’effaça en elle, laissant place à un contact intime avec la Terre, comme si elle se mettait à exister dans chaque pierre, dans chaque brin d’herbe et dans chaque parcelle d’air. La nature ne présenta plus de secrets et, comme un tremblement sous ses pieds, la Terre offrit à Topéca sa force et sa vitalité. Envahie par une extraordinaire énergie, la chamane balaya les voix d’un geste mental avant de concentrer ses efforts sur son ennemi présent. Tous ses sens en alerte, elle se projeta vers lui et ce qu’elle effleura la troubla un instant. Par les fées, comment était-ce possible ? Cette horreur n’existait que parce que, derrière elle, un esprit l’animait, l’esprit d’un mage devenu sorcier, à l’âme tortueuse et destructrice… Voilà pourquoi elle avait échoué à identifier sa nature exacte au Pontet ! Aujourd’hui, elle en savait plus et tout s’éclaircissait. Un mélange des genres que personne n’aurait pu imaginer et qui, pourtant, prenait vie devant elle. Dans le village de Niamie, le cristal dont elle avait entouré la première plante l’avait coupée de son origine maléfique, la rendant ainsi inoffensive. Seulement là, Aila pressentait que ce serait impossible. Elle percevait la résistance de son ennemi, décuplée par la présence de l’être qui la manipulait. Mais elle ne se laisserait pas faire, non ! Elle ignorait comment, mais elle allait la détruire ! Chaque parcelle d’énergie qui émanait du corps de la chamane se concentra sur la forme apparente du mal, plongeant son esprit encore plus loin dans la Terre, cherchant à l’enraciner dans le berceau même de la vie, afin de séparer l’arborescence végétale de l’homme qui lui procurait sa force. Alors que les feuilles étaient peu à peu flétries, Aila perçut la colère de celui qui l’animait. Ce dernier n’acceptait pas de voir son œuvre mise en péril par cette toute jeune femme et, soudain, un jet de particules sombres jaillit avant de se reconstituer sous la forme d’un sorcier vêtu d’une longue robe noire. Aila découvrit son visage pâle au centre duquel deux yeux rageurs la fusillaient. Elle accusa le coup. Jamais elle n’avait imaginé un seul instant que l’homme qui donnait vie à la plante pourrait se déplacer jusqu’à elle…
« Par les fées, pensa-t-elle, ils peuvent voyager d’un endroit à l’autre ! Serait-ce qu’ils aient conservé les pouvoirs des fées disparues ? »
Elle frissonna légèrement lorsqu’il prit la parole :
— Je me nomme Haërgo, annonça-t-il de son timbre enchanteur, en la saluant gracieusement. Voici donc la fameuse alliée des fées, Aila Grand, transformée pour l’instant en Topéca, la première chamane guerrière. Que tu serais bien parmi nous, ma douce amie ! Tes talents seraient reconnus et appréciés par notre maître. Écoute ma voix, elle n’exprime que la vérité sur ton avenir. Notre empereur cherche une reine. Regarde-toi ! Quel homme, même un roi, pourrait résister à ta beauté farouche et à ta puissance ? Césarus n’attend plus que toi… Rejoins-nous et deviens ce que ta destinée te réserve : une souveraine ! Celle de la plus grande nation que la Terre ait jamais portée ! Viens, Aila, viens, ta vie est d’être parmi nous…

Aila ne bougea pas. Cette voix qui pénétrait sa tête et la sollicitait la troublait plus que de raison, elle devait absolument se reprendre. Pourtant, ses yeux fixaient obstinément la silhouette noire qui lui faisait face, sans réagir. Non, elle ne devait pas oublier qui il était, un sorcier ! Mais cet avenir prometteur la tentait… Elle deviendrait reine ou impératrice, c’était certain. Aila plongea son esprit en lui, découvrant dans sa cruelle réalité, l’être que cachait ce timbre envoûtant. Il n’était qu’un homme du mal, profondément répugnant ! La conscience de la chamane s’éveilla soudainement de ce rêve étrange et se révolta. C’était un sorcier ! un sorcier encore plus profondément abject ! Une créature à abattre et, pour la première fois de sa vie, il était devant elle. Elle pouvait l’observer à sa guise et s’instruire sur ce qui le caractérisait. Comment pouvait-elle s’abstraire de ce représentant du mal ? Premièrement : ne plus écouter sa voix, la refouler très au loin, à la limite de sa perception pour s’en protéger. Deuxièmement : ne pas oublier que c’était un être repoussant, vil et haïssable. Pour terminer : profiter de l’occasion pour en apprendre le plus possible sur eux… Fidèle à son plan d’action, Aila le détailla. Tout, elle devait tout savoir sur lui. Elle enregistra ses traits fins et harmonieux qui esquissaient un ensemble séduisant, puis s’arrêta sur son regard. Tel le miroir d’une âme noire, il présentait une surface lisse à l’extérieur qui livrait un intérieur sombre et lugubre. Elle termina son examen en mémorisant sa façon de se mouvoir, les gestes de ses mains. Il était devenu un objet d’étude et, cette fois-ci, elle ne s’y laisserait plus prendre. Derrière sa façade avenante, il demeurait son ennemi et elle devait le détruire !

Du haut de la cuvette, tous les yeux étaient rivés sur Aila et la forme humaine noire qui se faisaient face. Depuis un moment, Adrien, fébrile, se retenait d’intervenir, bouillant intérieurement de s’imaginer Aila en danger. Indécis, il se rapprocha lentement de son cheval quand la poigne d’acier de Quéra se referma sur son bras, l’obligeant à renoncer aussitôt à son projet informulé. Le chef de clan le regarda droit dans les yeux et lui lança :
— Elle nous a dit de rester ici et nous obtempérons. Elle est Topéca et elle sait ce qu’elle accomplit. Nous lui devons la confiance.
Adrien acquiesça à contrecœur, tandis qu’une idée saugrenue lui traversa la tête. Sire Parcot aurait frôlé la crise d’apoplexie si un Hagan lui avait, comme Quéra venait de le faire, rappelé les règles de base de l’obéissance… Inquiet pour sa partenaire, ses yeux revinrent vers elle et ne la quittèrent plus.

Aila sentit la force de la Terre s’élever dans son corps, dans son esprit, devenir totalement sienne. Elle leva son kenda bien haut et le laissa retomber sur le sol qui vibra instantanément.
— Je suis Topéca et Topéca ne se soumet à personne. Vous êtes le mal et Topéca la chamane guerrière est celle qui le détruit !
Elle fonça sur lui. Il esquiva de justesse et le duel s’engagea brusquement. La musique de la Terre, comme un rythme intime, montait en Aila dont les lèvres se mirent à fredonner tout en combattant. Le sorcier, un peu surpris au départ, commença à grimacer quand les attaques d’Aila, portée par sa chanson intérieure de plus en plus puissante, le poussèrent à reculer. Alors même qu’il amplifiait la violence de ses coups, la chamane, sans difficulté apparente, les parait tous avec son kenda qui prenait des allures de bouclier pour l’occasion. Elle faisait rebondir tous les sorts qu’il lui lançait, parfois, elle parvenait aussi à les lui renvoyer. Pouvoirs de la Terre contre une magie des fées devenue maléfique, possédait-elle vraiment une chance de le vaincre ? Se contentant de résister, sans s’affaiblir pour autant, elle poursuivait son observation attentive du sorcier, guettant sa première faille. Et si, pour anéantir la plante, il suffisait de détruire l’homme… Tandis qu’il déchargeait sur elle son énergie, attaque après attaque, le chant intérieur de la chamane s’intensifia encore. D’un murmure, il évolua en une mélodie dont le rythme s’accéléra. Aila quitta son style uniquement défensif pour lancer de petits assauts rapides, juste pour le déstabiliser et tester ses réactions. Puis l’être insaisissable qui vivait en elle s’exprima de nouveau. Elle devint un oiseau volant dans les airs, quasiment immatérielle en face d’Haërgo qui avait bien du mal à la suivre, même des yeux. Cependant, incapable d’envisager sa propre défaite, il intensifia ses attaques. Aila resplendissait. Mue par une puissance toujours plus grande, elle envoya une pensée vers Hubert avant de s’élancer en saut arrière. Comme en dehors de son corps, elle regarda l’espace autour d’elle se dérouler au ralenti. D’un geste vif, elle sortit le poignard de Bonneau, maintenant son kenda d’une seule main, et le projeta vers le cœur du sorcier dans lequel il pénétra alors qu’elle le survolait. Elle perçut la mort immédiate de l’homme et son esprit qui cherchait à quitter son cadavre. Retombant derrière lui, elle verrouilla son bâton sur la gorge d’Haërgo pour empêcher son enveloppe corporelle de retourner dans ce qui restait de la plante. Elle se doutait que, si elle la lâchait, l’esprit du sorcier, encore vivant, rappellerait son organisme et le guérirait avant de le réintégrer. Elle renforça sa prise, percevant le dernier combat que livrait l’esprit pour récupérer sa dépouille, puis, dans un hurlement qu’elle seule entendit, il implosa, disparaissant à tout jamais. Enfin, elle consentit à libérer le corps qui s’effondra mollement sur le sol. En elle reflua le pouvoir de la Terre, et la magie des fées réapparut. D’un geste précis, elle ramassa son poignard qu’elle essuya sur la robe noire avant de cristalliser les restes d’Haërgo et de les emprisonner dans la roche de la petite grotte. Plus personne ne les reconstituerait à présent. Soudain, la vérité lui éclata au visage. Par les fées, elle avait tué son premier sorcier ! Elle avait réussi, elle avait vaincu ! Elle leva ses bras, brandissant son kenda d’une main et son couteau dans l’autre, en lançant un long cri de victoire qui résonna dans tout le vallon, se répercutant sur chaque paroi, faisant trembler l’air et vibrer le cœur des hommes qui l’entendirent.

Puis, elle se tut, baissant son arme avant de redécouvrir le paysage ainsi que tous les regards braqués sur elle. Ce n’était plus seulement quelques femmes et guerriers qui étaient présents, mais la tribu entière. Combien de temps avait-elle combattu ? Adrien, chevauchant, trottait à sa rencontre. Il lui tendit une main qu’elle saisit et, d’un geste souple, elle sauta en croupe derrière lui. Après un demi-tour, ils rejoignirent ceux qui les attendaient, impassibles. Nullement déconcertée par ce silence, Aila descendit du cheval. Toujours animée par une force qui rayonnait d’elle comme la lumière du soleil, elle s’écria :
— Nous pourrons fêter ce soir les Esprits de la Terre, le mal n’existe plus ! Reconnaissez-moi, je suis Topéca, la première chamane guerrière !
Elle leva à nouveau les bras vers le ciel et son cri résonna, bientôt accompagné du rythme des lances tapées par les hommes sur le sol et du battement de mains des femmes. Unis dans une même clameur, ils ressentirent tous la communion ultime avec la Terre et un bonheur infini s’empara de leurs cœurs. Quand enfin la voix de la chamane se tut, celle des autres mourut instantanément. Et pourtant, loin de symboliser une absence quelconque, ce nouveau silence respirait une chaleureuse plénitude. Aila remonta derrière Adrien et lui murmura.
— Ramène-moi, j’ai besoin de me reposer.
Il talonna doucement son cheval qui repartit au pas et tous s’écartèrent sur leur passage, leurs regards trahissant l’admiration qu’ils portaient à la combattante. Le chemin du retour parut long à Aila qui résistait au mieux à la fatigue qu’elle éprouvait. Elle espéra que Quéra et sa maari ne seraient pas trop fâchés qu’elle empruntât une nouvelle fois leur tente. Elle saisit la main qu’Adrien lui tendait pour l’aider à descendre et lui souffla, avant de disparaître :
— Tu avais raison, je suis et je reste Aila.

Le soir arriva et, à la lumière des chandelles, le cortège des hommes, des femmes et des enfants de la tribu Appa parvint jusqu’au lieu sacré. Adrien se sentait profondément ému de participer à cette fête. En Avotour, aucun culte n’était célébré et, de ce fait, aucune prière ne montait jamais vers le ciel. Cette absence faisait-elle de son peuple des êtres dont l’esprit ne s’élevait plus ? Qu’apportait donc la foi à la vie d’un mortel ? Il avait ressenti cette union parfaite entre les Hagans, la Terre et Aila et, étrangement, son cœur s’était gonflé d’espoir. Tout à cette découverte d’une nouvelle forme d’allégresse, le prince avait lancé ses aspirations vers le ciel, sûrement si différentes de celles du peuple hagan. Son vœu avait été de sauver les hommes, tous les hommes, de l’emprise de Césarus. Peut-être était-ce cela croire : souhaiter si fort pour que tout devînt réalisable. Mais avait-on besoin de dieu ou d’esprits pour se comporter comme un être digne ? Existait-il une nécessité de croire pour espérer ? Il n’accordait aucun crédit aux fées et elles lui étaient apparues. Il considérait à peine plus les Esprits de la Terre et Aila lui démontrait leur puissance… Que tous ces événements bousculaient sa façon raisonnée de concevoir le monde ! Était-il capable de faire évoluer son côté rationnel en une manière différente d’appréhender la vie autour de lui ? Et puis qu’importaient ces questions sans réponses ! Ce soir, pendant la célébration, il serait un Hagan parmi les autres et il allait prier les Esprits de la Terre. Il les remercierait d’avoir accompagné Aila dans sa victoire, mais, pour lui, quels que fussent ces Esprits, c’était elle qui avait triomphé.
À la fin de la cérémonie, Quéra prit la parole :
— Mon peuple, ce soir, nous avons rendu grâce aux Esprits de la Terre pour avoir sauvé nos enfants, épargné nos maaris, restitué notre lieu sacré et également pour avoir permis la plus belle rencontre de notre vie… Notre chemin a croisé celui d’une femme, Topéca, que les Esprits habitent et qui s’exprime en leur nom. Qu’elle soit remerciée par ma bouche, pour nous tous, pour ce qu’elle nous a offert ! Maintenant, il est temps de comprendre ce qui s’est passé lors de ce combat. Topéca, le moment est venu de nous l’expliquer.
— L’homme que j’ai tué s’appelait Haërgo. Avez-vous une idée de qui il était ? interrogea Aila.
Personne dans l’assemblée n’osa une réponse, alors elle reprit :
— C’était un sorcier.
Un murmure parcourut l’assemblée et un de ses membres objecta :
— Stupidité ! Les sorciers sont une pure invention !
— Bon. Quelle autre proposition simple et logique pouvez-vous m’offrir ?
Pas un son ne brisa le silence qui s’était abattu sur la tribu.
— C’est normal que vous n’en trouviez pas, il n’en existe pas d’autres que la mienne. Savez-vous comment j’ai réussi à le détruire ? En tuant son enveloppe corporelle tout en empêchant son esprit de la réintégrer. C’est la seule façon que je connaisse pour s’en débarrasser. À présent, sa malveillance est éteinte. Mais d’autres viendront et recommenceront, pour faire de votre vie une malédiction, et je ne serai pas toujours là pour vous sauver.
— Mais pourquoi ? demanda Astria.
— Pour nous exterminer. Nous sommes un peuple fier avec de forts et valeureux combattants. Quand nous entrons en guerre, nous ne pouvons que vaincre, alors notre puissance l’effraie.
— L’effraie… Mais qui ? intervint Quéra.
— Aujourd’hui, cet homme vit à une grande distance de nous, mais il se rapproche davantage chaque jour. Son nom est Césarus, c’est l’empereur du Tancral, un territoire situé très loin au nord. Il s’est déjà emparé des contrées limitrophes, absorbant les êtres pour mieux les réduire en esclavage. Dorénavant, toujours assoiffé de conquêtes, il convoite tous les pays alentour : Hagan, Avotour, Épicral, Faraday, Wallanie et Estanque. Il veut les envahir tous et tous nous asservir…
— Comment pouvez-vous savoir tout ça ?
— Parce que je suis celle qui voit, répliqua-t-elle d’un ton sans appel. Césarus aspire à se débarrasser de nous, car il nous craint. Il a dressé un premier piège qui a échoué, mais il ne s’arrêtera pas en si bon chemin… Il en placera de nouveaux sur votre route et vous y tomberez, comme vos enfants l’ont fait. Toutefois, entre-temps, il en aura changé leur forme, leur couleur et vous ne saurez plus les identifier…
La discussion entre les membres de la tribu s’animait, entre ceux qui accordaient du crédit aux affirmations d’Aila et les sceptiques qui s’y opposaient, parvenant même à douter du combat auquel ils avaient assisté.
— Que nous proposez-vous ? demanda Quéra.
— Nous n’avons pas de choix pour vaincre, nous devons contracter des alliances avec tous les royaumes en danger.
— Avotour ! Jamais, ce sont nos ennemis jurés ! répliqua une vieille femme.
— Et pourquoi ?
— Parce qu’ils ont tué mes fils !
— Ah… Je suppose que, pacifiques, vos enfants s’y déplaçaient pour faire du troc ou se promener. Est-ce la réalité, vieille femme, ou suis-je dans l’erreur ? Que pouvaient bien escompter vos garçons armés jusqu’aux dents dans un pays qui n’était pas le leur ? Allez, répondez ! Que venait donc faire votre descendance ?
— Mes fils venaient venger nos ancêtres et le sang des nôtres répandu par ces chiens !
— Depuis quand Avotour n’a-t-elle pas mené d’incursion chez nous ? Cent ans ? Deux cents ? Mille ? Aux dernières grandes batailles, ils se sont contentés de nous repousser dans les montagnes sans donner la mort à un seul des nôtres sur le territoire hagan. Pouvons-nous en dire autant ? Pour un Hagan tué, il y a mille ans, nous avons décimé des centaines d’Avotourins ! Alors, maintenant, s’ils se vengent comme nous le faisons chaque jour, combien de nouveaux décès compterons-nous ? À force de les multiplier, ce seraient mille des nôtres exterminés en plus ! De quoi menacer notre population de disparition… De toute façon, si nous ne nous associons pas, nous périrons tous, vous entendez ! TOUS ! Césarus ne voudra pas de nous comme esclaves, je vous l’ai dit, il nous craint ! Il faudra choisir entre mourir ou saisir une chance de se battre et de survivre. C’est cette dernière opportunité que je suis venue vous proposer aujourd’hui, car nous n’aurons pas de nouvelle occasion…
— Nous n’avons pas besoin des autres ! Nous sommes les guerriers les plus forts du monde, lança un Hagan dans le fond.
— Et sans femme, ni descendance, même les meilleurs combattants disparaîtront en une seule génération ! Césarus ne vous attaquera pas de front. Il vous supprimera et votre orgueil lui facilitera la vie ! Que croyez-vous que serait devenue votre tribu sans vos maaris et vos enfants ?
Un silence profond accueillit la question d’Aila.
— Mais nous allier à Avotour… Ce que vous nous demandez est impossible, renchérit Quéra.
— Selon vous, que pensent les Avotourins de ces Hagans qui pillent, tuent, détruisent leur richesse ? Je connais une femme dont la famille a brûlé vive dans un château que vous aviez mis à sac avant de l’enflammer et sa compassion lui a permis de surmonter la haine qu’elle devrait ressentir à votre égard ! Ne me dites pas que les Avotourins sont plus humains et sages que nous ! Ne me dites pas qu’ils sont seuls capables de pardon ! Découvrez en vous ce qu’ils voient de nous !

Aila lança son esprit. Tous les membres de la tribu assistèrent aux exactions commises par d’autres Hagans, la souffrance et le malheur qu’ils répandaient autour d’eux, les enfants massacrés, les récoltes incendiées, la famine et la pauvreté.
— Bien fait, s’écria la vieille femme dont le visage n’exprimait qu’une haine profonde.
Aila reçut sa hargne comme une provocation personnelle. Bien que tentant de contrôler l’ambivalence de ses sentiments, elle n’hésita pas et projeta l’image de deux hommes hagans en train d’égorger deux enfants sous les yeux horrifiés de leurs parents. Le père dénoua ses liens, mais trop tard pour sauver sa progéniture, puis détacha son épouse et tous les deux, récupérant leurs armes, tuèrent leurs agresseurs.
— Mes petits ! hurla la femme.
— Une vie pour une mort est une loi sans merci qui nous incite à une violence sans fin : deux Hagans pour deux Avotourins. C’est la punition des Esprits qui réprouvent nos actes et leurs conséquences. Écoutez leurs voix qui se lèvent pour nous dire d’arrêter de nous détruire mutuellement. Nous devons apprendre à nous battre côte à côte ! Césarus est notre seul ennemi commun, c’est contre lui que nous devons faire front.
— Jamais les Hagans n’accepteront de combattre avec quiconque ! Nous sommes un peuple libre ! s’insurgea un homme sur la gauche d’Aila.
— J’entends votre choix. Alors, nous périrons tous en hommes et femmes libres et, avec nous, mourront les Esprits de la Terre. Si tel est votre souhait, je n’ai plus rien à faire ici.
— Non ! Topéca, attendez ! Laissez-nous en discuter ensemble. Je vous rejoindrai sous ma tente un peu plus tard, intervint Quéra.


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