La photos de papillons de l'auteure française de fantasy Catherine Boullery Ƹ̴Ӂ̴Ʒ
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 284  critiques

Comment trouver de superbes photos de papillons français ou exotiques ?

Voici quelques pages qui allient ma première passion (la photographie) à une autre plus récente qui a mûri petit à petit dans mon esprit, m’offrant ainsi une double satisfaction : celle de la découverte associée au plaisir de l’esthétisme. Certaines photos relèvent d’un véritable défi, comme celle du Moro Sphinx que j’ai vu voler pour la première fois sept à huit ans auparavant et que je ne suis parvenue à capturer en image que l’année dernière ou encore celle du Grand Porte-queue qui m’échappe régulièrement, même si cette année, j’ai enfin réussi un cliché de la totalité de ses ailes, mais encore de trop loin à mon goût !
Toutes les photos sont les miennes (même les floues !) sauf trois de papillons exotiques qui viennent du cercle familial (merci à Didier et Alicia). Celles des papillons français ont été prises dans la nature (Eure, Île-de-France, Alpes du Sud, Lot) et sont le fruit de longues marches ou, plus simplement, d’un hasard heureux. Celles des papillons exotiques proviennent de la visite d’une serre à papillons. J'ai fait de mon mieux pour identifier les différentes papillons, mais je ne suis pas une spécialiste et il est compliqué de différencier certaines espèces très proches chez les Hespéries et les Argus par exemple.

Présentation générale des papillons

Les lépidoptères (Lepidoptera) sont un cas particulier d’insectes (identifiables par leurs trois paires de pattes) dont la forme adulte est communément appelée papillon et dont la durée de vie varie énormément d’une espèce à l’autre, de quelques jours à plusieurs mois. Ils sont caractérisés par deux paires d’ailes membraneuses recouvertes d’écailles colorées d’où provient leur appellation, car, en grec, lepidos veut dire écailles.
Ce sont des insectes à métamorphose complète selon le cycle « œuf – chenille – chrysalide (abritée ou non par un cocon) – imago (forme adulte de la métamorphose) ».
Vous pouvez à présent :
- soit cliquer sur les liens pour découvrir (seulement…) 107 papillons sur environ 250 espèces françaises diurnes (rhopalocères = antennes à massue) et pas loin de 2000 dites « nocturnes » (hétérocères = autres antennes), tout en sachant que cette appelation n'est pas justifiée dans de nombreux cas, 57 papillons exotiques ainsi que quelques photos supplémentaires des uns et des autres, juste pour le plaisir de les observer ;
- soit en apprendre plus sur les papillons en poursuivant votre lecture après les trois icônes ci-dessous.

Les papillons français

Les papillons exotiques

Les papillons pour le plaisir

Comment observer les papillons ?

Quand ? Entre mai et août, car c’est la période où ils sont les plus nombreux, par une journée ensoleillée et chaude, sans vent, sauf dans les serres dans lesquelles les observations peuvent avoir lieu sur plus de la moitié de l'année.
Où ? Dans un endroit où il y a profusion de fleurs, car ils se nourrissent, entre autres, de nectar. Ils ont également du goût pour les fruits mûrs voire pourris, les excréments et la sueur humaine… Il faut s'écarter des zones de pollution et préférer la campagne, même s'il est possible d'en observer en ville (le Tircis, le Vulcain).
Comment ? En étant patient, car les papillons virevoltent et disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés, mais reviennent souvent au même endroit. Il faut persévérer !
Que faire pour les attirer ? Certains font des mélanges (1 verre de vin + 2 cuillères de miel + 2 cuillères de compote de pommes) dont ils badigeonnent les branches. J'ignore l'efficacité de cette mixture, mais je me doute qu'elle doit attirer d'autres insectes que des papillons, comme les guêpes par exemple ! Jusqu'à présent, je me suis contentée de mes balades et ces excursions ont suffi à mon bonheur !

Les prendre en photo demande un appareil rapide pour faire la netteté et disposant d’une vitesse de prise de vue élevée si on veut les avoir en plein vol (ou pas…), doublée d'un peu de chance ! Il est possible de diminuer la profondeur de champ pour avoir, par exemple, seul le papillon net ou même son corps net et une partie des ailes floues (mais ce réglage se fait de façon automatique quand le papillon photographié est très proche). Il ne faut pas avoir peur de se baisser pour être à leur niveau, de se rapprocher s'ils ne paraissent pas perturbés par votre présence, mais éviter de leur faire de l’ombre, car ils s’envolent par peur d’un éventuel prédateur au-dessus d'eux. Naturellement, le mieux est de posséder un téléobjectif, sinon de faire des photos en se rapprochant le plus possible.

Différencier Rhopalocères et Hétérocères

♥ Un Rhopalocère est un insecte diurne, souvent de couleurs vives, qui, au repos, positionne ses ailes à la verticale, l’une contre l’autre, et n’est jamais actif la nuit. Leurs principales caractéristiques résident dans leurs antennes renflées aux extrémités (en massue) et que leurs ailes antérieures et postérieures ne sont pas solidaires en vol (mais c'est difficile à observer), contrairement aux Hétérocères.
♥ Un Hétérocère est un insecte aux couleurs souvent plus ternes (mais pas toujours) qui possède une activité essentiellement nocturne, mais certaines espèces sont également actives pendant la journée. Il positionne ses ailes à plat ou en toit lorsqu’il est posé. Cette famille regroupe, de fait, tous les autres types d'antennes.
À noter : Parmi les Hétérocères, la famille des Zygaenidae (Zygènes) et des certains Sphingidae (le Moro-phinx par exemple) possèdent à la fois une activité diurne, des couleurs vives et des antennes élargies à leur extrémité.

Quelques mots de vocabulaire utile

Aile antérieure : membre le plus haut de locomotion aérienne du papillon.
Aile postérieure : membre le plus bas de locomotion aérienne du papillon.
Apex : point d’une aile le plus éloigné du corps et situé à l’extrémité supérieure.
Ocelles : tache arrondie qui sert de leurre ou de moyen d'intimidation sur la peau ou les ailes d'animaux.
Lunules : portion de surface en forme de croissant de lune délimitée par deux cercles non concentriques de rayons différents.
Marge externe : partie extérieure de l'aile.
Thorax : partie centrale du corps du papillon portant les pattes et les ailes.
Abdomen : partie postérieure du corps du papillon où se situent des organes essentiels (digestif, nerveux et circulatoire).
Nervure : ligne saillante de l'aile du papillon.
Dimorphisme : est utilisé lorsque le mâle et la femelle d'une même espèce existent sous des aspects très différentes (couleur de leur ailes et forme).

Observation des papillons

Comment découvrir la morphologie d'un lepidoptère ?

Morphologie d'un papillon selon https://enthomologie.webnode.fr/anatomie-de-linsecte/

Morphologie d'un papillon

Site des papillons de Poitou-Charentes

Glossaire papillon selon https://www.papillon-poitou-charentes.org/-Glossaire-.html

Glossaire papillon

Comment télécharger mes photos de papillons ?

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Tome ➀ - Aila et la Magie des Fées Tome ➁ - La Tribu Libre Tome ➂ - L'Oracle de Tennesse Tome ➃ - La Dame Blanche Tome ➄ - La Porte des Temps Tome ➅ - Une Vie, voire Deux Tome ➆ - Un Éternel Recommencement Tome ➇ - L'Ultime Renoncement ➀ à ➃ - La Première Époque ➄ à ➇ - La Deuxième Époque Tous les tomes de la saga de fantasy La romancière Catherine Boullery #fantasy


Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila avançait sur la route vers Niankor, le cœur en miettes. De toutes les épreuves qu'elle avait été amenée à traverser jusqu'à présent, celle-ci était, de loin, la plus cruelle et certainement la plus injuste…

Alors que les souvenirs de sa nuit repassaient en boucle dans sa tête, tout son être se révoltait à la simple pensée d'être séparée de lui… Tant de chemin parcouru pour parvenir à aimer et être aimée auquel succédait le vide insondable de l'abandon…, sauf que c'était elle qui avait renoncé, et ce, de façon définitive parce qu'elle ne connaissait pas d'autres voies possibles. Et si, pour une fois, elle refusait le destin qui lui était imposé ! Et si elle envoyait promener cette existence emplie de contraintes qui brisaient sa résistance et sa vie ! Il lui suffirait de faire tourner bride à Lumière pour galoper vers Avotour et ainsi rejoindre l'homme qu'elle avait choisi, exactement comme son cœur le souhaitait. Aila fronça les sourcils. Mais pour combien de temps ? Jusqu'à ce que l'empereur Césarus les eût tous anéantis pour la simple raison qu'elle aurait refusé l'inexorable fatalité qui était la sienne… Comment pourrait-elle ignorer qu'elle condamnerait les nations à plier l'échine devant ce dictateur sanguinaire jusqu'à l'agonie, trois fois rien, en somme… Elle soupira de regret, elle aurait dû l'accepter depuis le début ; aimer lui serait impossible… Dans quelle mesure pouvait-elle lutter contre son inexorable destin ? Ou comment le moindre sentiment pourrait-il s'épanouir dans un pays réduit en esclavage, peuplé d'hommes et de femmes qui mourraient à chaque instant ? Certaines décisions résultaient d'une absence d'alternative et sa brève rébellion lui parut soudain ridicule, presque risible. Un dernier soupir, long et triste, puis elle se résigna à poursuivre sa route, cherchant désespérément à éteindre la voix intérieure qui lui criait de repartir vers lui… Tiraillée entre son désir intime et le choix devant lequel elle s'inclinait, elle éprouvait tout à la fois l'envie de hurler, de pleurer et de taper. Mais, renonçant à suivre son cœur, elle se contenta de fixer la voie qui se déroulait face à elle, terriblement seule et malheureuse, certaine, instinctivement, que jamais l'Oracle ne la laisserait rebrousser chemin… L'heure du déjeuner approchant, elle décida de s'arrêter à côté d'un champ pour permettre à Lumière de se reposer un peu. Elle n'avait pas faim et resta simplement assise sur une souche à regarder dans le vide, préférant l'absence de pensées conscientes à des sentiments trop violents et douloureux…

Alors qu'Aila s'apprêtait à repartir, un bruit de sabot lui fit tourner la tête en direction d'Avotour. Un rêve fou l'envahit soudainement et son cœur bondit dans sa poitrine, mais la surprise se révéla à la hauteur de la désillusion. Niamie ! C'était Niamie… Il ne manquait plus que ça ! Elle ouvrit la bouche pour l'interpeller à propos de sa présence, mais la petite fille la devança et, d'un ton assuré, lui demanda :
— Pourquoi ne m'as-tu pas attendue ? Je t'avais dit que nous partirions ensemble.
Saisie par la teneur de ces propos, la jeune femme la fixa un instant avant de réagir.
— Niamie, tu dois retourner au château. Ta place n'est pas à mes côtés.
— Mais si, Aila ! Je viens sauver Amata avec toi ! Nous devons être toutes les deux pour y parvenir.
La combattante resta silencieuse, abasourdie, cherchant à assimiler le sens des mots prononcés, sans succès. Incertaine, elle hasarda :
— De quoi parles-tu ?
— L'Oracle de Tennesse, il m'a appelé aussi ! Souviens-toi, je te l'ai dit !
Ébranlée, Aila secoua la tête. Certaines phrases, incomprises sur le moment, lui revenaient effectivement en mémoire. Vaguement excédée, elle fixa sa jeune amie longuement avant de capituler. Après tout, si l'Oracle avait également invité une gamine pour partager sa vie aventureuse, très bien ! Mais il était juste temps de cesser de lui compliquer ses journées à tout bout de champ ! Après tout, son existence partait déjà en lambeaux, alors, finalement, un peu plus, un peu moins, quelle différence pour elle ?
— Bon, allons-y, concéda Aila d'un ton maussade.
La combattante enfourcha Lumière et reprit son voyage, enfermée dans un silence obstiné, suivie par une Niamie, pas le moins du monde perturbée par l'attitude revêche de la jeune femme.
Au milieu de la forêt clairsemée, la route défilait lentement, presque irréelle sous le regard d'Aila qui n'avait pas daigné ouvrir la bouche depuis des heures, murée dans une profonde résignation. Cette situation morose aurait persisté encore longtemps si une question dérangeante n'avait soudainement surgi dans son esprit. Elle se mordit les lèvres, persuadée de la réponse qu'elle allait obtenir en la posant à Niamie et, d'avance, profondément ennuyée par son contenu.
— Niamie, as-tu mangé depuis ce matin ?
Souriante, l'enfant secoua la tête et la culpabilité étreignit le cœur d'Aila. La combattante poursuivit :
— Nous parviendrons bientôt au prochain village. Nous nous installerons à l'auberge et je te promets qu'une fois dans la salle, tu pourras dévorer tout ce que tu veux.
Le visage de la fillette s'éclaira un peu plus tandis qu'Aila l'observait avec attention, se demandant quelle force intérieure permettait à Niamie de résister à toutes les épreuves traversées depuis leur rencontre : la disparition de toute sa famille, la souffrance et le souvenir d'une mort presque inéluctable, une nouvelle vie si différente de la première et, aujourd'hui, un départ vers un monde inconnu… Rien ne semblait atteindre sa petite compagne. Alors que l'estomac de Niamie devait crier famine, celle-ci, le regard clair et serein, n'en paraissait nullement affectée. Peut-être était-ce en raison de cet optimisme inébranlable et de cette lumière si personnelle que l'Oracle avait choisi Niamie pour soulager le chagrin d'Aila.

Malgré une allure plus rapide, une bonne heure de route s'écoula avant d'apercevoir le village en fin d'après-midi. Seule, Aila aurait sûrement avancé plus loin et dormi en forêt, mais la situation venait radicalement de changer, elle devait tenir compte de la fatigue de la fillette. Parvenir à l'unique auberge fut aisé et se débarrasser de leurs affaires dans leur chambre vite fait. Amusée, Aila remarqua que, comme elle, Niamie saisissait son kenda au moment de sortir de la pièce. Elle se demanda ce que Bonneau avait pu apprendre à sa petite élève le temps des quelques leçons dispensées à Avotour.
Installées dans la salle, les deux filles commandèrent un repas chaud. Alors que Niamie entamait avec entrain son assiette au fumet appétissant, Aila se contenta d'en remuer le contenu sans appétit et finalement d'en avaler une bouchée à contrecœur. Comme si son estomac contracté ne suffisait pas, un nouveau sentiment de malaise s'empara d'elle et, bientôt, des pensées étrangères et malveillantes s'infiltrèrent dans son esprit : elle courait un danger. Non, elles couraient un danger ! Quelle idée saugrenue que celle d'entraîner une gamine innocente dans sa vie périlleuse avait traversé ce maudit Oracle !
L'attitude d'Aila ne changea en rien sinon qu'elle se pencha vers Niamie et lui glissa à voix basse :
— Comment te débrouilles-tu au kenda ?
— Bonneau affirme que je deviendrai bientôt aussi bonne que toi, répondit la fillette avec un aplomb naturel qui arracha un sourire fugace à la combattante.
Probablement agile et rapide, Niamie ne disposait assurément pas du bénéfice de l'âge, ni même de celui de l'expérience… Le regard d'Aila parcourut la pièce autour d'elle d'un air nonchalant, sans parvenir à y détecter la source du danger. Ce dernier pourrait-il venir de l'extérieur ? Ses sens en éveil jusqu'à la fin du repas, elle guetta la moindre manifestation hostile et, pourtant, aucun événement ne se produisit. Malgré tout, son sentiment d'alerte persistait, preuve que la menace n'avait pas disparu. Qu'attendaient donc ces nouveaux ennemis pour attaquer ? Pendant ce temps, Niamie, insouciante, vidait tous les plats, se régalant visiblement, heureuse de pouvoir apaiser sa faim. Une fois rassasiée, elle leva ses yeux brillants de plaisir vers Aila.
— Que faisons-nous maintenant ?
— Nous allons retourner là-haut. Mais, d'abord, laisse-moi régler l'aubergiste.
Celui-ci l'accueillit avec bonhomie, discutant de choses et d'autres, de toute évidence inconscient des manigances qui se tramaient autour de son établissement.

Parvenue dans leur chambre, en fermant les volets d'un geste lent, Aila jeta un rapide coup d'œil par la fenêtre dans la rue sombre et d'apparence tranquille, mais elle ne se fia pas à sa première impression ; elle se sentait surveillée sans pouvoir en localiser l'origine. En aucun cas, ceux qui l'attendaient ne la laisseraient fuir par ici. Cependant, d'autres ouvertures existaient dans l'auberge et l'une d'entre elles leur permettrait obligatoirement de s'échapper. Elle attira sa compagne d'infortune à ses côtés sur un lit.
— Niamie, si je ne désirais pas que tu m'accompagnes, ce n'est pas que je ne voulais pas de toi, mais parce que le danger croise mon chemin en permanence. Tu ne devrais pas avoir à risquer ta vie à cause de moi…
La fillette ouvrit de grands yeux, l'écoutant avec concentration, tout en mordillant son ongle. Aila poursuivit :
— Des hommes dont j'ignore encore tout m'attendent, animés de mauvaises intentions. Nous allons devoir quitter l'auberge discrètement et rejoindre les chevaux pour nous enfuir. Te sens-tu prête à m'obéir au doigt et à l'œil ?
Niamie opina.
— Alors, enfile ton sac, je m'occupe des sacoches et des kendas. Une idée commence à germer dans ma tête pour nous sortir de cette situation inconfortable.
La combattante entrebâilla le battant qui donnait sur le couloir et vérifia que le lieu était déserté. Elle amena la petite fille à la suivre et, à pas de loup, elles longèrent le vestibule sombre et vétuste, attentives au moindre grincement des planches mal ajustées qui révélerait leur tentative de fuite. Rapidement, elles parvinrent à un escalier étroit qui montait vers les combles et s'y engagèrent. Une vingtaine de marches plus haut, une porte close leur barrait le chemin et, d'un geste de l'esprit, Aila la déverrouilla. Elle découvrit une minuscule pièce mansardée, encombrée d'objets hétéroclites et poussiéreux, exactement ce qu'elle cherchait : un endroit discret et à l'écart. S'approchant lentement de la lucarne aux carreaux sales, elle l'ouvrit légèrement et observa la configuration du lieu en contrebas ; à peine éclairée par la lumière d'une torche lointaine, l'arrière-cour de l'auberge servait de dépotoir, mais présentait le défaut majeur de se situer trois étages plus bas. Quitter cette chambre ne serait pas facile pour Niamie et Aila allait devoir faire preuve d'inventivité pour les sortir toutes les deux de ce mauvais pas. Elle réfléchit. Le petit appentis, bâti sur la droite, pourrait être utilisé comme point de chute, mais restait inaccessible pour une enfant. En revanche, si elle parvenait à amener Niamie jusqu'en bas par un autre moyen, il lui servirait d'étape pour la rejoindre. Cette solution apparut la plus simple à mettre en œuvre. Après avoir fouillé dans son sac, elle emmena la fillette près de la fenêtre pour lui expliquer son projet.
— Regarde, je vais t'attacher avec cette corde et, une fois assurée, tu pourras atteindre le bord du toit en contrebas. Ensuite, tu n'auras plus qu'à basculer, puis te laisser porter, c'est moi qui te descendrai jusqu'au sol. En bas, il te restera à te détacher. Est-ce que tu sauras rejoindre l'écurie et harnacher nos chevaux ?
L'air concentré, Niamie opina avant de préciser.
— J'aurai sûrement un peu de mal pour la bride de Lumière, mais je parviendrai bien à me hisser pour arriver à la hauteur de sa tête.
— Bien. Tu raccourciras ses étriers le plus possible et tu coinceras ses rênes pour éviter qu'elles s'accrochent sur un quelconque obstacle. Ce plan te convient-il ?
La petite fille acquiesça avant de demander :
— Et après, je fais quoi des chevaux ?
— Niamie, écoute bien. Tu prends juste le tien et tu pars en laissant les portes entrouvertes. Lumière n'aura plus qu'à se glisser entre ces dernières quand, plus tard, je l'appellerai. Dès que tu as fini, tu me rejoins. As-tu bien tout compris ? Bon, tu es géniale. Maintenant, on passe à l'action !
Aila testa la longueur de la corde et estima qu'elle suffirait à mener Niamie en bas. Elle l'attacha avec soin autour de la fillette, enroulant le bout opposé derrière une poutre. Elle se cala pour éviter d'être entraînée par le poids de l'enfant.
— Allez, ma grande, vas-y.
Niamie enfourcha l'huisserie puis, après un dernier regard vers son amie, amorça lentement sa descente sur les tuiles, s'assurant à chaque pas de rester silencieuse. Cette discrétion tranquillisa un peu Aila qui redoutait cette équipée inhabituelle pour sa petite compagne. À intervalle régulier, la combattante laissait la corde filer, ses muscles bandés et le souffle retenu jusqu'au moment où la tension disparut à l'autre bout : Niamie avait touché terre. Sa pression intérieure enfin relâchée, la jeune femme se redressa et s'approcha de la fenêtre. Un instant plus tard, elle vit sa protégée courir vers les écuries, sans même un regard vers elle.
« Une bonne chose de faite », songea Aila, rassurée. Remontant le filin, elle accrocha sacs, sacoches et kendas d'un côté et fixa solidement la seconde extrémité à une poutre. D'un geste ample, elle balança leurs affaires vers le bord du toit pentu, en espérant qu'emportées par leur poids, elles basculeraient dans le vide. Gagné ! À présent, elles n'avaient plus qu'à suivre le même chemin que Niamie, une fois détaché le nœud qui les retenait encore. Aila laissa rapidement filer le paquet jusqu'au sol. À son tour maintenant ! Un dernier coup d'œil en arrière, puis elle bondit sur la fenêtre avant de se retrouver en équilibre instable sur les tuiles glissantes. Avec précaution, elle s'approcha du bord et estima la hauteur qu'elle devrait franchir trop importante pour sauter directement. Donc, il ne lui restait plus qu'à gagner l'appentis accolé à l'auberge, divisant ainsi sa descente en deux étapes. Circonspecte, elle évalua la distance qui la séparait de son futur point d'arrivée, puis, enfin décidée, s'élança vers le faîtage en contrebas. Elle s'agrippa de justesse à son arête, malheureusement avec moins d'élégance que prévu, son souffle coupé par la rudesse du choc. Lors de l'impact, le crissement des tuiles résonna dans le silence ambiant tandis qu'elle guettait un mouvement des occupants de la maison, prête à intervenir. Rassurée par l'absence de réaction, elle dérapa progressivement vers le bord de la toiture, puis bascula son corps dans le vide, uniquement retenue par ses mains. Sans réfléchir plus, elle lâcha prise et atterrit avec un bruit sourd sur le sol poussiéreux. Elle ne perdit pas une seconde, ramassa leurs affaires pour les entraîner dans l'ombre d'un mur, puis détacha la corde qu'elle enroula et rangea, persuadée de l'arrivée imminente de Niamie. Le temps écoulé lui parut vite long et son inquiétude s'intensifia, elle songea même à partir vérifier où en était la petite fille avant de se forcer à attendre. Aila devait rester consciente que sa partenaire du moment ne comptait qu'une bonne dizaine d'années et qu'elle devait lui accorder sa confiance. Sa patience fut enfin récompensée quand Niamie apparut au coin du mur.
— Tu es formidable ! lui souffla Aila. À présent, est-ce que tu sauras rejoindre la place du village et prendre le chemin que je t'avais montré en arrivant ?
— Oui, mais après, comment pourrai-je avancer dans le noir ?
Par les fées, Aila avait oublié ce détail. Après un instant d'hésitation, correspondant à la durée nécessaire pour choisir une orientation, elle conclut :
— Ne t'inquiète pas, nous allons procéder autrement.
Aila enfila son sac tandis que Niamie faisait de même avec le sien et posa les sacoches sur le poney, puis, se fondant dans l'ombre, elles quittèrent l'auberge, puis le bourg, la combattante tirant la monture derrière elle.

Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis leur départ. Elles avançaient dans la forêt noyée par la nuit, au cœur du bruissement des ailes des oiseaux nocturnes et de leurs hululements si singuliers. Depuis longtemps, Aila avait déserté les sentiers battus pour emprunter des layons dont elle pressentait la direction. Sur son cheval, Niamie, éreintée de fatigue, ballottait de plus en plus et la jeune femme comprit qu'elle devrait s'arrêter bientôt. Elle aurait aimé les éloigner plus encore du danger, mais elle devait tenir compte de la présence de son amie. Sa couverture installée sur sol, elle attrapa la fillette qui dodelinait sur sa monture, la posa dessus et l'en enveloppa. Un dernier geste mental lui permit de se tranquilliser : leurs ennemis ne les rejoindraient pas avant un bon moment. Apaisée temporairement, elle se coucha à même le sol et s'endormit rapidement, trop épuisée pour réfléchir.

Au petit matin, le chant vif des oiseaux dans la lueur naissante du soleil réveilla Aila en sursaut. Tous les souvenirs qu'elle avait réussi à tenir à l'écart de sa vie pendant la nuit revinrent en force hanter son cœur et son esprit. La douleur la fit suffoquer, puis reflua lentement. Toutefois, l'heure n'était pas venue de faire un point sur tout ce qu'elle éprouvait. Si le sentiment d'alerte s'était atténué, il n'avait pas disparu pour autant. Elle prépara toutes leurs affaires avant de réveiller Niamie. Une pensée pleine de compassion la traversa, une pensée pour cette demoiselle qui se retrouvait embarquée dans une histoire qui n'était pas la sienne et qui la malmenait… Aila se promit que, quoi qu'il arrivât, elle prendrait soin d'elle. Mais pourquoi entraîner une fillette dans ses aventures périlleuses, et pourquoi pas un nourrisson pendant qu'on y était ! Elle secoua la tête, fâchée par cette vie qui ne cessait de lui jouer des tours pendables. Elle ne s'estimait pas à la hauteur pour s'occuper de cette enfant malgré l'affection qu'elle lui portait… Elle caressa sa joue avec légèreté, l'appelant doucement pour l'éveiller.
— Aila, répondit Niamie en se frottant les yeux, sommes-nous encore en danger ?
— Oui, mais il est loin pour l'instant, c'est pour cette raison que nous devons lever le camp le plus vite possible.
— Où est Lumière ?
— Ne t'inquiète pas pour elle, je crois que, dorénavant, elle sait à chaque instant où je suis…
La combattante fronça les sourcils, mais d'où lui venait cette nouvelle certitude ? Qu'est-ce qui avait changé entre Lumière et elle depuis ce grand trou dans lequel Aila l'avait vue périr ? Toutefois, si au lieu de se poser toujours autant de questions, elle commençait par percevoir une ébauche d'explication, elle se sentirait soulagée.
Aila devançait Niamie, tirant son poney parmi les arbres. Elle était retombée dans un silence attentif, guettant le moindre signe de danger.
— Aila ? Est-ce que tu m'en veux beaucoup de t'avoir suivie ? demanda Niamie d'une voix inquiète. Est-ce à cause de moi que tu as l'air si malheureuse ?
La jeune femme se figea avant de se tourner vers sa compagne de route. Décidément, elle avait encore oublié qu'elle avait en face d'elle juste une petite fille…
— Non. Ma tristesse n'a rien à voir avec toi. Et, s'il n'existait pas de danger, je serais même heureuse que tu sois là.
Niamie hocha la tête avant d'ébaucher un sourire mutin.
— Et si je te fais un câlin, tu seras moins triste ?
— J'en suis persuadée, mais, pour l'instant, il faut me laisser un peu de temps avant d'en profiter pleinement.
Cette réponse parut rassurer la fillette dont le visage s'illumina. Elles repartirent côte à côte.

Lumière arrivait, Aila le percevait. Elle savait aussi que, derrière sa jument, le danger se rapprochait également sous la forme de six hommes, tous déterminés, dont un, encore caché dans l'ombre, bien plus que les autres… Elle ne détectait que des bribes incompréhensibles de leurs pensées, mais suffisantes pour deviner qu'ils voulaient la tuer au plus vite. Pour l'instant, sa principale préoccupation consistait à mettre Niamie à l'abri et, pour y réussir, elle courait dans la forêt, entraînant la fillette dans son sillage, cherchant de tous ses vœux, un endroit qui la dissimulerait. Enfin, elle distingua une vieille bicoque à demi délabrée et l'atteignit sans prendre la peine d'effacer ses traces. Elle y installa Niamie et lui expliqua :
— Je ne dispose que de très peu de temps pour t'éloigner du danger. Tu dois rester ici et surtout ne pas te montrer. Les hommes qui nous suivent ne s'embarrasseront pas d'un témoin s'ils te découvrent. Est-ce que tu me comprends ?
Niamie hocha gravement la tête. Libérée de sa nouvelle responsabilité, Aila partit à vive allure, désireuse d'attirer le futur combat loin de la fillette. Elle lança un appel vers Lumière pour qu'elle la rattrapât, maintenant.


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