L'Oracle de Tennesse, tome 3 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 284  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel des tomes 1 et 2)

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

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L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.

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Parvenue aux frontières du pays hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans avoir la moindre idée de ce que signifie être chamane, endosse ce nouveau rôle sans joie… Accompagnée par Adrien devenu Kazar, elle quitte Avotour pour le pays hagan.

Plus rien ne va… Depuis qu'Aila est devenue Topéca, Adrien et elle se parlent à peine. Rapidement, le prince réalise que la jeune femme, une fois de plus, porte sur ses épaules un fardeau beaucoup trop lourd et tente de la réconforter : Aila ne peut pas disparaître aussi facilement derrière Topéca. Rassérénée par les propos de son compagnon, la nouvelle chamane reprend la route sur les sentiers montagneux, le coeur apaisé.

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Leur chemin les mène à la rencontre de la tribu Appa dont le chef se nomme Quéra. Dès cet instant, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibrent sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent en sauvant les uns après les autres les enfants de la tribu tombés malades. Cependant, chez Topéca comme chez Aila, rien n'est offert aux autres sans qu'elle en paye le prix. C'est sous les regards inquiets des mères de la tribu que la chamane épuise son énergie dans le seul but de préserver des vies.

Mais la lutte ne fait que commencer. Derrière cette maladie insidieuse se cachent l'ombre de sorciers et leur perversité. Face à cette certitude, les détruire peu à peu devient une évidence, mais comment ? À présent, le moment est venu d'en affronter un parmi eux. Mais est-il possible de vaincre ces représentants du mal ? Quelle puissance nouvelle et inédite Aila - Topéca déploiera-t-elle pour y parvenir ?


Début du tome 3 - L'Oracle de Tennesse

Dévastée par le tour que prend sa vie, obligée d'abandonner au petit matin le plus beau de ses rêves, Aila reprend la route pour retourner en pays hagan. Tout en elle se rebelle contre cette destinée qui la brise jour après jour, insensible à sa souffrance ou ses désirs. Alors qu'un bruit de sabot retentit sur le chemin, elle découvre avec stupeur la venue de Niamie, la petite fille qu'elle avait sauvée de la sorcellerie au village de Pontet. Mais quelle idée saugrenue a traversé l'esprit de cet Oracle qui a choisi d'entraîner une enfant si jeune dans ses aventures périlleuses ?

Comme pour concrétiser les pensées d'Aila, un premier danger guette le duo et force les deux filles à fuir dans la nuit. Au cours de la journée suivante, alors qu'Aila a dissimulé sa compagne de route, le combat s'engage contre des mercenaires venus pour la tuer et dépêchés par un ennemi qu'elle a, elle-même, tué de ses mains. Les menaces de son ultime ennemi flottent encore dans l'air quand ce dernier fait demi-tour et s'enfuit.

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Le retour chez Nestor est douloureux pour Aila. Dans sa mémoire affluent tant de souvenirs émouvants voire éprouvants dont celui, si vibrant, de Topéca qu'elle ne pourra jamais redevenir… L'appréhension de la combattante ne cesse de s’accentuer jusqu’au pied des montagnes et, quand elle s'arrête, pétrifiée par la peur, Lumière continue d'avancer. Quand le premier sabot de son cheval foule le sol du pays hagan, Aila acquiert la certitude que, si elle revient en terre connue, la Terre, elle, ne la reconnaîtra pas…

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Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Yollande, Mon cadeau de Noël !

J'ai fini L'Oracle de Tennesse à 23 h 50 la nuit dernière avec un sentiment de grande joie pour la suite à venir : l'histoire au fil des tomes devient de plus en plus passionnante (mais où vas-tu chercher tous ces rebondissements !!!) Dur, dur de fermer ce tome, j'en voulais encore plus : la fin de l'Oracle est géniale. Chapeau, je me régale autant que si je lisais les Goodkind ou Hobb.
C'est un pur bonheur de retrouver Aila chaque Noël : j'ai ainsi mon cadeau !!! Merci.
Je m'impatiente déja de connaitre la suite, tu t'en doutes, alors… après les fêtes, il faudra se mettre au prochain tome. Non ? J'ai une patience infinie et j'attendrai, j'attendrai, j'attendrai… mais pas trop quand même !!

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MermaidC, Une saga envoûtante !

Avec ce troisième tome l'intrigue se complique pour notre plus grand plaisir ! Celui-ci est dense et même si j'ai eu un peu de mal à me plonger dans l'histoire au début et si j'aurais aimé un découpage du livre plus aéré (changement de chapitre plus fréquent par exemple, surtout lorsqu'on change de lieu et de personnage) j'ai quand même adoré ce livre ! L'Auteure possède une très belle écriture, elle nous fait partager tous les questionnements et tourments des personnages qui sont presque tous attachants (Pas cette horreur de Césarus hein !) J'ai particulièrement aimé dans ce 3e tome le fait qu'on puisse se placer du point de vue d'autres personnages (Hang, Aquiri…) En tout cas bravo et merci pour cette saga !

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Florence, Je suis en manque dès la dernière page !!

Préparez vous à une plongée en apnée de 600 pages
On replonge dans l'histoire d'Aila pour n'en ressortir que 600 pages plus loin. En effet, une fois la lecture commencée on ne décroche plus ! Ce tome, un peu plus cérébral que les précédents (et tout à fait en adéquation avec l'état physique de l'héroïne), fait davantage travailler l'imagination du lecteur pour notre plus grand plaisir. Le suspens est à son apogée à la fin… une seule chose à faire… attendre le quatrième tome !

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Marjolaine, MAGNIFIQUE !!

Passionnée par l'héroïque fantaisie, je suis gâtée !!!
L'histoire est belle, la poésie et le suspense toujours présents. Quel talent !! Chaque tome me laisse en haleine et j'attends la suite avec impatience. À quand le 4e ??

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Miss Macaron, Un très bon cru ce 3e tome !

Un très bon 3e tome, avec une Aila qui évolue encore, qui se pose mille questions dans lesquelles chacun peut se retrouver. Des questions qui trouvent leurs réponses, de nouvelles qui se posent, des héros qui vivent des moments de bonheur et de tristesse, du suspense, on se laisse une nouvelle fois complètement transporter au pays des Fées !

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VETIER, une fois de plus piégée par la magie d'Aila !

Le troisième tome a été englouti à la même vitesse que les deux précédents. On se replonge à chaque lecture avec bonheur dans cet univers de force et de fragilité. Aila est passée d'enfant à femme mais on ne veut surtout pas la quitter ! Vite, la suite !

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Gagnesaviepetitàpetit, Vivement la suite !!

Lecteur toujours tenu en haleine dans ce troisième tome comme dans les deux premiers.
Odyssée qui mériterait un succès international voire une adaptation au cinéma ou même en jeu vidéo (pour les duels au kenda cela plairait bcp).
Vivement la suite et la traduction en plusieurs langues.

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Sarah, Ma première nuit blanche

Après avoir séché des cours pour lire le tome 2, j'ai vécu ma première nuit blanche pour finir le tome 3 (alors que mes vacances de février arrivent !) Formidable, je veux être Aila. Quel roman ! Quelle histoire ! Quels personnages ! Et toutes ces reines…
Bref, lisez ce roman de fantasy mais ne vous faites pas prendre par vos parents en lisant la nuit. Je m'en suis tirée en leur montrant le passage de l'infiniment petit à l'infiniment grand en leur expliquant que je lisais de la science poétique ou de la poésie scientifique. Bingo  Ça a marché et ils m'ont laissée finir. Du coup, ils vont lire le tome 1. Et voilà !!!
J'attends la suite avec une très grande impatience. BRAVO !

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Blaise, installé à l’avant, attendait les ordres, tandis qu’Hubert inspectait le carrosse une dernière fois. Il eut à peine le temps de s’impatienter qu’Aila sortît, accompagnée d’Éléonore. Elle avait passé sur elle une grande cape à capuche large qui la faisait paraître toute frêle, presque fragile. Hubert ne s’attarda pas sur cette impression.
— Dépêchez-vous, Aila, nous risquons d’arriver très tard.
Il perçut un regard lourd de reproches de la part d’Éléonore. Sans y accorder d’importance, il alla la saluer et la remercier pour leur accueil ainsi qu’Henri, tandis qu’Aila et Élina s’installaient dans le carrosse. Éléonore s’abstint de tout commentaire, mais il était clair qu’elle n’en pensait pas moins.
Le carrosse s’ébranla et le temps se mit à fuir. Aila détesta immédiatement ce moyen de transport et se retint de demander si elle ne pouvait pas s’y rendre avec Lumière. Les routes cahoteuses finirent par l’incommoder. Éléonore l’avait prévenue avant le départ qu’elle risquait d’être secouée, mais pas qu’elle aurait le cœur barbouillé. Pour une fois, elle apprécia le silence d’Hubert, elle aurait été bien en peine de tenir une conversation. De toute façon, la présence d’Élina les aurait empêchés de parler librement. Petit à petit, elle s’habitua au rythme saccadé de leur voyage et repensa à sa discussion avec Éléonore, venue la trouver juste avant leur séparation.
— Je vous dérange ? avait-elle demandé quand Aila l’avait invitée à entrer.
Éléonore n’était pas le genre de personne à emprunter des chemins de traverse ; elle enchaîna immédiatement :
— Aila, je suis inquiète de la nature de votre mission et des conséquences possibles sur vous. Vous êtes une jeune femme très passionnée et donc très vulnérable. Non, s’il vous plaît, ne protestez pas, je sais ce que je dis. J’ai été comme vous et malheureusement, j’en ai beaucoup souffert. Je ne vous souhaite pas de vivre une vie telle que la mienne, même si aujourd’hui elle paraît idéale. Mais je m’égare. Barnais est un homme dangereux, un séducteur patenté et j’ai vu tant de femmes céder à ses avances et y perdre leur vie, tels des papillons qui vont brûler leurs ailes dans la lueur des flammes. Papillon comme les autres, vous avez beau les observer s’y laisser prendre, vous courez à votre perte sans vous en apercevoir… Je le sais parce que j’ai été à deux doigts de m’y griller. En très fin connaisseur du caractère humain, il repérera toutes vos failles et vous donnera l’impression que lui seul peut soigner vos blessures, colmater les brèches de votre âme et vous apporter enfin l’existence heureuse qui vous a toujours fuie…
Le regard d’Éléonore se perdit dans le vague, elle posa sa main sur sa bouche un instant avant de continuer :
— Quel âge avez-vous : seize ans, dix-sept, dix-huit ? Vous dégagez une force remarquable pour une femme aussi jeune. Si j’avais eu la même, peut-être ma vie aurait-elle suivi un autre cours… Mais à seize ans, un bel homme, grand parleur et si talentueux, vous fait vite tourner la tête. Ne vous laissez pas abuser, il flatte jusqu’à la tromperie. Il vous tiendra les promesses de toute une existence, de celles que vous avez secrètement espérées depuis que vous êtes née et que jamais personne n’avait formulées avant lui. Barnais vous les déclamera passionnément et vous le croirez, mais il ment ! Aila, je vous en conjure, prenez garde à lui. Qu’il ne ravisse pas votre esprit d’une façon ou d’une autre…
— J’ai entendu tous vos conseils, dame Éléonore et je resterai prudente.
Éléonore parut rassurée.
— Un dernier mot avant votre départ. Si vous le pouvez, montrez un semblant d’indulgence à l’égard d’Hubert. Il sait être plein de sagesse ; le souvenir de ses paroles m’a évité la plus grosse bêtise de ma vie avec Barnais, justement. Il l’ignore et je vous prie de ne pas lui en parler. Sa brusquerie, au premier abord, vaut largement la peine qu’on lui donne une deuxième chance. Si vous…, excusez-moi, j’ai entendu une partie de votre conversation, si vous n’avez pas reçu l’amour de votre père, lui n’a eu aucune enfance et a secondé son père depuis qu’il a été en âge de le faire, c’est-à-dire très tôt. Personne ne lui a fait de cadeaux et surtout pas la vie même si, comme vous le dites, il est né avec une cuillère en or dans la bouche. Il s’est comporté comme un goujat avec vous et, malheureusement, je le crains capable de continuer. Cependant, il est aussi susceptible de changer et de corriger ses erreurs. Barnais, non ! Il n’a jamais exhibé plus de cervelle qu’un moineau… Allons-y à présent, Hubert nous attend près du carrosse et risque de s’impatienter.
Éléonore sourit à la jeune femme et elles descendirent ensemble.
— Merci, dame Éléonore, je me souviendrai de vos conseils lors de mon séjour en Escarfe.
— Malgré votre sens aigu de la repartie, ne me rappelez surtout pas au bon souvenir de Barnais ! Il n’appréciera probablement pas !

Un cahot ramena les pensées d’Aila dans le carrosse. Le temps semblait figé et elle ne savait pas comment l’accélérer. Dire qu’à cheval elle ne s’ennuyait jamais… Enfin, Hubert avait promis que leurs chevaux seraient convoyés au château d’Escarfe, menés par un serviteur, dès le lendemain matin. Malgré les réticences d’Hubert, elle avait quand même réussi à emporter son kenda. Dehors, la lumière s’évanouissait doucement, remplacée par les ombres de la nuit.
— Nous allons arriver. Êtes-vous prête, Aila ?
Comme si elle avait le choix…
— Tout à fait, sire Hubert.
— Non, plus de sire Hubert. Vous êtes ma promise et, dorénavant, vous m’appellerez Hubert.
— Bien, Hubert.
Tandis que le carrosse pénétra dans la cour du château, le regard d’Aila s’accrocha à sa décoration : des centaines de torches pendaient, fixées aux murs, balcons et fenêtres, illuminant toutes les façades, c’était féerique. Hubert descendit le premier et tendit sa main pour aider Aila. Celle-ci, un peu surprise, mit un instant avant de placer la sienne dessus et de poser un pied dans la cour. Airin, un homme à l’allure bedonnante et joviale trottinait vers eux pour les accueillir.
— Prince Hubert, votre visite chez moi est un honneur incomparable, dit-il en s’inclinant.
— Votre accueil, sire Airin, est un des plus beaux qu’il m’ait été donné de voir. Cela me touche profondément. C’est un grand plaisir pour moi de rencontrer celui dont mon père me parle si souvent en bien.
Hubert se courba à son tour et, se tournant vers Aila, ajouta :
— Permettez-moi de vous présenter ma promise, Aila Hauban.
Elle tendit sa main à Airin qui la baisa.
— D’où venez-vous, charmante damoiselle Aila ?
Elle saisit une lueur de panique dans le regard d’Hubert, il avait aussi oublié de la préparer à cette question… Elle contint le soupir qui montait en elle.
— Sire Airin, accordez-moi de me rafraîchir et après, je vous le promets, je vous raconterai ma vie autant que vous le voudrez. Pour l’instant, j’aspire juste à me reposer de cet éreintant voyage.
— Vos désirs sont des ordres, gente damoiselle.
Sire Airin frappa dans ses mains et plusieurs serviteurs se présentèrent pour accompagner les arrivants dans leur chambre.
— Je vous ai réservé notre suite royale, naturellement, avec deux pièces contiguës séparées par une porte et un verrou.
Comme le voulait la coutume, les relations sexuelles avec son futur mari étaient permises à la promise uniquement si elle en manifestait l’accord explicite. La fermeture se situait donc dans sa chambre. Mais être promise ne signifie pas être mariée et bon nombre de rois avaient sauté sur l’aubaine pour abuser de leur promise avant d’en choisir une autre ! Devenues plus prudentes, les promises fermaient désormais leurs verrous beaucoup plus fréquemment et si le roi désirait une nuit à deux, il attendait le mariage.
— Un serviteur viendra vous prévenir du début du repas, précisa sire Airin.
Hubert et Aila pénétrèrent dans un magnifique hall d’entrée, gigantesque, avec deux imposants escaliers aux limons courbes, descendant de chaque côté d’une galerie. Elle resta statufiée, mais un petit geste d’Hubert la ramena à la réalité. Ils montèrent les marches de gauche et finirent tout au fond du couloir, dans les deux pièces immenses ! Elle n’en revenait pas. Au château d’Antan, les chambres étaient minuscules, même celles des châtelains. Sûrement qu’ici personne ne vendait ses possessions pour soulager la misère du peuple… Leurs affaires déposées, les serviteurs sortirent et elle se précipita pour verrouiller la porte de sa chambre et déverrouiller celle qui donnait chez Hubert, frappa et entra :
— Alors, qu’avez-vous encore oublié de me dire ? lança-t-elle, mécontente.
— Rien, je ne pensais pas que sire Airin poserait la question aussi vite et j’attendais d’arriver pour vous mettre au courant.
Devant la moue fâchée d’Aila, Hubert ajouta :
— Je vous assure que je n’ai rien cherché à vous cacher. Vous êtes Aila Hauban, fille d’un petit seigneur du royaume d’Épicral. Je sais que vous ignorez cette langue, mais j’ai trouvé un moyen simple…
— Si, coupa-t-elle.
Déconcerté, il la fixa.
— Je parle la langue d’Épicral presque couramment et je suis capable de tenir une discussion, poursuivit-elle.
Il tombait des nues.
— Vous la connaissez, mais comment le pouvez-vous ?
— La réponse est Hamelin. Féru de toutes les langues anciennes et modernes, il m’a appris celles de tous les pays limitrophes au nôtre. Tant que je restais muette, il s’est contenté de me faire lire des livres de sa bibliothèque et quand j’ai reparlé, il m’a entraînée à l’oral.
Essayant d’assimiler ces informations stupéfiantes, il se tut.
— Vous parlez aussi le hagan, mais c’est un langage impossible…
— Difficile, certes, mais pas impossible…
— Bon, revenons à l’histoire que j’avais mise au point. Plusieurs seigneurs épicréens portent Hauban comme patronyme. Vous demeurerez imprécise sur votre région d’enfance, car votre père vous a envoyée toute petite dans une maison d’éducation à Antan.
— Pauvre fille, commenta-t-elle. Dans ces endroits d’une tristesse à en mourir, on les forme, ou plutôt on les dresse à devenir de bons moutons bien dociles…
— C’est vrai, mais c’est tout ce que j’ai trouvé de plausible pour expliquer la quasi-absence de souvenirs de vos premières années. De plus, comme vous connaissez Antan, vous pourrez aisément les convaincre de la véracité de vos propos.
— Comment nous sommes-nous rencontrés ?
— Lors d’une de mes visites dans cette maison d’éducation.
— Et pourquoi m’avez-vous choisie ?
— Parce qu’une alliance avec un seigneur du royaume d’Épicral me donnerait un pied dans la place pour surveiller à loisir ce qui se passerait là-bas.
— Votre histoire tient la route. Pour le reste, moins on en dit, moins on risque de se tromper !
— Aila, soyez prudente, je vous en prie. Comme je vous l’ai expliqué, de graves menaces existent à l’intérieur de ces murs.
Pour la première fois, de l’intérêt pointait dans la voix d’Hubert et elle en fut touchée.
— Vous aussi, sire Hubert. Je ne constitue pas la seule cible potentielle… Je reste votre garde du corps et je veillerai sur vous.
Elle lut la surprise dans son regard. Peut-être avaient-ils enfin réussi à dépasser la difficulté de leurs premiers contacts. Elle rentra dans sa chambre qu’elle verrouilla et entreprit de suivre les conseils de la camériste de dame Éléonore. Par les fées, et Élina ? Elle l’avait oubliée ! Affichant une forme de désinvolture, elle ouvrit la porte du couloir et la découvrit, qui attendait, bien droite devant le mur.
— Entrez, Élina, je me suis assez reposée.
Puis, la porte refermée, elle s’excusa de l’avoir négligée. Élina opina avec un sourire, alla déballer la malle et prépara la toilette pour le soir : une magnifique robe en velours rouge sombre, à l’encolure carrée, avec des manches larges, en voile, resserrées par de délicats liens qui leur donnaient une allure bouffante, sauf au niveau des mains où elles s’évasaient. Une ceinture en métal doré, placée sur ses hanches, ajouta une note lumineuse à l’ensemble. Aila habillée, Élina s’occupa de sa coiffure. Elle détacha les cheveux qui, libérés, retombèrent en mouvements souples et gracieux. Elle y piqua de fins fils noirs invisibles au bout desquels de toutes petites fleurs ponctuaient d’éclats grenat la chevelure brune d’Aila dans un effet saisissant. La suivante compléta la tenue avec un ruban de satin noir, agrémenté d’une petite fleur rouge, qu’elle noua autour du cou. Muette, Aila découvrait la promise qu’elle était en train de devenir. Ainsi, le miroir lui renvoyait le reflet d’une ravissante jeune fille, presque une femme dont la présence en elle ne l’avait jamais effleurée et qui la laissait interdite. Son apparence ferait sensation et créerait probablement des jalousies ; cela suffirait-il à délier les langues ? Un coup frappé à la porte la ramena à la réalité. Élina ouvrit et Hubert entra :
— Je venais vous chercher pour aller souper.
Il s’approcha et marqua un moment d’arrêt, s’abstenant de tout commentaire. Il prit sa main en s’inclinant et la baisa.
— Personne ne restera indifférent à votre beauté ce soir, ma dame, lui concéda-t-il avec beaucoup de gentillesse.
Il lui offrit son bras qu’elle saisit et tous deux descendirent vers la salle à manger.

Leur entrée dans la grande salle assourdit les bavardages des convives, tandis que les yeux se tournaient vers le couple princier. Une vingtaine de personnes était attablée aux côtés d’Airin. Aila promena son regard sur chacune d’entre elles, essayant de mémoriser visages et expressions dans le but d’y découvrir un indice. Étonnée, elle nota la répartition déséquilibrée des femmes et des hommes autour de la table. Un groupe de six individus, placé sur la gauche, en bout de table, paraissait les fixer avec animosité. À côté d’une chaise laissée vacante à la droite d’Airin discutait une douzaine de dames. Le châtelain rappliqua promptement à leur rencontre et les installa à sa gauche. Il conversa avec eux comme il put, cherchant à combler le temps.
— Vous attendez quelqu’un, sire Airin ? hasarda Hubert.
Airin s’emballa :
— Juste mon bon à rien de fils ! Toujours en retard, alors que je lui avais expressément de venir à l’heure ! Il n’en fait qu’à sa tête ! Je voulais un fils et je n’ai qu’un joli cœur, inapte à tout. Si sa pauvre mère le voyait, elle en pleurerait de toute son âme. Elle, si volontaire, si courageuse… Enfin, heureusement, elle n’est plus là pour s’en désespérer. Et qu’il aille au diable !
Il se préparait à frapper dans ses mains quand un « Bonsoir, père » retentit dans l’obscurité de la pièce. La voix continua :
— Jolie tirade pour me présenter à vos invités. Je suis certain, cher père, qu’ils ont apprécié d’être mêlés à nos petites affaires familiales…
Airin grommela. De l’ombre, le fils caché passa à la lumière et subjugua aussitôt Aila. Ce n’était pas un homme, c’était un ange blond dont les yeux dorés semblaient lancer des éclairs. Sûrement un descendant des fées… Il adoptait une démarche légère et gracieuse, tandis qu’il s’approchait de la table de son père et d’Hubert en particulier.
Barnais s’inclina avec désinvolture :
— Bonsoir, sire Hubert, père n’a cessé de vanter votre venue dans tout le comté, tellement son bonheur de vous recevoir était grand.
— J’en remercie profondément votre père, répondit le prince, réservé.
Se tournant vers Aila, le fils du châtelain la salua, un fin sourire aux lèvres. Dans un état second, elle hocha à peine la tête.
— Je constate avec un plaisir infini que vous avez choisi une perle rare, sire Hubert. Je ne vous connaissais pas un tel goût en femmes…
— Comment pourrait-il en être autrement, puisque nous ne nous connaissons pas ? rétorqua froidement le prince.
Un instant, les deux hommes s’affrontèrent, puis Barnais tourna brièvement son regard envoûtant vers Aila :
— Nous entretenons un jardin extraordinaire, reprit-il, en s’adressant à Hubert. J’espère que vous me permettrez de montrer à votre promise la lune qui joue sur notre fontaine, c’est un moment inoubliable dans la vie d’une femme…
Le charme se rompit. Aila émergea d’un rêve éveillé. Quoi ! Cette espèce de coureur la marchandait déjà auprès d’Hubert comme un vulgaire bibelot de foire ! Ah ! ça, non !
— Je ne vois aucun inconvénient à cette sortie dans vos jardins si dame Aila acquiesce, répondit le prince
— Moi si ! coupa Aila.
Et là, le ciel tomba sur la tête de Barnais qui en ouvrit la bouche sans articuler une parole.
— Je crois, messire Barnais, que vous oubliez que je ne suis pas une potiche que vous pouvez déplacer à votre guise. Peut-être, si vous m’aviez directement posé la question, aurais-je accédé à votre demande et accepté cette promenade en votre compagnie, mais comme vous n’avez pas sollicité mon accord, je choisis de le donner ou non !
Barnais avait retrouvé sa contenance, mais, pour le moins, il semblait atterré, guère habitué à se voir refuser, et de surcroît publiquement, une de ses offres, surtout par une femme… Aila entendit des « Oh ! » et des « Ah ! » sur sa droite. Voilà donc pourquoi toutes les demoiselles s’étaient concentrées de ce côté, elles voulaient se tenir le plus près possible du séducteur.
— Me voici impardonnable, dame Aila, en raison de mon attitude. Je vous exprime tous mes regrets les plus sincères et m’incline comme il se doit pour me faire pardonner. Peut-être dans votre grande générosité me donnerez-vous une nouvelle chance pour reformuler ma demande dans des termes qui vous conviendront enfin. Je souffre d’avoir pu vous blesser et ne désire que réparer l’offense que je vous ai faite, à mon corps défendant.
— Nous en reparlerons donc une autre fois, conclut Aila, froidement.

Toute la soirée, elle sentit les yeux de Barnais qui la cherchaient et toute la soirée, elle les ignora. Placé à côté de son père, auprès de toutes ses admiratrices, il ne parvenait pas à rétablir le contact avec la promise d’Hubert, située quatre places plus loin et dont le regard ne se tournait jamais vers lui. Hubert se chargea d’animer le retour dans la chambre. Il explosa :
— Mais pourquoi diable lui avez-vous refusé cette promenade ?
— Ah ça ! Vous aussi, vous me prenez pour une potiche ? Jusqu’où allez-vous me vendre ? Est-ce que je dois coucher avec lui pour satisfaire vos envies ?
— Non, naturellement non…, marmonna-t-il, gêné.
— Alors, par les fées, faites-moi enfin confiance ! On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre !
— Mais vous étiez comme les autres, conquise ! rétorqua-t-il en fronçant les sourcils. J’ai presque eu peur pour vous.
Elle posa sa main sur son bras.
— C’est vrai, je le reconnais, le charme qui émane de lui m’a troublée, voire envoûtée. Je comprends à présent l’effet de séduction qu’il produit sur la gent féminine, mais je vous fais remarquer que, malgré cela, j’ai su lui tenir tête. Alors, faites-moi confiance. Bonne nuit.
Hubert acquiesça — avait-il réellement le choix ?
— Bonsoir, Aila.
Le prince rejoignit sa chambre. Elle ne prit pas la peine de verrouiller la communication entre les pièces. Elle alla vers son kenda, dressé sur le côté de la malle et le toucha. La palpitation qu’elle ressentit à son contact lui fit du bien. Elle pensa brièvement à Lumière qui arriverait demain. Déshabillée par Élina, puisqu’elle n’y parvenait pas seule, elle se coucha avec le beau visage de Barnais qui flottait dans sa mémoire. Elle revit ses yeux dorés, comme ceux d’un chat, qui se superposèrent rapidement à l’image d’une petite fée, encore plus dorée, qui lui parlait, non, qui l’appelait. Tout s’effaça, elle dormait.


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