PLus de quinze ans se sont écoulés depuis les dernières grandes batailles de la Wallanie, quinze ans depuis la disparition de la magie… Aila et Pardon vivent à Antan, avec leurs deux enfants : Naaly, seize ans et Tristan, quatorze ans et demi. Si Naaly est dynamique et plutôt rebelle, au contraire, Tristan apparaît effacé tout autant par son physique que sa personnalité. Pardon avec Hang et Bonneau ont repris le manège de Barou et Aila s'occupe comme elle peut.
Dans l'ombre, une femme grimée manœuvre pour obtenir une clé, celle qui ouvrira La Porte des Temps. Grâce à elle, elle espère changer le passé et sauver la personne qu'elle aime le plus au monde. Malheureusement, elle ne sait ni à quoi elle ressemble ni comment l'utiliser, mais elle est prête à tout pour le découvrir et, quand sa dernière tentative se révèle vaine, elle passe à l'action. Qui peut détenir cette connaissance, sinon un Oracle ?
En Avotour, la relation entre Aila et Pardon se dégrade jour après jour. En effet, Aila s'accroche lamentablement à un désir de troisième enfant qui se refuse à elle, se sentant davantage perdue à chaque nouvel échec. De plus, ses relations avec sa fille s'avèrent parfois compliquées, rendant la situation encore plus pénible à supporter, jusqu'au moment où, sans en comprendre réellement la raison, elle quitte sa famille.
Quand Pardon découvre la disparition de sa femme, sa colère explose froidement et il refuse de lui courir après. Mais son fils ne lui laisse pas le choix. Persuadé que sa mère court un danger, il s'enfuit lui aussi de la maison, obligeant ainsi son père à le suivre, accompagné de Naaly et Hang, qui abandonne sa femme, Niamie, enceinte.
Bientôt, Aila rencontre une vieille femme en difficulté qu'elle raccompagne chez elle et passe la nuit dans sa maison. Celle-ci lui annonce un avenir terrifiant avant de lui offrir un flacon et une pierre qu'elle attache autour de son cou. Le lendemain, Aila repart sans se souvenir de la conversation ni des présents.
Après une escale à Avotour, Aila repart juste avant que son mari arrive avec ses compagnons. Pardon, soulagé, retrouve son fils et décide de repartir avec Hang tout en laissant ses enfants à la garde de Bonneau. Mais, encore une fois, Tristan échappe à la surveillance de son grand-père, entraînant à sa suite, Sekkaï, le fils de Sérain et de Lomaï d'Avotour, puis sa jumelle, Merielle, accompagnée par Naaly.
Attaquée par des bandits qui lui dérobent son cheval, Lumière, Aila chute et perd la mémoire. Tandis que Pardon et Hang suivent la piste de la jument, la troupe d'adolescents, guidée par Tristan, s'engage sur les traces d'Aila.
Aila et la Magie des Fées, un joli titre qui n'attirait pas spécialement ma curiosité… Si j'avais su un jour qu'un livre de fantasy allait me rendre autant adepte de la lecture, je ne l'aurais pas cru. On pourrait croire à un livre pour fillettes rêvant de magie et d'univers parallèles, pourtant je dirais que c'est un livre qui en passionnerait plus d'un, tous âges confondus. Un livre magnifiquement bien écrit, qui révèle des détails qu'on ne pourrait imaginer…
Je me lance… j'ouvre le livre, je commence à lire quelques pages, 13, 20, 35… je dévore toutes ces lignes à une vitesse folle. Et voilà maintenant que je le prends dans le bus le matin, à ma pause déjeuner, le soir pour rentrer, et juste avant de me coucher. Je tourne les pages plus vite que mon ombre et naît un sentiment d'impatience de connaître la suite.
Au fil de l'histoire, je me suis complètement identifiée à l'héroïne ; elle était moi et j'étais elle. C'est comme si nous ne faisions qu'un. Une sensation qui reflète ma façon d'agir, de penser, de vivre… une aventure que j'ai lue et surtout vécue intérieurement pendant mes quelques jours de lecture passionnée. Je le relirai encore avec plaisir et avec les mêmes sentiments que la deuxième fois ! Un livre à l'avenir tout tracé que je conseillerai à tous mes proches !!!
Olala !!!!! Rien que le premier chapitre, et j'étais déjà accro !!! Ce qui est vraiment génial, c'est d'avoir pris plein de thèmes et histoires qui font partie de notre inconscient imaginaire et d'en avoir fait quelque chose de neuf ! Le tour de force de Catherine, c'est de parvenir à dévier ces éléments pour créer son propre monde et, ainsi, de générer un plaisir double pour le lecteur : celui de revivre un imaginaire de l'enfance dans un autre.
Tout est vraiment bien écrit et très fluide (et merci d'employer le subjonctif imparfait !!! J'adore ce temps qui ajoute un côté féerique et intemporel, justement typique du conte).
Aucune pesanteur, les personnages, leur origine, tout est bien posé en douceur et, pourtant, au milieu de péripéties palpitantes ! Le rythme est parfait ! C'est super bien ficelé, drôle, et, de plus, étonnamment d'actualité ! (toute la description d'Avotour, des problèmes causés par la misère, l'angoisse de ce qui va survenir…) Bref, je suis toujours aussi fan !!!
Eh bien, si je m'attendais un jour à donner mon avis sur un livre de fantasy, moi qui ne lis que des magazines d'économie, un ou deux ouvrages (sérieux) par an, et jamais de fantasy. J'ai été fortement incité à parcourir Aila et la Magie des Fées et je ne le regrette absolument pas. Une fois le prologue avalé, je pénètre dans un roman qui débute à la fois doucement (un environnement bien brossé, une fine description des personnages — aux caractères très affirmés — qui offrent tous un élément auquel s'attacher, une subtile entrée en matière des fées, imperceptiblement) et rapidement avec de l'action dès le premier chapitre — ça ne s'arrête plus jamais — et des dialogues d'une incroyable pétulance. Pas moyen de s'interrompre une fois qu'on a mis le doigt dans ce livre…
Il faut aussi que je vous précise qu'après cette lecture, je suis en mesure de vous affirmer que le titre « Aila et la Magie des Fées » est très réducteur, en effet, ce roman déborde d'éléments qui en font un excellent moment littéraire.
Catherine Boullery parvient à nous tenir en haleine tout au long de cette histoire, nous y passons d'aventures en aventures. Alia est non seulement une combattante hors paire et une jeune femme au caractère bien trempé, mais aussi une personne pleine de douceur, qui sans le savoir est avide d'amour et de romantisme. Bien sûr , il me faut aussi parler des fées et du coté magique de ce livre, qui y tient aussi une partie importante et qui fait le lien avec les deux tomes suivants.
Avec ce roman j'ai donc vécu des moments romanesque, fantastique, d'aventure, J'ai voyagé au sein d'une contrée imaginaire.
Je ne saurai donc que vous conseiller de découvrir les aventures d'Alia si vous êtes en quête de toutes ces choses.
« Aila et la Magie des Fées » est donc le premier tome d'une saga, qui je maintiens mon opinion, aurait mérité un titre un peu plus recherché.
Voilà ce qui se passe quand, en lisant un livre pour la seconde fois, je me sens une nouvelle fois littéralement happée par l'histoire : je me lâche ! Extrait : « Qu'est-ce qui m'a plu dans Aila et la Magie des Fées ? […] ce qui est intéressant, c'est que contrairement à d'habitude […], c'est une femme, Aila, qui reçoit toutes les caractéristiques des héros : combattante efficace, elle sait manier les armes, et peut se montrer fine stratège. Cela donne de la profondeur au personnage, et le roman a une coloration féministe en montrant comment une très jeune femme peut s'affirmer dans un monde d'hommes et instaurer un nouveau rapport à autrui. […] Autre chose : Aila est un personnage amusant et touchant, parce que contrairement à certains héros de fantasy, elle est un personnage inachevé : elle est encore en train de grandir, elle est souvent montrée en train d'apprendre à devenir une guerrière, on la voit même être très naïve, faire des erreurs importantes, et se méprendre sur les intentions d'autres personnages. C'est rassurant, ou réaliste, comme on veut, de découvrir un personnage qui n'est pas auréolé de toutes les perfections. […] on peut lire une réflexion sur le pouvoir et sur les modes de gouvernement. Ainsi, les actions humaines ont autant de place que la magie : Aila instille la volonté, chez les princes et les rois, de sortir de leur passivité, d'arrêter d'attendre une évolution extérieure, et de réfléchir par eux-mêmes à la manière de mieux gouverner leur pays et d'améliorer les conditions de vie de leur peuple. C'est surtout un roman sur la disparition de la magie […]. Or, cette magie ne peut disparaître, et cela nous est prouvé doublement : parce qu'elle aide à sauver le monde dans l'histoire racontée par le livre, mais aussi d'une autre manière : elle est peut-être fée, l'auteure de ce livre, car son livre agit sur le lecteur comme celui des fées sur Aila ; on se sent comme aspiré par une histoire qu'on ne veut plus quitter et qui s'offre très facilement à la lecture. Comment mieux affirmer que les livres et la lecture font ressusciter la magie et peuvent réenchanter notre monde ? »
Un monde féerique envoûtant, une histoire passionnante qui vous tient en haleine de la deuxième jusqu'à la dernière ligne. On vit des émotions intenses avec Aila ! J'ai autant dévoré les livres de Boullery que ceux de Goodkind, Tolkien ou Martin. Lisez les trois premiers chapitres : vous ne pourrez plus vous arrêter !
Catherine Boullery réenchante la saga fantastique en trempant sa fine plume dans la clarté du conte. Les fluides aventures d'Aila sauront sans aucun doute poser leur charme puissant sur les enfants de 10 à 90 ans : un sort suffisamment puissant pour tenir en haleine au fil d'une histoire-fleuve.
J'ai eu le privilège de découvrir en avant-deuxième les aventures d'Aila. Elles m'ont tenu en haleine pendant plusieurs jours, c'est ce genre de roman qu'on peine à refermer tard le soir, mais dont on essaie d'économiser certains chapitres pour le lendemain ! J'ai hâte de découvrir la suite et suis ravi d'apprendre que d'autres personnes découvriront cet univers vraiment particulier et attachant. Bonne lecture à tout le monde !
Je suis en train de relire Aila et la MAGIE est toujours là. C'est époustouflant, car je sais que, dans un an, dans dix ans, il y aura toujours cette magie que je me régalerai à redécouvrir. Ce livre enchanteur, envoûtant, fait partie de ceux qui me sont « intemporels » et dont le plaisir de la relecture reste toujours aussi fort : on s'attache à Aila, on se l'approprie, on vit sa vie au fil des mots, au fil des pages, on la voit grandir comme un enfant (on en est fière n'est-ce pas, Catherine ?) et on en redemande encore et encore. Et on se dit qu'on sera patiente comme jamais pour connaître la suite, mais surtout, surtout, ne jamais connaître sa fin !
Tous les ingrédients sont là : l'amour, l'amitié, la fidélité, le courage, l'aventure, l'espérance, les joies et les peines, le doute, l'angoisse, la violence, la mort… Exercice de très haute voltige. Je suis très touchée d'avoir eu le privilège de lire le 1er tome il y a un an et je n'ai plus qu'un mot à dire : longue vie à Aila.
Aila s’observait dans le miroir. Elle avait fini par accepter ces images d’elle qui ne lui ressemblaient pas, tout en trouvant particulièrement déconcertant ce nouveau reflet qui s’offrait à ses yeux. Elle avait revêtu la robe de bal beige, recouverte de dentelles fines et brodée de perles. Serrée sous la poitrine, cette dernière s’évasait ensuite, prêtant à chacun de ses mouvements une fluidité éthérée. Élina avait dégagé l’ovale de son visage en rabattant les cheveux vers l’arrière d’où ils pouvaient flotter en toute liberté. Une perle, comme celle offerte par sa mère, pendait sur son front, accrochée par une chaîne. La promise jouait son rôle à la perfection. Un coup frappé lui indiqua que le prince venait la chercher pour le repas. Comme chaque fois que son regard se posait sur elle, il s’abstint de tout commentaire et, encore une fois, la déçut un peu plus…
— Les heures passent et je n’ai toujours rien découvert. Et de votre côté ? demanda Hubert.
— J’ai relevé de petits faits singuliers, mais qui méritent un approfondissement. Barnais parle de me montrer le clair de lune sur sa fontaine depuis notre arrivée, je vais l’accompagner ce soir et tenterai de le mettre en confiance.
— Bonne idée. Pour ma part, j’ai reçu plusieurs invitations pour des soirées entre hommes et j’hésite encore sur laquelle choisir… Venez, rejoignons nos hôtes.
Dans la cour, un interminable défilé de carrosses déversait quantité d’invités ! Sire Airin avait sorti le grand jeu et convié tous ses voisins. La réception débuta par la présentation officielle du couple, puis Aila et Hubert échangèrent des salutations courtoises avec une multitude d’inconnus.
Le repas fut animé et l’idée du bal qui devait lui succéder créait une ambiance chaleureuse et légère. Toutes les personnes présentes avaient revêtu leurs plus beaux atours et l’agitation atteignit son comble quand elles rejoignirent le salon. Sous la pression d’Aila qui refusait de danser, Hubert ouvrit le bal avec la sœur d’Airin avant de retourner s’installer aux côtés de sa promise, littéralement clouée à sa chaise.
— Barnais a les yeux rivés sur vous en permanence, lui chuchota-t-il.
— Je sais.
— Vous devez trouver un moyen de parler avec lui !
— Je le sais également, mais si je me lève, il va m’inviter à danser, gémit-elle.
— À présent, la musique accompagne les danseurs que vous surveillez depuis un bon moment, que diriez-vous d’essayer une nouvelle fois… ?
Elle lui jeta un regard suppliant :
— Non, c’est encore trop tôt…
— Comme vous le voudrez, soupira-t-il.
Mais la vie en avait décidé autrement, car Barnais se dirigeait vers eux. « Non ! non, pas maintenant… », pensa Aila, complètement tétanisée. Le fils d’Airin s’inclina :
— Dame Aila, vous observez les danseurs des yeux, sans participer à la fête et cela me brise le cœur. Accepteriez-vous de danser avec moi ? Naturellement, avec votre permission, sire Hubert…
Elle jeta un coup d’œil désespéré à Hubert qui la poussa d’un regard à y aller. Soupirant confusément, elle se résolut à tendre sa main à Barnais, la mort dans l’âme :
— Je ne sais pas danser…, lui précisa-t-elle, avec timidité non feinte.
— N’aimez-vous pas la musique que vous entendez ?
— Si beaucoup, mais je maîtrise mal les pas de danse.
— Ce n’est que cela ! Laissez-vous emporter dans mes bras et bercer par la mélodie… Plus rien d’autre au monde n’existera.
Et ce fut ce qu’elle fit, sa robe voltigeant autour d’elle. Elle ne pouvait plus s’arrêter… Barnais la guidait avec conviction et souplesse. Il n’y avait plus de pas, juste une harmonie qui résonnait en elle comme le plus grand des bonheurs. Elle rayonnait, la pièce tournait jusqu’à en disparaître. Entraînée et enivrée par son cavalier enchanteur, elle ne faisait plus qu’un avec lui, à tel point qu’elle perdit de vue qui ils étaient et où ils se trouvaient. Jamais elle ne s’était sentie aussi bien, entourée par les bras d’un homme qui la dévorait des yeux, en lui souriant. Elle se découvrait belle, attirante, une femme tout simplement, prête à tout pour vivre son rêve jusqu’à l’aube, et ne pensait plus à rien d’autre qu’au plaisir de danser avec lui, indifférente aux coups d’œil assombris d’Hubert ou à ceux de Rebecca qui, délaissée pour le compte, les fusillait du regard.
— Accepterez-vous ce soir de venir à la fontaine voir le clair de lune avec moi ? lui murmura-t-il.
— Pourquoi pas ?
— Allez m’attendre dans le jardin, je vous rejoins bientôt.
Aila flottait sur un petit nuage. Elle avait un peu chaud et se retrouver dans l’air frais de la soirée la fit légèrement frissonner. Elle avança doucement sur le chemin, s’éloignant de la fête et de la musique, heureuse d’écouter le silence après toute cette agitation. Elle entendit le pas de Barnais qui la rattrapait. Tandis qu’ils remontaient tranquillement l’allée, une main fébrile frôlait la sienne comme une caresse.
Il ne lui avait pas menti, le spectacle lui coupa littéralement le souffle. Sous le clair de lune, éclairée par une magnifique lumière, la fontaine immaculée se détachait sur les ombres du jardin comme une flamme blanche, presque aveuglante. Se plaçant à côté d’elle, il l’enlaça doucement, avec un naturel désarmant :
— Je vous avais bien dit que c’était merveilleux…
Posément, il approcha ses lèvres des siennes. Aila n’hésita pas, elle voulait désespérément ce baiser et en apprécia chaque seconde. Si tous les hommes embrassaient ainsi, peut-être avait-elle commis une erreur en commençant si tard… Le baiser fut langoureux et prolongé. Quand leurs lèvres se séparèrent, ce fut elle qui en rechercha un second. Seulement, au moment où elle sentit les mains expertes de Barnais qui remontaient de sa taille vers sa poitrine, elle les repoussa avec douceur et fermeté. Elle s’écarta gracieusement de lui, en riant :
— Cher Barnais, croyez-vous qu’un simple petit baiser peut m’asservir ? lança-t-elle d’un ton un tantinet moqueur.
— Non, un petit baiser dévoile juste la promesse de tout ce que je peux vous offrir d’autre…
Aila se fendit d’un sourire appréciateur :
— Mais vous connaissez déjà mon statut de promise, je ne suis plus une femme libre.
— Avez-vous accordé votre cœur à sire Hubert ?
— Non, pas encore, c’est un personnage si peu…
— … intéressant ? trancha Barnais.
— Votre futur roi ne serait-il pas un homme intéressant ?
— Si peu, affirma-t-il
— Si peu intéressant ou si peu votre roi ?
— Touché, se contenta-t-il de répondre, évasif. Une femme telle que vous mérite mieux qu’un pays qui s’écroule. Vous avez l’étoffe d’une reine aux pieds de laquelle je serais prêt à déposer un royaume !
Il s’agenouilla. Tant d’émotion brisait sa voix qu’Aila se sentait vibrer. Elle lui tendit sa main pour l’amener à se relever. Mais alors qu’il escomptait un nouveau baiser, elle se déroba.
— Vous avez raison, mon cher Barnais, j’ai l’étoffe d’une reine, même d’une grande reine et c’est pour cela que je vais épouser sire Hubert, pour être reine, mais…
Elle garda ses mots en suspens pour mieux accrocher le fils d’Airin.
— … mais si jamais vous avez mieux à me proposer avant mon mariage, vous savez où me trouver…
Elle se serra contre lui, laissant glisser ses mains le long de son buste, et murmura, la bouche près de son oreille :
— Mon petit baiser représentait juste un avant-goût de ce que j’ai à offrir…
Les lèvres d’Aila effleurèrent le cou de Barnais jusqu’à son oreille, puis elle se détourna et s’éloigna, un regret fugace au fond du cœur.
— Excellente fin de soirée, mon cher Barnais.
Remontant vers sa chambre en traversant le jardin, elle passa devant une fenêtre entrebâillée dont elle se rapprocha par curiosité, avant de reculer dans l’ombre et d’écouter, tentant d’identifier ceux qui parlaient. Elle grava leurs voix dans sa mémoire. Une porte s’ouvrit et elle reconnut sans surprise celle de Rebecca dont le premier geste fut de fermer les vantaux, coupant court à son espionnage. Elle attendit un instant, puis fila dans la chambre d’Hubert lui raconter tout ce qu’elle avait vu et entendu. Elle le trouva la mine renfrognée, s’énervant sur la boucle d’une sacoche.
— J’ai des nouvelles intéressantes, lui dit-elle. En premier, ce midi, j’ai observé qu’un groupe d’hommes, situés sur votre gauche, en bout de table, avaient une attitude très différente du reste des invités. Ils ont passé une partie du repas à vous jeter des coups d’œil malveillants, mais, étrangement, aussi vers Barnais. J’ignore qui ils sont, mais je peux vous les décrire.
— Pas la peine, je vois. L’un d’entre eux est Ardenais dont le château borde la frontière du royaume de Faraday. Il peut vraisemblablement alléguer des raisons de s’allier avec ce pays voisin s’il en retire un gain pécuniaire ou territorial. Il y a aussi Duclau, Bourdin et je ne connais pas le nom des autres. Il faudra essayer d’en découvrir plus.
— Je pense que je pourrai soutirer quelques informations à Barnais, il est tellement sûr de lui qu’il peut se faire manipuler, avec un peu de doigté…
— Et un peu de baisers, peut-être ?
Elle fronça les yeux, la moutarde lui montait au nez :
— Vous m’espionnez ! Félicitations ! Je ne savais pas les princes réduits à ces extrémités tout juste au service des médiocres ! Et puis qu’est-ce que cela peut vous faire ?
— Vous êtes ma promise et si les gens apprennent que vous vous laissez embrasser par Barnais, je vais être la risée d’Avotour !
— Ce n’est que cela qui vous gêne ! Pas de soucis ! Avant notre départ, tout le monde saura que vous m’avez répudiée et votre honneur demeurera sauf !
— Vous n’avez pas, non plus, à vous donner en spectacle !
— Ravivez donc vos souvenirs un peu brouillés. Vous vous apprêtiez à me vendre à lui pour soutirer quelques précieuses informations et voilà que, maintenant, vous devenez vert pour un simple baiser. Arrêtez, vous êtes ridicule !
— Je ne suis pas ridicule ! hurla-t-il, sans retenue.
— Alors, c’est que vous êtes stupide ! J’avais d’autres nouvelles à partager, mais, compte tenu de votre incapacité à les recevoir, je reviendrai quand vous aurez repris le contrôle de vos émotions !
— Et c’est à moi que vous dites cela ! Vous ne vous êtes pas vue, mollement alanguie entre ses bras !
— Voyeur ! Jaloux ! Ah ! c’est ça qui vous dérange ! Le fait que j’ai apprécié qu’il m’embrasse, mais cela ne vous regarde en rien ! Et s’il m’en fournit encore l’occasion, peut-être que je recommencerai !
— Je vous l’interdis ! explosa-t-il.
— Je n’ai signé aucun engagement d’obéissance avec vous au cas où vous l’auriez oublié ! Je vous protège et vous sers fidèlement, mais pour le reste, même pas en rêve !
Elle lui jeta un dernier regard provocateur et sortit de la pièce, refermant soigneusement le verrou de séparation. Elle ne décolérait pas et fit les cent pas jusqu’à ce qu’enfin, la tension qui l’habitait s’apaisât… Calmée, elle se coucha, revoyant comme chaque soir la petite fée dorée au moment de sombrer.