➃ La Dame Blanche | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

La Dame Blanche, tome 4 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel des tomes 1 à 3)

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.

◎ ◎ ◎

Parvenue aux frontières du pays Hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans pidement, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibrent sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent et crée La Tribu Libre regroupant les opposants de la Tribu Principale. Redescendue dans la plaine d'Avotour, Topéca redevient Aila au grand désespoir de cette dernière qui se perd entre ses différents rôles.

La lutte n'est cependant pas terminée et Aila parvient à renverser le roi du Faraday pour le remplacer par son frère. Alors qu'elle continue de combattre son destin, la clarté d'un regard lui donne envie d'aimer et d'être aimée. Malheureusement, au petit matin, l'Oracle l'appelle et elle quitte tous ses amis, même lui... Désespérée, elle renonce à tout. Cependant, sa quête ne restera pas solitaire très longtemps, car elle est rejointe par Niamie dans un premier temps, puis par Hang.

◎ ◎ ◎

Au cœur du pays Hagan, après deux confrontations avec la sorcière, Aila retrouve Amata et devient la nouvelle porteuse de L'Oracle de Tennesse. Sous le déferlement de la connaissance, Aila s'efface totalement, mais Niamie s'y oppose de toutes ses forces et permet à la jeune femme de renaître derrière la personnalité si particulière de l'Oracle, l'amenant à organiser petit à petit sa double vie.

◎ ◎ ◎

Parvenue en Épicral, Aila se lie d'amitié avec la reine Hatta avant de rejoindre la reine Alsone en Estanque. Sans toutefois rallier cette dernière à Avotour, elle obtient la participation de ses soldats. Ses relations avec Hang s'étant nettement dégradées, leurs chemins se séparent.

◎ ◎ ◎

L'Oracle est une source incroyable de connaissances dont Aila s'enrichit pour mieux comprendre la façon de vaincre Césarus tandis qu'elle développe une nouvelle magie qui la rend lumineuse : la magie ancienne. Rebelle, exclusive, cette dernière ne lui offre aucune réponse et chacun des progrès d'Aila se paie au prix fort. Une petite et dangereuse incursion dans le cerveau de Césarus lui en apprend beaucoup sur les projets de son ennemi et Aila commence à organiser la résistance.


Début du tome 4 - La Dame Blanche

Alors que le combat de Bâmes bat son plein, en Niankor, Aila donne la vie. Elle se sépare de la magie pour un temps tandis que Hang est en chemin pour la Wallanie. Cette pause auprès de Nestor lui donne l'occasion de réfléchir sur les orientations de sa vie, mais la magie finit par reprendre ses droits et, Aila, son combat.

◎ ◎ ◎

Alors que ses voyages dans l'infini l'écarte de plus en plus de sa vie de femme, Aila s'accroche à son humanité et progresse peu à peu dans sa maîtrise par trop aléatoire de la magie. Face au projet démesuré de Césarus, elle recrute des partenaires supplémentaires, dont l'écorcheur, le père pirate de la reine d'Épicral, et Arthur, le marin ami du roi d'Avotour. Ces nouveaux alliés suffiront-ils à contrer définitivement l'empereur ? Aila parviendra-t-elle à surmonter les plus douloureux écueils de sa vie ? À moins que son destin soit de tout abandonner ?

❈ ❈ ❈ ❈ ❈

Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Anmarie, Captivant

Je l'ai attendu… et je n'ai pas été déçue !
Ce quatrième tome a tout : la poésie, l'imagination, le style et la belle écriture, habituels chez Catherine Boullery, mais, en plus, un suspense tout à fait captivant ; je crois que j'ai été encore plus « accrochée » que dans les trois premiers tomes !
Je ne connaissais pas ce monde de la « Fantasy » et c'est pour moi une grande découverte.
La suite se passera 15 ans après… mais pas la publication.

Sur UPblisher
Miss Macaron, Un dernier tome riche en rebondissements !

Tome 4 et dernier tome de la saga : Aila qui se questionne, qui doute, des rebondissements en tout genre, de la magie, des sentiments, des liens qui se nouent ou se renouent, voilà en résumé ce que contient ce dernier tome de cette superbe saga qui réponds enfin aux questions que vous vous posiez ! Vous vibrerez d'émotions comme Aila : d'agacement, d'énervement, d'abattement, d'espoir, d'amour, de joie ! N'hésitez pas à vous lancer !

Sur Amazon
Niniserreche, Super tome IV !

J'ai encore une fois été emportée par le récit des aventures d'Aila et de ses compagnons, dans sa quête de liberté pour son monde face à tous les dangers qui les entourent et l'ultime combat contre les armées de Césarus.
Et jusqu'au bout l'auteur nous tient en haleine et le suspense est conservé, on tremble pour cette héroïne hors du commun qui nous emporte dans son extraordinaire aventure.
Merci Catherine Boullery pour ces moments de Merveilleux et de Fantasy et à bientôt avec une suite ?!!!…
Si vous vous voulez vous évader dans un autre monde, alors lisez la superbe Saga D'Aila !!

Sur UPblisher
Countrycat, Magique

Plein de rebondissements inattendus. On est tenu en haleine jusqu'au bout. Catherine nous transporte dans son voyage dans son monde imaginaire et quel plaisir de la suivre.

Sur Fnac
Yoli, BOULEVERSANT !!!! INTENSE !!!!! CAPTIVANT !!!!!

Je suis encore toute émue d'avoir fini le tome IV, bouleversée par ces rebondissements (j'en ai versé des petites larmes !! Un GRAND bonheur), c'est tout l'art BOULLERY car dorénavant il faudra rajouter cette auteure parmi les Grands de la Fantasy.
C'est une saga magnifique et qui au fil des livres grandit de plus en plus, l'écriture s'affine, l'émotion devient de plus en plus poignante. On a presque envie qu'elle n'ai pas de fin.
Rarement eu le bonheur de vivre une histoire aussi intensément, j'en redemande encore ! MERCI n'est pas un mot assez fort mais comme je n'ai que celui là… alors merci de nous avoir donner la chance de vivre « AILA ».

Sur UPblisher
Patou45, Super saga !

Voilà, c'est fini !!! Le quatrième tome d'Aila « La Dame Blanche » est rangé (électroniquement) après avoir été dévoré littéralement !! Il faut dire que j'étais resté sur ma faim depuis janvier 2014, après le troisième tome L'Oracle de Tennesse !! et j'avais vraiment hâte de retrouver ces aventures.
Que dire de cette saga ? Que c'est de la Fantasy dans ce qu'il y a de plus pur et de plus beau ? Que l'on est pris dès la lecture des premières lignes du tome 1 et que l'on ne peut plus se détacher ? Que l'héroïne et les autres personnages sont bien dessinés et attachants (les bons surtout) ? Que les aventures peuplées des personnages ayant bercé notre enfance (héros se sortant de toutes les situations, mais tellement humain avec ses doutes, fées, sorcières, chaman…) sont extraordinaires et merveilleuses ? Que… ?
La réponse est oui…, 1000 fois oui.
Chapeau bas à l'Auteur.
J'adore la Fantasy, la SF et j'en ai lu beaucoup…, mais là… On en reste coi !! L'imagination de l'auteur est débordante, virevoltante, bondissante… On pense en avoir atteint ses limites… et hop, on va encore plus loin, toujours plus loin dans le merveilleux et les rebondissements.
C'est du pur bonheur. On en redemande.
Rarement une saga m'a « emporté » de cette façon. J'attends avec impatience une suite éventuelle ou une autre saga de cet auteur.

Sur Amazon

L'auteure Catherine Boullery Blog de fantasy Univers de fantasy Aila, l'héroïne Interviews Communauté d'Aila Salons du livre Coups de cœur des lecteurs Avis des lecteurs Je déclare ma flamme Pourquoi écrire Auteurs de fantasy Liens de fantasy Ramdam Photos d'ambiance Photos de papillons Piratage Campagne de financement Remerciements Supportez la romancière… Téléchargez, achetez… Tout sur l'auteure de fantasy


Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila, malgré son coucher tardif, se leva de bonne heure et partit se promener, seule. Ne connaissant guère les alentours, elle retourna avec Lumière à l’étang. Elle appréciait ce moment de solitude quand le bruit d’un trot lui fit tourner la tête et découvrir Barnais qui arrivait. Venant vers elle d’un pas léger, il ne semblait pas marcher, mais simplement flotter au-dessus du sol. Il souriait et ses yeux dorés palpitaient de mille feux sous la douce lumière de l’aube.
— Aila, je vous ai cherchée partout ! La soirée d’hier restera gravée comme la plus belle de ma vie et je l’ai passée en votre compagnie. Je n’avais jamais cru possible un tel partage avec une femme et je m’aperçois du contraire… Ce fut une révélation. Je ne savais pas que je pouvais ressentir des sentiments aussi exquis avant de vous croiser. Quittez sire Hubert ! Venez avec moi et je déposerai le monde à vos pieds, lança-t-il avec panache.
— Voici de bien belles paroles, Barnais, mais votre réputation vous a précédé et, je ne peux, ni ne veux, sur une toquade, renoncer à mon avenir.
— C’est vrai, je l’avoue, je suis un coureur. J’ai troussé plus de filles à moi tout seul que tous les hommes du château. Je les ai prises à mon goût, jeunes ou mûres, servantes ou comtesses, libres ou mariées. Mais, aujourd’hui, tout est fini, je vous ai découverte…
Barnais mit un genou en terre :
— Épousez-moi et je vous promets que je serai le mari le plus sage au monde, que je ferai de chacun de vos jours un havre de paix et de bonheur. J’ai enfin trouvé en vous la femme de mes rêves et, sans vous, je ne survivrai pas…
Sa demande, sa promesse même médusait complètement Aila. Il lui déballait vraiment le grand jeu, mais, simultanément, il manifestait une si sincère conviction qu’elle aurait été tentée de s’y laisser abuser… Il se rapprocha d’elle :
— Aila, ce premier baiser que nous avons partagé hier fut comme si c’était le premier de ma vie. J’en tremble encore… J’ai à peine dormi, ne cessant de penser à vous jusqu’au petit matin. Vous avez hanté mes rêves comme une ombre éclatante. Ne me dites pas, je vous en conjure, que vous n’avez rien ressenti de semblable…
— Non, Barnais, j’ai beaucoup apprécié ces moments, je vous l’assure. Mais si vous avez songé à moi pendant toute la nuit, le trouble a aussi envahi mes propres rêves. Je suis la promise de sire Hubert et, en aucun cas, je ne dois l’oublier. La soirée fut des plus délicieuses en votre compagnie et peut-être ai-je proféré des propos que je n’aurai pas dû tenir ou laisser entendre. Sachez-le, Barnais, je le regrette.
— Aila, reconsidérez ma proposition, s’il vous plaît ! Je vous implore à genoux ! Ne répondez pas non, maintenant. Vous êtes la seule, l’unique ! Ne faites pas de moi l’homme le plus misérable d’Avotour sans y avoir réfléchi. Je vous en prie, Aila, je vous en supplie. Pour vous, je renoncerai à tout, à ma vie, à mon château. Je me ferai fermier si vous me le demandez, ou cordonnier. Tout, Aila, je ferai tout pour vous garder…
— Combien de fois, Barnais, avez-vous promis à celles que vous avez croisées votre amour indéfectible ? Comment voulez-vous que je me figure que ce coup-ci sera le bon entre tous ? Soyez réaliste autant que je le suis, aucun amour n’est possible entre nous.
Au fur et à mesure qu’elle parlait, les yeux de Barnais s’emplissaient de larmes, tandis qu’une étrange émotion la saisit. Pour la première de sa vie, cet homme semblait vraiment sincère et elle n’en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles.
— Mais, balbutia-t-il, désemparé, vous êtes la seule que j’ai demandée en mariage. Il ne tient qu’à vous que tous soient au courant, je suis prêt à formuler ma demande officielle dès notre retour au château. Aila, acceptez !
L’espace d’un instant, elle imagina ce que deviendrait son existence si elle acquiesçait : elle serait la femme d’un des seigneurs les plus séduisants d’Avotour, ses enfants, les héritiers du plus important comté de son pays et son mari, fidèle et aimant… Toutefois, elle le réalisa, partager un baiser, même agréable avec un homme ne suffisait pas pour passer sa vie avec lui… Elle ressentait de la tendresse pour lui, mais elle ne l’aimait pas. Elle chassa son rêve d’avenir comme on souffle la flamme d’une bougie et refusa poliment son offre. Barnais s’effondra sur le sol en sanglotant comme un enfant. Elle eut pitié de lui malgré tout ce qu’il avait pu accomplir avant.
— Peut-être que, si nous nous étions rencontrés dans d’autres temps, nous aurions pu nous trouver et partager notre bonheur ensemble. Aujourd’hui, c’est impossible. Je ne peux demeurer insensible à la souffrance de mon futur royaume et je dois, comme vous, remplir mon devoir. Vous venez de me montrer l’être admirable que vous dissimulez sous votre carapace de séducteur patenté. Ne le perdez plus jamais des yeux, ni du cœur. À partir de maintenant, il doit vous guider sur la bonne voie, la même que la mienne. Par ailleurs, n’auriez-vous pas, vous aussi, une promise que vous m’avez cachée ?
— Mais… comment le savez-vous ? Personne n’est dans la confidence, hormis père…, articula-t-il entre deux sanglots.
— Je sais même qui elle est. Alors, pour moi, rendez cette femme aussi heureuse que si elle était la personne que je chérissais le plus au monde. Redressez-vous, Barnais ! Nous avons un pays à sauver ! Intéressez-vous aux hommes qui vous entourent, les grands comme les petits. Jugez-les sur leurs actes et non sur leur titre ou leurs promesses mensongères. Enfin, devenez pour votre père le fils dont il a toujours rêvé. Soyez digne ! Protégez votre famille, votre entourage, votre royaume. Soyez sûr qu’un jour, nous nous retrouverons et nous deviendrons les amis que nous ne pouvons être aujourd’hui…
Descendant à sa hauteur, elle essuya les larmes qui mouillaient encore ses joues d’un geste doux.
— Je vais vous quitter maintenant. Devenez l’homme que je viens de vous décrire et, rien que pour cette métamorphose, notre histoire aura été l’une des plus belles de ma vie. Je vous promets de garder en mon cœur tous les plaisants souvenirs que nous avons partagés, des plus émouvants aux plus intimes, ainsi qu’une tendresse particulière à votre égard…
Elle déposa un baiser sur son front, puis s’éloigna, laissant Barnais sangloter tout seul.

Arrivée dans sa chambre, Aila se sentait épuisée. Quelle journée ! Elle regarda vers son lit, puis, avec un soupir résigné, frappa à la porte d’Hubert et entra.
— Où étiez-vous ? Encore avec Barnais ? osa le prince, sur le ton de la moquerie.
— Oui et je viens de refuser sa demande en mariage.
— Vous vous moquez de moi ?
— Même pas, je préférerais presque… Je crois que j’ai temporairement brisé sa vie, enfin jusqu’à ce qu’il arrive à la reconstruire. Ceci mis à part, j’ai beaucoup d’éléments à vous apprendre. Êtes-vous disponible pour m’écouter ?
Hubert la regarda avec attention. Elle était calme, peut-être trop calme… Elle paraissait éteinte.
— Je vous écoute.
— Comme vous vous en doutiez, nous avons affaire à un véritable complot, malheureusement plus étendu que nous ne l’avions prévu. J’ai entendu beaucoup de noms dont celui d’Ardenais et, surprise, de Rebecca. Cette femme a embobiné Barnais. Je pense qu’il a collaboré au début, puis il a commencé à réfléchir. Comme il devient de plus en plus réticent, voire dangereux pour eux, ils songent à l’éliminer. Rebecca doit l’attirer dans un piège, mais elle a refermé la fenêtre avant que j’apprenne lequel. De la même façon, nous représentons une gêne et leur intérêt justifie de créer un incident diplomatique entre Avotour et Escarfe afin de pousser sire Airin dans leur filet. Voici déjà deux points sur lesquels nous pouvons influer. J’ai également imaginé une idée pour ralentir temporairement nos adversaires. Ici, en ce moment, se trouve une des têtes du complot. J’hésite entre deux individus et seul le fait d’entendre leur voix me permettra de déterminer laquelle.
— Je pencherais pour Bascetti, un tout petit homme discret, voire insipide, qui cache bien son jeu, mais il faudra s’en assurer… Je le piste depuis notre arrivée, mais, personnellement, je ne suis pas parvenu à le surprendre. Bravo, Aila !
— Remerciez la chance et un baiser langoureux qui vous donnent des ailes pour espionner aux bonnes fenêtres au bon moment ! Un léger somme avant le déjeuner me fera le plus grand bien.
Hubert constata qu’elle avait repris un peu d’énergie et de mordant. Bien, cela signifiait qu’elle allait déjà mieux.

Aila attendait avec impatience la fin du repas. Barnais ressemblait à l’ombre de lui-même au point que même son père s’en était aperçu et semblait préoccupé par l’état de son fils. Barnais ne cessait de prétexter qu’il était juste un peu indisposé et que tout irait mieux demain. Pourrait-il tromper son monde bien longtemps ?
Quittant la table, elle fut malheureusement accaparée par la bande féminine du château, dont faisait partie Astria. Quand cette dernière s’éclipsa discrètement, Aila invoqua un oubli de son mouchoir pour suivre ses traces légères jusqu’à une couverture de lierre qu’elle souleva. Astria leva des yeux effarés et noyés de larmes vers elle.
— Allez, faites-moi une petite place, Astria. Je ne peux ni ne veux vous abandonner dans une pareille détresse. Pourquoi pleurez-vous ?
Elle prit une grande inspiration, essayant de calmer ses pleurs :
— Vous ne le savez pas, mais mon prénom est synonyme de pureté en Hagan et mon père l’a choisi pour moi. Cette pureté, la mienne, est sa raison de vivre et, fidèle aux traditions haganes, tout déshonneur de sa famille devient le sien. Ignorez-vous ce que font les pères quand leur enfant les a déshonorés ?
— Oui, ils se tuent…
Une idée douloureuse s’insinua en Aila. Les larmes d’Astria jaillirent encore plus fort.
— Je l’ai déshonoré, dame Aila, et, par ma faute, il va mourir !
Elle se remit à pleurer à gros sanglots. Aila la prit dans ses bras, cherchant des mots réconfortants pour la rassurer :
— Votre déshonneur n’est probablement pas aussi grand que vous le croyez. Laissez donc votre père en juger. Sans doute se montrera-t-il moins sévère envers vous-même que vous ne l’êtes ?
Astria ne répondit pas, sanglotant sans répit. Aila patienta longuement jusqu’à ce que son chagrin se calmât.
— Il ne pourra pas, dame Aila, ce que j’ai fait est inexcusable…
— Voyons, Astria, vous êtes si jeune. Que pouvez-vous avoir commis d’aussi grave ?
— J’attends un enfant…
Cette nouvelle assomma Aila. Non, Barnais n’aurait quand même pas… Comme si Astria avait lu dans le regard d’Aila, elle précisa :
— Barnais en est le père, mais il n’a causé aucun tort, c’est moi qui l’ai piégé…
Quand elle évoqua le fils d’Airin, une lueur particulière flotta dans les yeux de la toute jeune fille, une lueur qui fit frémir Aila, tandis qu’Astria poursuivait ses explications.
— Je me souviens de la première fois où j’ai vu Barnais, juste après mon arrivée… Il était si beau !
Les yeux d’Astria se mirent à briller. Elle replongeait dans ses souvenirs, si doux et merveilleux. D’une voix à peine audible, elle continua :
— Je suis devenue folle de lui… Je le suivais partout où il allait, je ne pensais qu’à lui. Mais il ne s’intéressait pas à moi et refusait toutes mes avances. « Tu es trop petite ! », me disait-il. Vous savez, ce n’est pas vrai qu’il court après tous les jupons. Toutes les femmes le veulent dans leur lit, donc il choisit… Et il ne me désirait pas ! Mon désespoir fut tel que j’en devins prête à tout ! Un soir, j’ai emprunté les vêtements d’une servante avec laquelle il passe une nuit de temps en temps et je suis allée dans sa chambre. Il s’était chamaillé avec Rebecca, alors, énervé, il avait bu plus que de raison et savait à peine où retrouver son lit. C’est moi qui l’y ai emmené, c’était si simple, trop simple même, de la remplacer dans la pénombre. J’avais tant rêvé de lui…
Astria s’arrêta un instant. Les yeux dans le vague, elle revivait le moment magique où Barnais l’avait enfin désirée.
— Je croyais pouvoir tout stopper après quelques baisers, mais je me suis trompée, tout s’est emballé. J’étais aussi ivre d’amour que lui de caresses et je l’ai laissé faire ce qu’il voulait. Le lendemain, il ne s’en souvenait même pas. Mon plus grand rêve était devenu réalité et, quelques semaines plus tard, mon pire cauchemar…
Son regard vacilla.
— Il faut le mettre devant ses responsabilités ! répliqua Aila.
— Non ! Ce n’est pas de sa faute ! S’il avait su que c’était moi, il ne l’aurait jamais fait ! Je le sais parce… parce qu’il a continué à ne pas vouloir de moi.
Une nouvelle lueur s’alluma dans les yeux d’Astria, mais cette fois, Aila eut peur. Elle se demanda ce qui était le plus douloureux pour cette jeune fille : de savoir que Barnais ne l’aimerait jamais ou qu’elle attendait un enfant…
— Surtout, mon père ne doit pas l’apprendre ! Jurez-le-moi ! S’il vous plaît, supplia Astria.
Aila prêta serment tout en argumentant :
— Mais il finira bien par le découvrir un jour, Astria. Vous ne pourrez cacher cette grossesse indéfiniment. De combien de mois êtes-vous enceinte ?
— Environ cinq, je crois…
— Et qui vous aide au château ? Qui est au courant ?
— Personne ne le sait, alors personne ne m’assiste…
Aila en eut le cœur gonflé. Cela faisait cinq mois que la jeune fille vivait son calvaire toute seule et nul ne s’en était rendu compte… Elle la serra un peu plus fort contre elle, désireuse de lui apporter tout le réconfort possible.
— Dame Aila, Barnais n’est pas mauvais. Il a toujours démontré tant de gentillesse à mon égard. J’aurais tellement voulu qu’il me désire pour moi-même.
Ses larmes redoublèrent. Entre deux sanglots, elle poursuivit :
— Là-bas, vers la forêt, il y a une falaise, la falaise des amoureux et, parfois, je m’imagine que j’y monte. Un pas maladroit et, après, tout est fini…
— Astria ! Non, pas cela ! Je comprends qu’aujourd’hui la situation peut vous apparaître insoluble, mais je trouverai une issue à tous vos soucis. Je ne vous abandonnerai pas, je vous le promets. Avez-vous confiance en moi, Astria ?
La jeune fille leva les yeux vers elle.
— Oui, dame Aila, je vous fais confiance, lui répondit-elle, avant de se pelotonner à nouveau dans ses bras comme un petit chat.
Elles restèrent un long moment toutes les deux avant de se décider à rentrer vers le château.
— Pas de bêtises, Astria, promis ?
— Promis, dame Aila. Je serai sage.

Aila devait se changer avant le repas, mais elle n’en avait pas le cœur. La situation d’Astria la peinait terriblement. Barnais, cet abruti, s’était laissé berner par une jouvencelle ! Cependant, elle devait être honnête, Astria avait bien mené son affaire. L’amour irraisonné qu’elle portait au fils d’Airin avait balayé toutes les barrières, l’amenant à commettre des folies. Les vrais responsables étaient tous les adultes de ce château qui n’avaient pas décelé son obsession, alors qu’une seule rencontre lui suffit pour détecter sa détresse. Les gens étaient-ils donc aveugles à ce point ou seulement indifférents ? Arrivée à sa chambre, Élina avait tout préparé et Aila renonça à lui dire de tout remballer. Alors, elle enfila sa robe et se fit coiffer, bien loin des effets que cela avait produits sur elle le premier jour. Préoccupée, elle ne se regarda même pas dans le miroir. Quand Hubert passa la prendre, elle remarqua qu’il ne bougonnait plus, c’était déjà ça…


Envie de voir toutes les œuvres de Catherine Boullery, auteure de fantasy ? Retour sur le site de fantasy
'