➁ La Tribu Libre | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

La Tribu Libre, tome 2 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel du tome 1)

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

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L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays Hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.


Début du tome 2 - La Tribu Libre

Parvenue aux frontières du pays Hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans avoir la moindre idée de ce que signifie être chamane, endosse ce nouveau rôle sans joie… Accompagnée par Adrien devenu Kazar, elle quitte Avotour pour le pays Hagan.

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Plus rien ne va… Depuis qu'Aila est devenue Topéca, Adrien et elle se parlent à peine. Rapidement, le prince réalise que la jeune femme, une fois de plus, porte sur ses épaules un fardeau beaucoup trop lourd et tente la réconforter : Aila ne peut pas disparaître aussi facilement derrière Topéca. Rassérénée par les propos de son compagnon, la nouvelle chamane reprend la route sur les sentiers montagneux, le coeur apaisé.

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Leur chemin les mène à la rencontre de la tribu Appa dont le chef se nomme Quéra. Dès cet instant, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibre sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent en sauvant les uns après les autres les enfants de la tribu tombés malades. Cependant, chez Topéca comme chez Aila, rien n'est offert aux autres sans qu'elle en paye le prix. C'est sous les regards inquiets des mères de la tribu que la chamane épuise son énergie dans le seul but de préserver des vies.

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Mais la lutte ne fait que commencer. Derrière cette maladie insidieuse se cachent l'ombre de sorciers et leur perversité. Face à cette certitude, les détruire peu à peu devient une évidence, mais comment ? À présent, le moment est venu d'en affronter un parmi eux. Mais est-il possible de vaincre ces représentants du mal ? Quelle puissance nouvelle et inédite Aila - Topéca déploiera-t-elle pour y parvenir ?

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Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Cassandre, Incroyable roman, qui vous donne des frissons

Après le 1er tome, place au 2e que j'ai commencé à lire très rapidement ! Aila nous surprend une fois de plus avec ses nouveaux pouvoirs, son nouveau combat, ses nouvelles difficultés qui la font tant douter… Elle nous prend au coeur des tripes, on s'accroche, on suspend sa respiration à chaque action… On fait défiler les pages, au travail, en voiture, partout on l'on peut… La curiosité et l'affection que l'on porte aux personnages nous porte dans un univers magique et réel à la fois… Il entraîne également sur des réactions primaires, oui primaires ^^ un collègue m'a fait la blague de cacher mon livre quand je voulais le lire et je devais absolument finir la page pour comprendre un moment important du livre, je suis devenue folle à le chercher partout !!!!! Et quand je l'ai retrouvé, je lui ai fait passer un mauvais quart d'heure !!
J'ai fini le 2e tome il y a 3 jours et ma lecture préferée me manque !! vivement le 3e tome… Cela faisait très longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un livre… Un grand Bravo à cette auteur à un avenir très prometteur !!

Sur UPblisher

Romain, Envoûtant encore

… et c'est un exploit. Superbe.
Ce deuxième tome s'inscrit dans la foulée du premier, avec le même brio, un panache encore plus grand… et les mêmes forces et faiblesses malheureusement. Il faudra attendre le tome trois pour un peu plus d'ouverture.
Aila reste au centre d'un récit qui tour à tour vous donnera des ailes et vous vous fera sombrer dans le chagrin.
Catherine améliore encore son style, et nous fait vivre Aila-Topéca avec une force inédite.
Et rien d'autre. Si vous aimez votre fantasy uniquement pour les mondes créés, passez votre chemin. La saga d'Aila est uniquement celà — Aila. Et c'est sublime.
La force du tome deux est le chamanisme, non pas dans le récit raconté, mais dans le style de celui-ci. Il vous emporte dans quelque chose de plus grand, de vibrant… C'est la force évocatrice de l'écriture qui porte le récit et le rend possible.
Et une fin qui vous laissera sur vos dents… pendant une bonne partie du tome suivant également.
C'est avec regret que j'ai refermé le chapitre Topéca, et une grande tristesse de cette époque révolue pour Aila.

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SFFF-amateur, Très prenant

J'avais découvert le tome 1 grâce aux commentaires des lecteurs précédents et avait trouvé ce roman de fantasy très original.
Avec le tome 2, La Tribu Libre, le qualificatif « prenant » est plus approprié tant j'ai été est happé par la quête d'Aila dans les montagnes haganes, ses combats contre la sorcière et les sorciers, sa confrontation avec la grande souffrance, le château de Faraday — pour la partie action —, mais aussi par les nouvelles amitiés qui se nouent avec quelques Hagans, sa rencontre avec les chamans et les esprits de la terre et enfin l'apothéose de Topéca.
Que du bonheur dans un style alerte, que de l'action avec des rebondissements toujours inattendus, que des dialogues passionnants avec Adrien et Pardon, que de beaux sentiments avec Hang et Hatta…
Un point négatif pour équilibrer mon commentaire : le dernier chapitre m'a surpris au plus haut point et ce qui s'y passe a causé une immense frustration m'obligeant à acheter L'Oracle de Tennesse.

Sur Amazon
Math1977, Superbe

Encore une fois, Catherine Boullery nous emmène dans son univers. Si on vous êtes fan de Robin Hobb ou dans une moindre mesure du Seigneur des anneaux, cet univers pourra vous sembler familier, mais néanmoins original tant par les idées que par l'écriture fluide et efficace.
Ne prévoyez pas trop de choses à faire après avoir ouvert ce livre, on le dévore, comme le premier tome ! Je m'étonne cependant de ne pas trouver ce livre en papier… merci donc au format numérique de nous permettre de profiter de cette saga dont j'attends la suite, avec impatience !

Sur iTunes
Élodie, Une fois n'est pas coutume, j'attends avec impatience le tome 3 !

J'ai de nouveau plongé dans cet univers envoûtant et il était difficile d'en sortir. Alors que je lis de moins en moins en ce moment, j'ai profité de chaque minute de temps libre pour sortir mon livre de fantasy et avancer dans l'histoire.
Il est assez facile de s'identifier à ce personnage d'Aila. Elle cherche qui elle est vraiment (mais sait-on un jour réellement qui nous sommes ?) Du coup, sa quête dans ces différents mondes fait ressortir ses diverses personnalités (et chacun de nous se comporte différemment selon son environnement). En ajoutant bien sûr toutes les aventures qu'elle vit (mais qui n'a pas rêvé un jour de lâcher sa petite vie tranquille pour partir à l'aventure ?), ça donne un superbe roman ! Bravo !

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Anne-Claire, Quel bonheur de retrouver Aila !

Quel bonheur de retrouver Aila dans ce second tome et de se laisser de nouveau complètement happer par sa quête, portée par un souffle qui anime le livre du début à la fin et nous laisse au bout un peu haletant… et dans l'attente de repartir dans le tourbillon des aventures du tome 3, dès qu'il sortira! Un grand merci pour ce plaisir de lecture renouvelé!
Donc merci encore… et pas merci!
Merci encore pour le plaisir inouï que j'ai retrouvé à dévorer le 2e tome d'Aila. Et pas merci, car je l'ai stupidement commencé vers 19  h ce soir et que je le finis juste (minuit et demi passé), moi qui restais tranquillement à la maison pour me coucher tôt et me reposer un peu… !

Sur UPblisher
Laurie, La Tribu Libre d'une écrivaine libérée, audacieuse et percutante de génie : assurément à ne pas louper !

Après avoir découvert Aila dans le tome 1, je n'ai pu m'empêcher de me jeter avidement sur le second. Spielberg, James Cameron et compagnie devraient, je le pense, se pencher sur la littérature indépendante française. Celle-ci, grâce à des plateformes telles qu'UPblisher, se positionnant en complément des circuits Parisiens, voient de véritables talents émerger. C'est ce pourquoi je parle de littérature, car même si l'imaginaire et la fantaisie sont une force dans cette œuvre, elles ne l'en dépossèdent pas de son style d'écriture remarquable. Ici, nul empaquetage, nulle formule enrobée ; juste de l'essentiel, du pertinent, et du dépouillé. Un style qui va droit à l'imaginaire et au rêve. C'est bien le terme qui s'impose. La Tribu Libre, le pays hagan, Aila-Topéca : tout cet univers ne peut que transporter les âmes dans un monde parallèle « libre » à chacun. Tout lecteur y verra sa propre tribu libre, sa propre Aila, et construira ses propres espoirs sur ce synopsis. La projection est inévitable, et le voyage n'en est que plus beau.
Accrochez-vous, Catherine Boullery est une auteure qui n'a pas fini de vous surprendre. Son arme la plus douce réside dans l'envoûtement de ses textes. Le suspens qui y règne, la poétique et la poésie qui s'en dégagent, la stylistique de la magie et des sens: tout vous dépossèdera de votre quotidien pour un monde haut en couleurs. L'effet persistera même après avoir refermé la dernière page, et vous attendrez impatiemment le prochain tome.
Alors de ma petite expérience en lettres, j'apprécie l'ouverture de ces éditeurs. Ils ont eu raison de se pencher sur cette collection d’œuvres : la vie d'Aila vous rapportera !

PS : Quel supplice de ne pas savoir avec qui elle a passé sa dernière nuit au château d'Avotour…! Mais c'est génial : bravo… ! Ce sera un best seller…

Sur UPblisher


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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Aila se réveilla nauséeuse, comme le matin de son départ d’Escarfe pour Antan, mais en pire. L’estomac au bord des lèvres, elle se redressa avec difficulté, tentant de contrôler le battement accéléré de son cœur et les contractions de son ventre. Elle ne ressentait aucune douleur particulière, juste un malaise général qui faisait tanguer la pièce devant ses yeux. Un coup discret frappé à sa porte, puis Élina entra avec un plateau.
— Bonjour, dame Aila. J’espère que vous avez bien dormi. Voici votre petit déjeuner, souhaitez-vous autre chose ?
Incapable de parler, elle se contenta de hocher la tête négativement.
— Je vous rappelle que j’ai rangé vos affaires dans l’armoire. Sire Avelin m’a chargée de vous transmettre qu’il comptait sur vous ce matin pour une petite leçon de kenda. Il viendra vous chercher après la deuxième cloche. Bonne journée, dame Aila.
La jeune fille eut envie de lui dire d’arrêter de lui donner de la « dame Aila » à tout bout de champ. D’abord, elle n’était pas une dame, mais une combattante ! Cependant, elle n’ouvrit pas la bouche et se précipita vers sa cuvette pour vomir dès qu’Élina eut franchi la porte dans l’autre sens. Aila resta accroupie un long moment avant de se ressaisir, tandis que la nausée s’effaçait peu à peu. Ses forces revenues, elle s’habilla, s’assit devant le plateau, puis attaqua les œufs, les fruits et le gruau de son petit déjeuner qui ne ressemblait pas à celui de Bonneau à Antan… Elle détailla sa chambre autour d’elle. Depuis son enfance, elle, qui avait vécu dans une seule et unique pièce minuscule, son lit caché derrière un paravent, se retrouvait dans un endroit immense, tout à elle, dans le château royal ! C’était à ne pas en croire ses yeux… Dans le même temps, elle ne sut pas si elle devait se réjouir ou regretter sa vie d’antan, et, le mot l’amusa, sa vie à Antan… Elle n’avait jamais été habituée à se faire servir. En tant que promise d’Hubert, elle avait joué le jeu à Escarfe parce qu’elle n’avait guère le choix, mais ici, elle avait pensé qu’elle occuperait un dortoir, peut-être réservé à son groupe ou tout simplement au milieu des soldats… Est-ce que cette nouvelle façon de vivre ne rendrait pas plus difficile le retour vers des missions pluvieuses et froides comme celle d’hier ? S’habituer au confort et oublier le monde dehors paraissaient si facile…
Elle se secoua. Avelin allait bientôt venir la chercher et elle n’avait pas fini de se préparer. Élina lui avait dit que ses vêtements étaient pendus dans l’armoire, elle s’y dirigea tout en pliant l’uniforme qu’elle avait revêtu pour sa rencontre avec le roi. Elle y retrouva ses affaires habituelles qu’elle enfila avec plaisir. Sa tenue de cuir n’avait pas encore été rangée, mais elle ne douta pas qu’Élina l’y remettrait dans la journée. Elle saisit son kenda, profita de la sensualité infinie de son contact, puis sortit. Elle n’avait pas envie d’attendre Avelin et, croisant un serviteur, elle lui demanda comment se rendre au manège avant de l’envoyer prévenir le prince qu’elle s’y trouverait.

C’était la première fois qu’Aila se promenait seule dans les couloirs. L’ambiance, sombre et austère, reflétait exactement l’extérieur du château : peu de tentures, des corridors rectilignes et vides. Parvenue à l’escalier lugubre qui descendait vers le rez-de-chaussée, elle s’arrêta net. En face d’elle, un immense tableau représentait la famille royale. Elle y reconnut Avelin et Sérain. Cependant, son regard fut irrésistiblement attiré par la femme, debout à côté du roi, une femme à la beauté saisissante : presque aussi grande que son mari, une allure élancée et de longs cheveux noirs, ramenés sur son épaule gauche. La pose qu’elle avait prise dévoilait son élégance naturelle. Elle se tenait droite et fière, comme défiant le monde de ses yeux bleus aux pupilles sombres et dilatées. Voici d’où provenait la couleur des yeux d’Hubert… Serrée dans ses bras, une petite fille à l’air mutin et à la chevelure tout aussi brune que celle de sa mère semblait se moquer du peintre… À leur côté, le roi, à qui Aila avait pourtant trouvé la veille au soir tant de prestance, et ses trois fils faisaient pâle figure. On les oubliait presque devant l’énergie que dégageaient la femme et son enfant…
— Elles étaient belles, n’est-ce pas ?
Aila reconnut la voix d’Avelin.
— Plus que cela encore…
Seules d’autres phrases creuses lui vinrent à l’esprit pour commenter ce qu’elle ressentait, alors elle préféra se taire. Elle se doutait que la perte de sa mère et de sa petite sœur avait créé un gouffre de peine dans le cœur du prince. Il reprit la parole :
— J’ai toujours pensé qu’elle avait choisi de se sacrifier pour père, mais je n’ai jamais compris pourquoi elle avait entraîné Audéi avec elle. Elle aurait dû être capable d’empêcher sa mort…
— Je vous trouve bien dur envers elle, Avelin. Croyez-moi, quelques dons que vous puissiez posséder, ils ne vous rendent en aucun cas infaillible… Elle n’a sûrement pas décidé la disparition de sa petite fille qu’elle chérissait. Elle n’a juste pas réussi à l’éviter…
— Elle aurait dû ! s’écria-t-il.
Il en voulait à sa mère et vibrait d’une colère si grande qu’il avait du mal à en parler. Aila sentit cette dernière prête à exploser. Avelin devait la contenir depuis si longtemps… :
— Oui, elle aurait dû, mais elle n’y est pas arrivée parce qu’elle n’était qu’une femme, parce qu’elle n’a eu qu’une fraction de seconde pour se décider. Combien de mauvaises décisions avez-vous déjà prises en un si court laps de temps ? Et ne me dites pas aucune, je ne vous croirais pas…
Avelin rougit. Aila continua doucement :
— Vous devez apprendre à lui pardonner. D’abord, d’être partie en vous laissant, car elle n’a pas su sauver votre père sans mourir à sa place. Ensuite, d’avoir entraîné dans sa mort votre petite sœur que vous adoriez. Je me doute de ce que votre mère représentait pour vous. Elle était l’arbre auprès duquel vous vous réfugiez. Elle vous guidait pour trouver les bons chemins ou les réponses adaptées sans jamais commettre d’erreurs. Elle était tellement efficiente que vous avez cessé de croire qu’elle pouvait se tromper. Et pourtant, elle n’était pas différente de vous, ce n’était qu’un être humain, ne l’oubliez pas.
Il ne la regardait plus et fixait le tableau, les mâchoires serrées, les yeux toujours pleins de colère, mais cette fois-ci voilés par le chagrin infini qui émergeait enfin de son cœur dans lequel il l’avait trop longtemps emprisonné.
— Venez, Avelin. Les entraînements au kenda constituent d’excellents refuges contre la fureur et la tristesse. J’en parle en connaissance de cause, car je les ai testés bien souvent…
Le prince ne bougea pas.
— Savez-vous pourquoi j’ai tout mis en œuvre pour que vous soyez sélectionnée ? Parce que votre façon de me dévisager dénotait cette même alternance de cran et d’impétuosité que je lisais dans les yeux d’Audéi, avec juste un peu moins de joie de vivre que chez elle. Il est vrai que vous n’avez pas connu la même enfance, à moins que la gravité ne vienne avec les années…
— Pourtant, Avelin, nous étions différentes. À son âge, j’étais murée dans un silence sans fin. Je doute qu’à l’époque vous ayez trouvé sur mon visage la moindre trace d’exubérance. En revanche, déjà une certaine détermination, c’est possible…
Il l’écoutait avec attention.
— La vie ne vous a fait aucun cadeau, n’est-ce pas ?
— Je ne veux pas m’en plaindre. Elle aurait pu être pire si je n’avais pas été aimée du tout… J’ai souffert, et je souffre encore du rejet de la part de celui qui aurait dû être mon père, mais je commence à prendre mes distances et à accepter de vivre malgré son absence à la fois physique et affective. C’est d’autant moins facile, qu’après la famille royale, il est l’homme le plus respecté d’Avotour ! C’est comme ça…
— Si Audéi avait eu la chance de grandir, j’aurais aimé qu’elle vous ressemble.
— Voyons, Avelin, restez sérieux ! Vous vous figurez votre sœur, une princesse, qui arriverait, dégoulinante de pluie, pas lavée depuis une semaine et avec le sang de ses semblables sur les mains ! Vous et moi ne partageons pas tout à fait la même conception de l’attitude et du rôle d’une altesse !
Il sourit, les nuages de sa tristesse s’étaient envolés.
— Bon, je dois l’admettre. Vu ainsi, Audéi n’aurait pas ressemblé à l’image que j’imaginais. Mais, après tout, dans ce monde qui change, je suis certain qu’une princesse guerrière y trouverait sa place ! Allez, au manège, maintenant ! Je dois absolument tous les surpasser avant qu’ils ne reviennent au château ! Et surtout Hubert ! Pas question que je le laisse devenir meilleur que moi ! À ce propos, vous ne m’avez pas expliqué comment s’était passée votre cohabitation…
Descendant les escaliers, ils conversaient tout en se dirigeant vers le manège.
— Je vous ai remplacé auprès de lui. Voyager avec un Avelin bis a dû le ravir !
— Quand même, vous ne lui avez pas fait cela ?
— Je crois bien que si !
— Par les fées, je connais mon frère, il a dû vous maudire !
— Je pense qu’au début il s’y est employé, mais à sa décharge, ayant mutuellement accepté des concessions, j’avouerais que la fin de notre mission se révéla nettement plus simple et agréable.
Avelin s’arrêta en lui saisissant le bras :
— Vous venez bien de me dire qu’il avait consenti des efforts pour se montrer plus gentil avec vous.
— Oui, c’est tout à fait cela.
— Vous parlez bien de mon frère Hubert ?
— Oui, mais…
— Si je suis imprévisible, Hubert se montre intraitable. Il doit vous avoir sérieusement à la bonne pour avoir accordé de telles concessions et, en plus, à une femme !
Elle prit un air sévère et fronça les sourcils :
— Un souci avec les femmes ?
— Aucun, excepté que l’héritier du roi ne devrait pas refuser d’entendre parler mariage ! Avant le décès de mère, une négociation se déroulait avec la fille du châtelain de Cordor, puis, pfff ! plus de promise, plus de mariage ! Je crains qu’il reste célibataire et ne finisse par céder son trône à Adrien !
— Cela ne le dérangerait pas ?
— Pauvre Hubert… À sa décharge, je dirais qu’il baigne dans les affaires d’État depuis qu’il a poussé son premier cri. Je me demande parfois si la coupe ne déborde pas. De plus, à la mort de mère, Hubert a tout supporté en attendant que père surmonte son désespoir. Cela n’a pas été si facile pour lui. À l’époque, il venait de célébrer ses vingt et un ans.
— Vingt et un ! Mais votre mère est décédée il y a seulement deux ans et demi et…
Ce fut à son tour de s’arrêter, troublée. Il reprit :
— Comme je vous le disais, Hubert a dû grandir très vite et les responsabilités ont attiré sur son visage la trace des années. Un fardeau trop lourd à porter vous vieillit un homme prématurément. En vrai, il va sur ses vingt-quatre ans. Il y a six mois, en s’y mettant à deux avec Adrien, on a réussi à le griser à son insu. Nous avons passé la soirée à boire et à rigoler comme des fous ! Ce n’était plus le même, je vous l’assure ! Les soucis oubliés, ce sont dix ans de moins affichés ! Par contre, le lendemain, comme il avait de nombreux engagements à tenir, il est parti avec une affreuse gueule de bois et il nous en a voulu à mort !
— Connaissant sire Hubert, je suppose qu’il vous l’a fait payer au centuple…
— Tout à fait, mais pas comme vous pourriez l’imaginer : il nous a privés de sa confiance pendant un mois. Plus personne ne devait partager d’informations avec nous, il nous déniait le droit de participer aux réunions et nous étions interdits de missions… L’horreur ! Père, aussi mécontent que lui, l’a laissé nous punir à sa guise. Je sais qu’Hubert donne parfois une impression de vrai bonnet de nuit, mais il est courageux, fiable et je le respecte profondément, même si j’adore lui casser les pieds. Il le sait et c’est pour cette raison qu’il me passe mes fredaines. Alors, perdre sa confiance a été la pire punition qu’il pouvait m’infliger… Je crois qu’Adrien et moi ne nous ferons plus prendre ! souligna-t-il d’un petit rire.
Adrien d’Avotour… Aila s’aperçut que, fascinée par Éthel et Audéi, elle n’avait pas prêté attention au troisième frère de la famille royale. Tant pis, elle satisferait sa curiosité plus tard ! Ils étaient arrivés au manège et elle devint instructrice.
— Commençons par une vérification préliminaire. Allez, Avelin, montrez-moi vos souvenirs des deux premiers cours…
Il eut la tentation de protester, mais il renonça en croisant le regard d’Aila. Alors, il se mit péniblement à enchaîner des pas et des battements de kenda presque au hasard. Petit à petit, sentant le lien se renforcer avec son arme, il prit plus d’assurance. Concentrée, Aila ne le quittait pas des yeux. D’un geste de la tête, elle l’encouragea à continuer et le prince recommença l’enchaînement depuis le début, gagnant cette fois en rapidité d’exécution. La jeune fille acquiesça d’un hochement de tête appréciateur.
— Bien ! Je suis très impressionnée. Le lien entre votre kenda et vous se fortifie avec le temps et, à l’évidence, il vous guide. Je vais réaliser un petit test en vous attaquant avec des assauts simples, histoire de voir comment vous réagissez.
— Simples ! supplia-t-il.
Elle lui sourit avant de se mettre en position ; elle débuta par une attaque sur son flanc gauche. Avelin hésita, mais trouva une parade dans un mouvement peu fluide, mais efficace. Elle recommença sur le côté droit et là, il échoua, enfonçant son kenda dans le sol. Elle poursuivit avec un assaut à hauteur de la tête contre lequel il déclencha les réflexes appropriés, mais il s’emmêla à nouveau quand elle attaqua au niveau des pieds et de l’estomac.
— Dressons un rapide bilan avant d’enchaîner, dit-elle. Un corps humain est une entité complexe. Notre champ de vision limité nous empêche de regarder à la fois à droite et à gauche, en haut et en bas et nous ne disposons pas d’yeux derrière le dos. Nous devons donc apprendre à nous servir différemment de ces derniers : ils ne sont plus seulement là pour voir ce qui est, ils doivent apprendre à voir ce qui sera, c’est-à-dire à anticiper le mouvement qui va arriver. Rien qu’en prêtant attention à votre adversaire, vous devenez capable de repérer le léger décalage qui signale une attaque vers une partie ou une autre de votre corps. Je vous propose de travailler dessus aujourd’hui. Avelin, ce n’est pas le kenda que devez suivre avec votre regard, mais ma pensée. Mes yeux indiquent ce que je veux toucher, enfin, pour la plupart des combattants… Pour l’instant, vous allez seulement m’observer avec l’objectif de comprendre le lien entre l’orientation de mes yeux et la façon dont j’attaque. Au début, ne vous défendez pas. Ne cherchez qu’à analyser comment j’agis. Puis, quand vous vous en sentirez prêt, parez et ripostez si vous le désirez.
Connaissant la difficulté de l’exercice qu’elle lui proposait, Aila accentua la préméditation de ses assauts, lui permettant de saisir ce qu’elle attendait de lui. Elle doublait le tout de commentaires pour l’aider à mieux gérer ses perceptions. Puis elle se montra plus discrète dans ses choix d’attaque et le prince dut affiner ses déductions. À la fin de la leçon, elle lui présenta un enchaînement compliqué.
— Pour l’instant, vous ne devez pas le reproduire, juste vous en imprégner, comprendre son rythme, sa finalité, l’essence même de sa raison d’être…
Fidèle à elle-même, Aila ne fut plus que légèreté sous le regard ébahi d’Avelin. Il avait encore du chemin à parcourir pour en arriver à cette fluidité du mouvement, mais cela ne le découragea pas pour autant.
— Allons nous changer avant de nous retrouver à table pour le déjeuner, enchaîna le prince. Après manger, père doit sortir en ville pour se rendre à la chaînerie des grains. Nous marcherons ensemble et donc tenue de rigueur pour vous !
— Bien, j’ai compris le message ! À plus tard !
Avant de regagner sa chambre, elle fit un détour pour voir Lumière. Elle n’y resta qu’un instant, puis monta se rafraîchir et s’habiller. Elle revêtit son uniforme de garde jusqu’à la cape qu’elle réussit à endosser sans Élina. Au moins, cette dernière avait eu raison sur deux points. La cape, ainsi disposée, libérait complètement le mouvement de son bras et un geste suffisait pour la dégrafer. Aila observa le système de fermeture, constitué d’une petite pince souple, facile à ouvrir et en apprécia l’ingéniosité. Refermant l’armoire, elle repéra sa tenue en cuir, rangée parmi ses affaires. Élina accomplissait vraiment son travail avec application…

La quatrième cloche allait sonner. Aila se dépêcha de rejoindre la salle à manger sans trop s’égarer dans les couloirs. Elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre avant d’y parvenir, mais, là, elle fut stupéfaite. Cette immense pièce mesurait bien au moins quatre fois la taille de celle d’Antan. Devant une gigantesque cheminée se tenait une très grande table autour de laquelle Avelin et son père, assis, discutaient avec animation. Ses doutes la reprirent. Mais que faisait-elle ici à partager le repas du roi et de son fils ? Ce n’était pas sa place, à moins que le rôle de garde du corps ne donnât certains privilèges, mais elle en doutait. Manger à leurs côtés pour les protéger lui paraissait logique, mais avec eux… Elle se sentit terriblement mal à l’aise, n’osant plus risquer un pas. Ce fut Avelin qui, comprenant son hésitation, vint la chercher et l’amena vers sa chaise. Elle s’installa, tandis que les serviteurs remplissaient leurs assiettes. Aila s’aperçut qu’elle avait faim, mais attendit avec impatience que le roi entamât le repas pour l’imiter. Ils mangèrent vite, n’échangeant que des banalités. Dès la fin du déjeuner, Sérain les entraîna vers son bureau, à l’abri d’éventuelles oreilles indiscrètes. Il s’assit, invitant Avelin et Aila à prendre place à ses côtés.
— Ce matin, une escouade est partie enquêter sur les décès suspects dont nous avons parlé hier. Le capitaine Aténor la dirige et nous pouvons lui faire confiance ; s’il reste un indice à découvrir à Pontet, il nous le ramènera. Il prendra aussi des nouvelles de l’aubergiste et verra s’il peut lui être d’une aide quelconque.
Sérain se tut, semblant peser ce qu’il allait dire avant de reprendre la parole, puis s’adressa à Aila :
— Cet après-midi, je rencontre la chaînerie des grains, en proie à de grandes difficultés : les récoltes, tellement mauvaises, ont occasionné une pénurie de blé, d’orge et de maïs. Même en mettant l’argent en commun, elle ne parvient plus à acheter assez de céréales pour la ville et ses environs, en particulier de blé. De plus, quand les boulangers fabriquent du pain avec ce qu’ils ont réussi à trouver, soit ils n’arrivent pas à le vendre, à cause du prix trop élevé, soit ils se font dévaliser ! J’ai proposé à ses membres de réfléchir ensemble à des solutions sensées, d’une part, pour diminuer le tarif du pain, d’autre part, pour mieux protéger leurs intérêts. Dans une heure, je me rends place du furet avec Avelin, alors autant vous communiquer toutes les informations dont vous aurez besoin pour veiller à notre sécurité. Aila, depuis plusieurs années et de manière répétée, je constitue la cible de tentatives d’assassinat. La plus grave d’entre elles, vous connaissez l’histoire, a entraîné les disparitions de ma femme et de ma fille. J’aimerais encore vivre quelques années pour avoir le temps de laisser à mes enfants un pays plus serein qu’aujourd’hui. Lors de notre déplacement, vous devrez donc protéger deux personnes, mon fils et moi, souvent choisies comme objectif principal. Que désirez-vous savoir pour assurer au mieux votre rôle ?
— J’aurais souhaité reconnaître le chemin dans votre ville dont j’ignore tout ou presque, mais je suppose que nous n’en aurons pas le loisir…
Sérain confirma d’un hochement de tête.
— Avez-vous une carte que je pourrais consulter ? J’aimerais également des descriptions précises de la configuration des lieux que nous allons traverser. Pour vos déplacements suivants, il serait préférable que je connaisse mieux la ville. Avelin, aurez-vous l’occasion, dans les prochains jours, de me proposer une petite visite guidée des alentours ?
— Avec plaisir ! Dès demain, je vous promènerai dans notre belle cité, promit-il.
Sérain étala une carte devant Aila.
 — Voici la route que nous emprunterons et ici, la place principale dite du furet, large et ouverte sur sept rues. La plupart des chaîneries y sont installées : grains, terre, minerais, animaux… Elles possèdent une dizaine de maisons sur la trentaine qui entourent l’esplanade et occupent majoritairement des bâtisses à deux étages. Pour nous y rendre — elle est située au centre de la ville haute —, nous allons prendre cette rue à partir du château. Elle part en oblique vers le nord et croise toutes les ruelles indiquées sur le plan.
Mémorisant au mieux ce que Sérain lui expliquait, Aila construisait au fur et à mesure le trajet dans sa tête. Avelin y ajouta la taille des voies, leur particularité, et répondit à toutes les questions qu’elle posait. Elle promena une dernière fois son doigt sur la carte, vérifiant ce qu’elle avait retenu avant d’afficher sa satisfaction. Elle se leva.
— Quand partons-nous ?
— À la prochaine cloche, affirma Sérain.
— Je vais me préparer, puis je vous rejoins dans la cour.
— Aila, la rappela le roi, un instant, je vous prie. Je me doute que vous disposez de tenues que vous préféreriez à celle que je vous impose. Cependant, j’avais dans l’idée de décourager les tentatives contre moi en affichant visiblement ma protection rapprochée. C’est donc un choix mûrement réfléchi que mes gardes portent un uniforme.
— Je comprends, sire, répondit la jeune fille en s’inclinant. Je vous rejoins dans la cour.
La jeune combattante fila chercher ses armes, sa cape flottant derrière elle. À présent qu’elle avait accepté le fait, cela l’amusait presque. Elle attendait de voir quelle allure aurait son frère dans cet uniforme ! Après tout, elle avait connu pire, déguisée en promise d’Hubert : tous les inconvénients et aucun avantage ! Non, ce n’était pas tout à fait vrai. Ce n’était guère pratique pour se battre, mais dans le même temps, à Escarfe, elle avait aussi ressemblé à ce qu’elle était : une femme. Un léger regret s’agita au fond de son cœur. Habillée et coiffée comme une dame, elle s’était presque trouvée jolie. Elle avait gardé pour elle qu’il lui était parfois arrivé d’envier les filles de dame Mélinda… Seulement parfois, car elle ne regrettait en rien son enfance… Elle monta son arc. Qu’avait-elle pu oublier ? Sa petite ceinture à onguents ! Hamelin et elle l’avaient conçue bien des années auparavant en y mettant tous les ingrédients nécessaires pour des soins urgents. Elle ne l’emportait que lorsqu’elle partait avec Bonneau, vérifiant tranquillement son contenu à l’avance. Et ce fut ce qu’elle fit : rien ne manquait, pas de flacon cassé ou de produit ayant tourné. Elle l’enfila en bandoulière, puis saisissant son arc et son kenda, elle sortit et se dirigea vers les écuries pour y retrouver Lumière. Elle prit son temps pour lui parler, la brosser avant de la seller. Elle fixa la ceinture à onguents et suivit avec Lumière deux palefreniers qui conduisaient des chevaux, persuadée qu’ils rejoignaient la cour où se trouvaient le roi et son fils.
— Quel est ce bâton ? questionna Sérain avec curiosité, tandis qu’Aila s’approchait.
— C’est un kenda. Votre fils Avelin a commencé son apprentissage et nous pourrons vous en donner une démonstration si vous le souhaitez.
— Excellente idée ! Nous pratiquerons cela à notre retour. À présent, en route.
— Excellente idée, en effet, je vais avoir l’air de quoi quand je vous combattrai ? grommela Avelin, juste pour Aila.
Elle le gratifia d’un large sourire :
— D’un grand chef ! Je ne ferai rien qui pourrait vous faire passer pour un débutant… Enfin, pas trop !


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