➁ La Tribu Libre | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

La Tribu Libre, tome 2 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel du tome 1)

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

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L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays Hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.


Début du tome 2 - La Tribu Libre

Parvenue aux frontières du pays Hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans avoir la moindre idée de ce que signifie être chamane, endosse ce nouveau rôle sans joie… Accompagnée par Adrien devenu Kazar, elle quitte Avotour pour le pays Hagan.

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Plus rien ne va… Depuis qu'Aila est devenue Topéca, Adrien et elle se parlent à peine. Rapidement, le prince réalise que la jeune femme, une fois de plus, porte sur ses épaules un fardeau beaucoup trop lourd et tente la réconforter : Aila ne peut pas disparaître aussi facilement derrière Topéca. Rassérénée par les propos de son compagnon, la nouvelle chamane reprend la route sur les sentiers montagneux, le coeur apaisé.

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Leur chemin les mène à la rencontre de la tribu Appa dont le chef se nomme Quéra. Dès cet instant, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibre sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent en sauvant les uns après les autres les enfants de la tribu tombés malades. Cependant, chez Topéca comme chez Aila, rien n'est offert aux autres sans qu'elle en paye le prix. C'est sous les regards inquiets des mères de la tribu que la chamane épuise son énergie dans le seul but de préserver des vies.

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Mais la lutte ne fait que commencer. Derrière cette maladie insidieuse se cachent l'ombre de sorciers et leur perversité. Face à cette certitude, les détruire peu à peu devient une évidence, mais comment ? À présent, le moment est venu d'en affronter un parmi eux. Mais est-il possible de vaincre ces représentants du mal ? Quelle puissance nouvelle et inédite Aila - Topéca déploiera-t-elle pour y parvenir ?

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Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Cassandre, Incroyable roman, qui vous donne des frissons

Après le 1er tome, place au 2e que j'ai commencé à lire très rapidement ! Aila nous surprend une fois de plus avec ses nouveaux pouvoirs, son nouveau combat, ses nouvelles difficultés qui la font tant douter… Elle nous prend au coeur des tripes, on s'accroche, on suspend sa respiration à chaque action… On fait défiler les pages, au travail, en voiture, partout on l'on peut… La curiosité et l'affection que l'on porte aux personnages nous porte dans un univers magique et réel à la fois… Il entraîne également sur des réactions primaires, oui primaires ^^ un collègue m'a fait la blague de cacher mon livre quand je voulais le lire et je devais absolument finir la page pour comprendre un moment important du livre, je suis devenue folle à le chercher partout !!!!! Et quand je l'ai retrouvé, je lui ai fait passer un mauvais quart d'heure !!
J'ai fini le 2e tome il y a 3 jours et ma lecture préferée me manque !! vivement le 3e tome… Cela faisait très longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un livre… Un grand Bravo à cette auteur à un avenir très prometteur !!

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Romain, Envoûtant encore

… et c'est un exploit. Superbe.
Ce deuxième tome s'inscrit dans la foulée du premier, avec le même brio, un panache encore plus grand… et les mêmes forces et faiblesses malheureusement. Il faudra attendre le tome trois pour un peu plus d'ouverture.
Aila reste au centre d'un récit qui tour à tour vous donnera des ailes et vous vous fera sombrer dans le chagrin.
Catherine améliore encore son style, et nous fait vivre Aila-Topéca avec une force inédite.
Et rien d'autre. Si vous aimez votre fantasy uniquement pour les mondes créés, passez votre chemin. La saga d'Aila est uniquement celà — Aila. Et c'est sublime.
La force du tome deux est le chamanisme, non pas dans le récit raconté, mais dans le style de celui-ci. Il vous emporte dans quelque chose de plus grand, de vibrant… C'est la force évocatrice de l'écriture qui porte le récit et le rend possible.
Et une fin qui vous laissera sur vos dents… pendant une bonne partie du tome suivant également.
C'est avec regret que j'ai refermé le chapitre Topéca, et une grande tristesse de cette époque révolue pour Aila.

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SFFF-amateur, Très prenant

J'avais découvert le tome 1 grâce aux commentaires des lecteurs précédents et avait trouvé ce roman de fantasy très original.
Avec le tome 2, La Tribu Libre, le qualificatif « prenant » est plus approprié tant j'ai été est happé par la quête d'Aila dans les montagnes haganes, ses combats contre la sorcière et les sorciers, sa confrontation avec la grande souffrance, le château de Faraday — pour la partie action —, mais aussi par les nouvelles amitiés qui se nouent avec quelques Hagans, sa rencontre avec les chamans et les esprits de la terre et enfin l'apothéose de Topéca.
Que du bonheur dans un style alerte, que de l'action avec des rebondissements toujours inattendus, que des dialogues passionnants avec Adrien et Pardon, que de beaux sentiments avec Hang et Hatta…
Un point négatif pour équilibrer mon commentaire : le dernier chapitre m'a surpris au plus haut point et ce qui s'y passe a causé une immense frustration m'obligeant à acheter L'Oracle de Tennesse.

Sur Amazon
Math1977, Superbe

Encore une fois, Catherine Boullery nous emmène dans son univers. Si on vous êtes fan de Robin Hobb ou dans une moindre mesure du Seigneur des anneaux, cet univers pourra vous sembler familier, mais néanmoins original tant par les idées que par l'écriture fluide et efficace.
Ne prévoyez pas trop de choses à faire après avoir ouvert ce livre, on le dévore, comme le premier tome ! Je m'étonne cependant de ne pas trouver ce livre en papier… merci donc au format numérique de nous permettre de profiter de cette saga dont j'attends la suite, avec impatience !

Sur iTunes
Élodie, Une fois n'est pas coutume, j'attends avec impatience le tome 3 !

J'ai de nouveau plongé dans cet univers envoûtant et il était difficile d'en sortir. Alors que je lis de moins en moins en ce moment, j'ai profité de chaque minute de temps libre pour sortir mon livre de fantasy et avancer dans l'histoire.
Il est assez facile de s'identifier à ce personnage d'Aila. Elle cherche qui elle est vraiment (mais sait-on un jour réellement qui nous sommes ?) Du coup, sa quête dans ces différents mondes fait ressortir ses diverses personnalités (et chacun de nous se comporte différemment selon son environnement). En ajoutant bien sûr toutes les aventures qu'elle vit (mais qui n'a pas rêvé un jour de lâcher sa petite vie tranquille pour partir à l'aventure ?), ça donne un superbe roman ! Bravo !

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Anne-Claire, Quel bonheur de retrouver Aila !

Quel bonheur de retrouver Aila dans ce second tome et de se laisser de nouveau complètement happer par sa quête, portée par un souffle qui anime le livre du début à la fin et nous laisse au bout un peu haletant… et dans l'attente de repartir dans le tourbillon des aventures du tome 3, dès qu'il sortira! Un grand merci pour ce plaisir de lecture renouvelé!
Donc merci encore… et pas merci!
Merci encore pour le plaisir inouï que j'ai retrouvé à dévorer le 2e tome d'Aila. Et pas merci, car je l'ai stupidement commencé vers 19  h ce soir et que je le finis juste (minuit et demi passé), moi qui restais tranquillement à la maison pour me coucher tôt et me reposer un peu… !

Sur UPblisher
Laurie, La Tribu Libre d'une écrivaine libérée, audacieuse et percutante de génie : assurément à ne pas louper !

Après avoir découvert Aila dans le tome 1, je n'ai pu m'empêcher de me jeter avidement sur le second. Spielberg, James Cameron et compagnie devraient, je le pense, se pencher sur la littérature indépendante française. Celle-ci, grâce à des plateformes telles qu'UPblisher, se positionnant en complément des circuits Parisiens, voient de véritables talents émerger. C'est ce pourquoi je parle de littérature, car même si l'imaginaire et la fantaisie sont une force dans cette œuvre, elles ne l'en dépossèdent pas de son style d'écriture remarquable. Ici, nul empaquetage, nulle formule enrobée ; juste de l'essentiel, du pertinent, et du dépouillé. Un style qui va droit à l'imaginaire et au rêve. C'est bien le terme qui s'impose. La Tribu Libre, le pays hagan, Aila-Topéca : tout cet univers ne peut que transporter les âmes dans un monde parallèle « libre » à chacun. Tout lecteur y verra sa propre tribu libre, sa propre Aila, et construira ses propres espoirs sur ce synopsis. La projection est inévitable, et le voyage n'en est que plus beau.
Accrochez-vous, Catherine Boullery est une auteure qui n'a pas fini de vous surprendre. Son arme la plus douce réside dans l'envoûtement de ses textes. Le suspens qui y règne, la poétique et la poésie qui s'en dégagent, la stylistique de la magie et des sens: tout vous dépossèdera de votre quotidien pour un monde haut en couleurs. L'effet persistera même après avoir refermé la dernière page, et vous attendrez impatiemment le prochain tome.
Alors de ma petite expérience en lettres, j'apprécie l'ouverture de ces éditeurs. Ils ont eu raison de se pencher sur cette collection d’œuvres : la vie d'Aila vous rapportera !

PS : Quel supplice de ne pas savoir avec qui elle a passé sa dernière nuit au château d'Avotour…! Mais c'est génial : bravo… ! Ce sera un best seller…

Sur UPblisher


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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

— Attendez, messieurs, s’écria-t-elle d’une voix haute et claire, veuillez avoir l’obligeance de m’écouter jusqu’au bout ! Je suis là pour vous apprendre à faire la différence entre un vil manipulateur qui ne sert que ses propres intérêts et quelqu’un au service de son pays.
— Maintenant, ça suffit ! Allez-y ! gronda l’homme.
Aila adressa un signe à Adrien pour qu’il lui lançât son kenda. Elle le rattrapa et s’occupa des quatre compagnons qui fonçaient sur elle. Il ne lui fallut guère de temps pour en venir à bout. Estourbis par la frappe du kenda, ils s’affalèrent les uns après les autres sur le sol.
— Seigneur Artusi, dois-je faire mander la garde ! s’écria le pauvre aubergiste.
— Allez-y, mon brave ! lui répondit-elle.
Puis retenant le lascar au chapeau par le col, elle s’exclama :
— Et où allez-vous donc ? Assis !
L’homme obéit. À présent, il roulait des yeux effarés, fixant la femme qui avait assommé ses sbires en un rien de temps.
— La garde va arriver et vous arrêtera ! vociféra-t-il à son encontre, dans sa dernière tentative d’esbroufe.
— Possible… Mais j’en doute… Surtout, vous ne bougez pas, ajouta-t-elle, laissant planer une menace dans sa voix, tout en relâchant son col.
Avec souplesse, elle monta sur la table.
— Mes amis, écoutez-moi ! Je vais vous raconter la vie d’un roi ! Et si l’un d’entre vous veut lui parler, allez le voir, il vous prêtera attention ! Parce que moi, contrairement à ce présomptueux, je le connais et je peux vous assurer qu’il ne lécherait pas les bottes d’un homme comme lui, ni celles de personne d’ailleurs ! Aujourd’hui, votre roi se bat ! Pour qui ? Pour chacun d’entre vous ! Oui, il sait combien votre vie est difficile et vos malheurs grands ! Qui, croyez-vous, a donné des compagnies de soldats pour protéger le blé ? Qui, croyez-vous, a investi deux sequins par sac de farine pour diminuer le prix du pain ? Qui, croyez-vous, prend la route, à l’instant même où nous parlons, pour nouer des alliances afin de sauver Avotour ? Vous pensez qu’il ne souhaite que vous envoyer à la mort, alors je vais vous décrire le monstre qui convoite notre pays : il s’appelle Césarus, empereur du Tancral. Chez lui, les hommes sont séparés des femmes, sauf le temps de procréer pour assurer la relève de la main-d’œuvre, tant sont insatiables ses besoins en chair humaine… Tout son peuple survit dans des conditions épouvantables et se tue à la tâche, et comment agit Césarus pour le remercier ? Une fois qu’un individu n’est plus bon à rien, il le pousse, parfois encore vivant, dans un charnier où il sera promptement recouvert par d’autres, devenus tout aussi inutiles. Et quand la fosse déborde, il en fait creuser une nouvelle par des hommes qui y finiront de toute façon ! Voilà ce que l’avenir vous réserve si vous ne vous battez pas pour l’éviter. Vous avez des raisons de pleurer sur votre sort actuel, mais, demain, si cet empereur envahit votre comté, vous n’en aurez plus, et seules la servitude et la souffrance vous tiendront compagnie jusqu’à votre mort qui ne tardera pas ! Ne vous laissez pas mener par ces sacrés bonimenteurs, comme cet Artusi, pétris d’orgueil, qui se valorisent d’une importance qu’ils ne possèdent pas. Ces bouffons de pacotille vous racontent ce qui les arrange, alors qu’ils seront les premiers à trahir votre pays et vous avec pour un peu plus de pouvoir et d’argent ! Vous donne-t-il vraiment l’impression de crever de faim cet homme-là ? Regardez-le ! Grassouillet comme un goret et sa mine hautaine et gourmande qui est une offense à vos assiettes vides. Il se nourrit de vos malheurs dont il n’attend que les suivants pour se repaître de plus belle… Ne vous laissez pas embobiner par des calomnies ! Portez la bonne parole de votre souverain à vos voisins ! Comme vous, votre roi souffre, il a perdu sa femme et sa fille qui sont mortes pour qu’il vive ! Ferions-nous preuve de moins de courage qu’elles ? Si elles ont donné leur vie pour lui, je serai la première à le faire, car, moi, je lui fais confiance ! Je ne vais pas nier, ce serait mentir, que la guerre contre Césarus nous lance un défi qu’il nous faudra relever malgré un sérieux risque de défaite, malgré la peur de la souffrance. Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes. Et tant pis si j’y perds la vie ! Car, croyez-moi, lorsque je m’engagerai dans la bataille, je tiendrai la première ligne avec notre roi, ses fils et leurs soldats. Et je vous le jure à tous, ici présents, je ne laisserai pas mon pays adoré tomber entre les mains d’un tyran sans lui résister ! Notre seule chance de victoire réside dans l’union de toutes nos forces. Alors, qui me suit ?
Les clients se taisaient, particulièrement troublés. Pendant tout le temps de son discours, ils avaient vu défiler dans leurs têtes des images de l’avenir que leur montrait Aila. Ils avaient percé à jour les projets de Césarus et la vie de ses hommes. Ils avaient vécu les morts de la reine et de sa fille pour des êtres comme Artusi, traîtres à leur pays, insatiables de pouvoir et avides de richesse. Ils avaient ressenti la souffrance du roi à leur perte et son courage pour surmonter cette dernière, ses doutes et ses désirs, l’amour de son royaume et sa volonté de le protéger. De retour, l’aubergiste ouvrit brutalement la porte, devançant la garde de Partour.
— Elle est là. Arrêtez-la ! Elle a malmené les compagnons du seigneur Artusi !
Le capitaine s’approcha avec ses soldats pour empoigner Aila. Adrien s’avança.
— Capitaine, je pense que cela ne sera pas nécessaire. Cette femme n’a fait que se défendre contre ces malandrins envoyés par cet homme pour la brutaliser. Tout le monde peut en témoigner.
— Il ment ! s’exclama Artusi. Il faut l’arrêter lui aussi !
— Pouvez-vous m’accorder juste un instant, je voudrais vous montrer quelque chose, suggéra Adrien à l’officier.
Le regard de ce dernier oscilla entre Artusi et le prince, évaluant le coût d’une méprise auprès du seigneur qui ne serait pas du genre à la lui pardonner. Puis, se résignant, il suivit Adrien, les yeux encore tournés vers l’homme au chapeau. La discussion ne dura guère et le capitaine, plein d’une énergie nouvelle, se dirigea vers le seigneur.
— Seigneur Artusi, je vous déclare en état d’arrestation pour outrage au roi et à la famille royale.
— Mais qu’est-ce que c’est que cette imbécillité ? Vous ne pouvez pas m’arrêter ! Je suis le seigneur Artusi ! Ne commettez pas une erreur de jugement, je détiens beaucoup de pouvoirs, vous savez… ! s’exclama-t-il, en se relevant, bousculant les dernières chopes.
Sortant de l’ombre, Adrien s’avança et se plaça en face de lui.
— Monsieur ! Vous êtes surtout un petit seigneur pédant et mal intentionné qu’il convient de remettre à sa juste place, au fond d’un trou. Je ne confierai pas ma vie à un homme tel que vous dont le premier réflexe sera de me trahir pour un plus offrant.
— Vous trahir ! Mais je ne vous connais même pas !
— C’est dommage pour vous, car en plus d’être pédant, vous êtes un sot ! Emmenez-le et gardez-le-moi au chaud, ou plutôt au frais, jusqu’à mon retour.
Un éclair de compréhension traversa de façon éphémère les yeux de l’homme au chapeau. Il venait de réaliser qu’il faisait face à un prince, mais lequel ? Il ne le savait même pas… Les soldats l’entravèrent, puis l’embarquèrent prestement. Jusqu’à sa disparition par la porte de l’auberge, il se tortilla dans tous les sens pour ne pas quitter le prince des yeux. Les gardes ramassèrent les compagnons d’Artusi qui, sans avoir encore parfaitement retrouvé leurs esprits, allaient suivre le même chemin que leur petit seigneur.
— Je passerai au château demain matin pour régler cette pitoyable affaire, reprit Adrien à l’adresse de l’officier qui se dandinait sur place.
Percevant son malaise, il poursuivit :
— Auriez-vous quelque chose à rajouter, capitaine ? Je vous écoute…
— Sire Parcot risque de se sentir offensé par le fait de ne pas vous avoir offert l’hospitalité pour la nuit dans sa demeure…
Adrien traduisit aussitôt ce que n’ajouta pas le capitaine. Ce dernier s’exposait au mécontentement de son seigneur pour n’avoir pas su ramener un membre de la famille royale au château… Le prince jeta un coup d’œil à Aila qui, encore sur la table, hocha la tête. Elle aussi avait compris les enjeux.
— Nous ne voudrions pas décevoir votre seigneur, nous vous accompagnerons jusqu’à sa demeure, poursuivit-il.
Le capitaine émit un bref soupir de soulagement et tourna son regard vers la jeune fille qu’il avait failli arrêter. Toujours perchée, elle s’adressa à tous ceux qui logeaient dans l’auberge :
— Maintenant, vous savez que j’ai dit la vérité. Alors, aidez-nous à la répandre. Soyez loyaux à votre roi ! Ne négligez pas ses sacrifices, car lui ne vous oublie jamais !
Avec grâce, elle sauta de la table, posa un genou à terre et baissa respectueusement la tête devant Adrien, abasourdi.
— Sire Adrien, mon prince, à genou devant vous, je vous renouvelle mon engagement de fidélité, énonça-t-elle d’une voix claire.
Elle se redressa et hurla :
— À la vie, à la mort !
Un murmure parcourut l’assemblée, qui, elle aussi, réalisait que se tenait devant eux, dans cette auberge, un prince… De rares clients commencèrent également à mettre un genou en terre en murmurant « À la vie, à la mort ! », rejoints petit à petit par d’autres dont les voix s’élevaient de plus en plus nombreuses et assurées, sous les yeux médusés de l’aubergiste. Un regard vers le capitaine qui s’agenouillait, finit par le convaincre d’imiter la foule. Bientôt, plus aucun homme ne se tenait debout, excepté Adrien. Elle reprit, de sa voix sonore, dans le silence qui retombait.
— À tous, je confie la mission de rapporter et d’expliquer à vos voisins et amis la menace qui pèse sur nous tous. Racontez ce que vous avez vu, prouvez-leur que nous devons rester unis pour vaincre ! Soyez incisifs, convaincants ! Vous devenez à partir de ce soir les émissaires du prince Adrien et de sa famille, et le roi ne pourra que se montrer fier de sujets tels que vous ! Nous nous retrouverons !
— À la vie, à la mort ! s’écria un des hommes, se relevant maladroitement.
Suivi par tous, l’auberge trembla sous les cris et les vivats ! Le pauvre tenancier, désorienté, regardait la douce folie qui s’était emparée de ses clients.
Aila s’approcha de lui. Il en frémit.
— Juste un conseil pour vous : je sais la difficulté de se frayer une place parmi les grands, mais un égoïste tel qu’Artusi n’aurait jamais fait qu’abuser de vous sans vous offrir la moindre compensation. N’ayez aucun regret. Seulement, à l’avenir, choisissez mieux vos amis et ceux à qui vous déclarez votre loyauté.
L’aubergiste se fendit d’un large sourire et se mit, comme les autres, à lever le bras et à s’égosiller.

Les deux voyageurs avaient récupéré leurs paquetages. À présent, ils suivaient le capitaine qui les guidait vers le château à travers les rues sombres de la ville. Ni l’un ni l’autre n’avait prévu ce nouveau rebondissement dans leur mission, mais au point où ils en étaient, qu’importaient ces heures supplémentaires perdues… L’officier avait dépêché un de ses soldats en avance prévenir le châtelain et ce dernier se tenait déjà sur les marches quand le petit groupe pénétra dans la cour. L’homme parut immédiatement antipathique à la jeune fille. Il affichait sur sa bouille arrondie une profonde estime de soi que la jeune fille trouva déplaisante. Malgré les nombreux défauts qu’elle décelait en lui, il lui apparut clairement qu’il n’était pas le traître que l’on aurait pu croire, il affichait sa fidélité au roi… Tout dans sa façon de se comporter lors de leur accueil dénotait qu’il était borné, impitoyable et colérique. Poursuivant son analyse du personnage, elle se dit que, dans le même temps, il excellerait comme chef d’armée… Dans un tel contexte, borné signifierait déterminé, implacable, valeureux et, pour ce qui était de la colère, partagée avec ses soldats contre leurs ennemis, elle leur donnerait des ailes. Tout ceci constituait pour l’instant un mélange détonant qu’il conviendrait de manipuler avec précaution… Aila soupira. Depuis quand la diplomatie était-elle devenue un de ses talents ? Comment allait-elle procéder pour ne pas se le mettre à dos tout de suite ?
— Sire Adrien ! Ma dame ! Quel honneur infini de vous recevoir dans mon château ! Je vous en prie, entrez. Mes serviteurs sont en train de vous préparer deux chambres qui, je l’espère, vous siéront. Avez-vous mangé ?
— Merci pour votre accueil, sire Parcot. Une seule suffira, je dors avec mon garde du corps. Si cela ne vous dérangeait pas, après cette journée fatigante, nous aimerions nous retirer.
— Oh ! s’exprima le châtelain, visiblement déçu.
— Sire, dit Aila, se tournant vers Adrien, nous pourrions consacrer du temps à notre hôte avant de nous reposer. Comme nous repartons de bonne heure, nous n’aurons pas d’autre occasion pour discuter ensemble…
Il lui jeta un coup d’œil interrogateur, puis s’adressa à Parcot :
— La fatigue a eu raison de moi, un instant, et j’ai manqué à tous mes devoirs. Nous sommes ravis de passer un moment avec vous. Nous vous suivons, sire Parcot.
Les deux invités se retrouvèrent rapidement dans une salle bien chauffée, mais plutôt vide. Aila eut l’impression de revoir le château d’Antan. Malgré sa dureté apparente, le châtelain de Partour ne laissait pas ses gens dans la misère sans agir. Ils s’installèrent dans trois fauteuils à l’aspect râpé.
— Mon capitaine m’a averti que sire Artusi croupissait au cachot, annonça-t-il avec un petit rire sans joie. Notre monde bouge et certains y perdent leurs repères. Depuis un moment, je me méfiais de lui et je le découvre agitateur et provocateur. Mais il ne s’en tirera pas comme cela ! Au pain sec et à l’eau ! Cela va lui changer la vie à ce félon !
— Il a dit compter des amis haut placés. Savez-vous de qui il parlait ? questionna Adrien.
— Je sais qu’il voyage beaucoup entre Aroure et Uruduo. Maintenant, qui il y rencontre exactement est une autre paire de manches. Les seigneurs Barmois d’Uruduo et Constan d’Aroure sont déjà venus lui rendre visite, mais nous ne pouvons en tirer aucune conclusion. Je connais Constan, c’est un homme horripilant, mais cela n’en fait pas forcément un traître ou un rebelle…
Aila retint un rire. Parcot raisonnait sur Constan comme elle l’avait fait à son égard…
— Notre situation est-elle si grave que cela ? s’inquiéta le châtelain.
Adrien jeta un coup d’œil interrogateur vers Aila qui lui signala qu’il pouvait parler.
— Encore plus que vous ne pouvez l’imaginer. Nous sommes menacés par l’empereur Césarus du Tancral qui a juste besoin d’esclaves et de jouets humains supplémentaires…
— Mais le Tancral est à des centaines de lieues, au nord !
— Effectivement, mais il a désormais asservi tous ses pays limitrophes. Après une période de repos, il a décidé de se remettre en marche en traçant vers le sud…
Un moment, le châtelain resta pensif avant de reprendre :
— Nous devions déjà combattre la misère et nous voilà devant un fléau encore plus redoutable. Alors que faire ?
— Le roi a rappelé tous les héros de la grande bataille pour reformer une armée. De plus, chaque membre de la famille royale est chargé de nouer des alliances avec les pays qui bordent le royaume d’Avotour. Seuls, nous aurons du mal à vaincre, mais unis, cela nous laisse une chance…
— Et qui allez-vous voir ?
— Les Hagans.
Parcot se dressa sur sa chaise, puis sur la pointe des pieds.
— Impossible ! Ces Hagans ne sont que des hordes sauvages ! Ils ne cessent de nous harceler ! Ils tuent nos hommes, nos femmes, nos enfants et détruisent nos récoltes… Ce ne sont que des barbares ignares ! Qu’on les extermine, tous, jusqu’au dernier ! Comment pouvez-vous songer, ne serait-ce qu’un seul instant, à une entente avec eux ? Jamais je ne prendrai part à une telle mascarade ! C’est hors de question ! Vous m’offensez !
Le châtelain fulminait et Adrien attendit qu’il se calmât avant de reprendre la parole, avançant prudemment ses idées :
— Seigneur Parcot, j’entends et je comprends vos sentiments à leur égard. Cependant, nous atteignons un tournant de notre histoire où de ces alliances nouvelles peut naître une victoire pour nous tous. Les Hagans sont tout ce que vous dites, mais ce sont aussi, reconnaissez-le, de fiers cavaliers et d’excellents combattants. Ils rivalisent de courage et ne craignent pas de mourir. Nous aurons besoin d’hommes comme eux.
— Moi, vivant, jamais, vous entendez ! Jamais !
— Alors, ce sera vous, mort, s’il le faut, conclut Aila, très placidement.
Adrien et Parcot se tournèrent vers la jeune fille, le châtelain s’étranglant littéralement de rage. Elle se leva nonchalamment et posa sa main sur le bras du châtelain, l’amenant doucement à se calmer et à se rasseoir.
— Vous devez absolument comprendre que nous n’avons aucun choix. De plus, votre vision des Hagans me paraît beaucoup trop réductrice pour être juste. Je vais vous rafraîchir la mémoire. Pendant des années, les sujets d’Avotour vivaient en paix. Seulement, l’histoire raconte qu’au moment où les fées ont disparu…
— Allons donc nous voici en plein délire ! Vous êtes bien une femme pour déblatérer ce genre de niaiseries ! coupa Parcot qui tenta de se lever de nouveau.
— Asseyez-vous et écoutez, ordonna le jeune fils du roi, sans élever la voix. Elles existent et je les ai personnellement rencontrées pour la première fois, il y a quelques jours à peine…
Le châtelain ouvrit la bouche, puis se rassit lentement, abasourdi par les propos du prince. Elle enchaîna, sans lui laisser le temps de comprendre ce qui venait déjà de l’assommer.
— Quand les fées ont disparu, les citoyens d’Avotour ont perdu leurs marques et, dans leur désespoir, ils ont perpétré des incursions chez les Hagans pendant plus d’un siècle. Ils ont fait subir aux Hagans ce que vous leur reprochez d’exercer à l’encontre de notre peuple aujourd’hui. Nous aussi n’étions rien d’autre que des barbares sanguinaires, prêts à tuer pour un rien. Puis nous avons recouvré la raison et sommes à nouveau devenus des hommes de paix, oubliant les monstruosités que nous avions pu commettre, mais pas eux ! À présent, ils se vengent toujours des souffrances que nous leur avons infligées. Le prince et moi venons pour briser ce ressentiment dont nous portons la responsabilité. Mais si des seigneurs comme vous s’opposent à ce projet de réparation, ils finiront avec Artusi dans un cachot comme traître à la patrie !
Parcot était livide. Il jetait des regards désespérés vers Adrien. Il ne comprenait pas que le prince laissât une simple garde du corps lui donner des leçons à lui, un seigneur ! C’en était trop pour lui ! Il était fidèle à son roi et les Hagans des hommes sans foi ni loi ! Aila poursuivit son histoire :
— Je pourrais les détester encore plus que vous. Ils ont fait brûler vive toute la famille de ma mère. Mon père les a combattus et les a vaincus, mais je vais vous dire une chose qui risque de vous surprendre. En l’écoutant parler, j’ai toujours songé qu’il les respectait. Il les considérait comme des hommes braves. Seulement, comme vous, il avait tellement subi d’horreurs de leur part, qu’il s’en méfiait comme de la pire des engeances.
— Mais ce sont des brutes bornées, impitoyables !
— Exactement ce que j’ai pensé de vous en vous voyant. Et j’ai, en outre, rajouté colérique…
Le châtelain demeura sans voix. De blême, il était devenu rouge. Il ouvrait et refermait la bouche comme un poisson qu’on aurait sorti de son bocal. Ce fut le moment que son fils, Julius, choisit pour entrer dans la pièce.
— Bonsoir à tous. Sire Adrien, ma dame…
Il s’aperçut rapidement que quelque chose clochait et son regard oscilla entre les différents protagonistes. Il versa de l’eau dans un verre et le tendit à son père qui, d’un geste, l’envoya valdinguer contre la cheminée.
— Colérique, c’est bien ce que je disais, acheva Aila.
Le fils esquissa un sourire, puis prit une chaise et s’installa à côté de son père. Il ne paraissait aucunement ébranlé par la conduite de Parcot et attendit que le calme fût revenu. Pour détendre l’atmosphère, il s’adressa à Adrien :
— Sire, vous avez fait grand effet sur la population de Partour. Dans les couloirs du château, on ne parle plus que d’allégeance au roi ! J’ignore comment vous vous y êtes pris, mais vous avez réussi à réveiller dans leurs cœurs l’envie d’appartenir au royaume d’Avotour qui se perdait peu à peu. Ce revirement me paraît extraordinaire.
— Personnellement, je n’y suis pour rien, mais je bénéficie d’une garde du corps particulièrement efficace qui sait en permanence quoi dire au bon moment et qui l’énonce sans vraiment mâcher ses mots. C’est à double tranchant. Elle ne fait pas de cadeau, mais, dans le même temps, elle vous permet de réaliser que vous êtes dans l’erreur et vous offre une chance de corriger le tir. J’ignore comment elle se débrouille, mais ce qu’elle affirme se révèle toujours juste. Alors, même moi, quand elle parle, je l’écoute et je réfléchis, car, tout prince que je suis, je ne suis qu’un homme faillible. Le vrai courage consiste à savoir reconnaître ses méprises…
Julius ne fut pas dupe. Il comprit immédiatement que le discours s’adressait à son père, devenu remarquablement silencieux et renfrogné.
— Sire Parcot, annonça Aila. Vous devez rejoindre le comté d’Avotour et des combattants comme Barou ou Bonneau Grand. Vous êtes de la même trempe, de ceux qui conduisent et galvanisent les troupes au combat et qui les font vaincre. Avotour a besoin d’hommes comme vous. Vous aurez beaucoup à apporter avec votre sens inné de la stratégie et vos connaissances du terrain.
— En somme, vous m’en mettez plein la face et, après, vous me passez la pommade pour effacer le tout ! Ne croyez pas, jeune fille, que je mange de ce pain-là ! répliqua le châtelain qui avait retrouvé sa voix et son assurance.
— Borné, j’ai bien dit borné ! riposta-t-elle du tac au tac.
— Cela suffit ! Je ne me laisserai pas traiter comme un imbécile sous mon propre toit ! Je ne ferai rien contre mon prince à qui j’offre mon respect comme il se doit, mais à vous, lança-t-il, en observant Aila, je ne vous dois rien, alors ne poussez pas le bouchon trop loin sous peine de croupir dans le même cachot qu’Artusi.
— Aucune geôle ne me retiendrait, sire Parcot. Regardez…
Elle ouvrit ses mains et, sous leurs yeux ébahis, elle fit croître une flamme. Tous sentaient sa chaleur douce qui se transforma rapidement en un brasier insupportable. Aila l’envoya en l’air et elle retomba en gouttes de pluie torrentielle qui détrempa les seigneurs avant qu’un grand vent ne se levât et qu’ils ne fussent à nouveau secs comme si rien ne s’était passé… Mais ce n’était pas un songe, Aila tenait encore dans ses mains la flamme qui se mourait lentement.
— Mais quel est ce prodige ? Qui êtes-vous donc ? s’enquit Parcot, décomposé.
— Je m’appelle Aila Grand et j’ai reçu en partage les dons des fées. Je suis celle qui sait.


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