➁ La Tribu Libre | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

La Tribu Libre, tome 2 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel du tome 1)

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

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L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays Hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.


Début du tome 2 - La Tribu Libre

Parvenue aux frontières du pays Hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans avoir la moindre idée de ce que signifie être chamane, endosse ce nouveau rôle sans joie… Accompagnée par Adrien devenu Kazar, elle quitte Avotour pour le pays Hagan.

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Plus rien ne va… Depuis qu'Aila est devenue Topéca, Adrien et elle se parlent à peine. Rapidement, le prince réalise que la jeune femme, une fois de plus, porte sur ses épaules un fardeau beaucoup trop lourd et tente la réconforter : Aila ne peut pas disparaître aussi facilement derrière Topéca. Rassérénée par les propos de son compagnon, la nouvelle chamane reprend la route sur les sentiers montagneux, le coeur apaisé.

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Leur chemin les mène à la rencontre de la tribu Appa dont le chef se nomme Quéra. Dès cet instant, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibre sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent en sauvant les uns après les autres les enfants de la tribu tombés malades. Cependant, chez Topéca comme chez Aila, rien n'est offert aux autres sans qu'elle en paye le prix. C'est sous les regards inquiets des mères de la tribu que la chamane épuise son énergie dans le seul but de préserver des vies.

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Mais la lutte ne fait que commencer. Derrière cette maladie insidieuse se cachent l'ombre de sorciers et leur perversité. Face à cette certitude, les détruire peu à peu devient une évidence, mais comment ? À présent, le moment est venu d'en affronter un parmi eux. Mais est-il possible de vaincre ces représentants du mal ? Quelle puissance nouvelle et inédite Aila - Topéca déploiera-t-elle pour y parvenir ?

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Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Cassandre, Incroyable roman, qui vous donne des frissons

Après le 1er tome, place au 2e que j'ai commencé à lire très rapidement ! Aila nous surprend une fois de plus avec ses nouveaux pouvoirs, son nouveau combat, ses nouvelles difficultés qui la font tant douter… Elle nous prend au coeur des tripes, on s'accroche, on suspend sa respiration à chaque action… On fait défiler les pages, au travail, en voiture, partout on l'on peut… La curiosité et l'affection que l'on porte aux personnages nous porte dans un univers magique et réel à la fois… Il entraîne également sur des réactions primaires, oui primaires ^^ un collègue m'a fait la blague de cacher mon livre quand je voulais le lire et je devais absolument finir la page pour comprendre un moment important du livre, je suis devenue folle à le chercher partout !!!!! Et quand je l'ai retrouvé, je lui ai fait passer un mauvais quart d'heure !!
J'ai fini le 2e tome il y a 3 jours et ma lecture préferée me manque !! vivement le 3e tome… Cela faisait très longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un livre… Un grand Bravo à cette auteur à un avenir très prometteur !!

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Romain, Envoûtant encore

… et c'est un exploit. Superbe.
Ce deuxième tome s'inscrit dans la foulée du premier, avec le même brio, un panache encore plus grand… et les mêmes forces et faiblesses malheureusement. Il faudra attendre le tome trois pour un peu plus d'ouverture.
Aila reste au centre d'un récit qui tour à tour vous donnera des ailes et vous vous fera sombrer dans le chagrin.
Catherine améliore encore son style, et nous fait vivre Aila-Topéca avec une force inédite.
Et rien d'autre. Si vous aimez votre fantasy uniquement pour les mondes créés, passez votre chemin. La saga d'Aila est uniquement celà — Aila. Et c'est sublime.
La force du tome deux est le chamanisme, non pas dans le récit raconté, mais dans le style de celui-ci. Il vous emporte dans quelque chose de plus grand, de vibrant… C'est la force évocatrice de l'écriture qui porte le récit et le rend possible.
Et une fin qui vous laissera sur vos dents… pendant une bonne partie du tome suivant également.
C'est avec regret que j'ai refermé le chapitre Topéca, et une grande tristesse de cette époque révolue pour Aila.

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SFFF-amateur, Très prenant

J'avais découvert le tome 1 grâce aux commentaires des lecteurs précédents et avait trouvé ce roman de fantasy très original.
Avec le tome 2, La Tribu Libre, le qualificatif « prenant » est plus approprié tant j'ai été est happé par la quête d'Aila dans les montagnes haganes, ses combats contre la sorcière et les sorciers, sa confrontation avec la grande souffrance, le château de Faraday — pour la partie action —, mais aussi par les nouvelles amitiés qui se nouent avec quelques Hagans, sa rencontre avec les chamans et les esprits de la terre et enfin l'apothéose de Topéca.
Que du bonheur dans un style alerte, que de l'action avec des rebondissements toujours inattendus, que des dialogues passionnants avec Adrien et Pardon, que de beaux sentiments avec Hang et Hatta…
Un point négatif pour équilibrer mon commentaire : le dernier chapitre m'a surpris au plus haut point et ce qui s'y passe a causé une immense frustration m'obligeant à acheter L'Oracle de Tennesse.

Sur Amazon
Math1977, Superbe

Encore une fois, Catherine Boullery nous emmène dans son univers. Si on vous êtes fan de Robin Hobb ou dans une moindre mesure du Seigneur des anneaux, cet univers pourra vous sembler familier, mais néanmoins original tant par les idées que par l'écriture fluide et efficace.
Ne prévoyez pas trop de choses à faire après avoir ouvert ce livre, on le dévore, comme le premier tome ! Je m'étonne cependant de ne pas trouver ce livre en papier… merci donc au format numérique de nous permettre de profiter de cette saga dont j'attends la suite, avec impatience !

Sur iTunes
Élodie, Une fois n'est pas coutume, j'attends avec impatience le tome 3 !

J'ai de nouveau plongé dans cet univers envoûtant et il était difficile d'en sortir. Alors que je lis de moins en moins en ce moment, j'ai profité de chaque minute de temps libre pour sortir mon livre de fantasy et avancer dans l'histoire.
Il est assez facile de s'identifier à ce personnage d'Aila. Elle cherche qui elle est vraiment (mais sait-on un jour réellement qui nous sommes ?) Du coup, sa quête dans ces différents mondes fait ressortir ses diverses personnalités (et chacun de nous se comporte différemment selon son environnement). En ajoutant bien sûr toutes les aventures qu'elle vit (mais qui n'a pas rêvé un jour de lâcher sa petite vie tranquille pour partir à l'aventure ?), ça donne un superbe roman ! Bravo !

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Anne-Claire, Quel bonheur de retrouver Aila !

Quel bonheur de retrouver Aila dans ce second tome et de se laisser de nouveau complètement happer par sa quête, portée par un souffle qui anime le livre du début à la fin et nous laisse au bout un peu haletant… et dans l'attente de repartir dans le tourbillon des aventures du tome 3, dès qu'il sortira! Un grand merci pour ce plaisir de lecture renouvelé!
Donc merci encore… et pas merci!
Merci encore pour le plaisir inouï que j'ai retrouvé à dévorer le 2e tome d'Aila. Et pas merci, car je l'ai stupidement commencé vers 19  h ce soir et que je le finis juste (minuit et demi passé), moi qui restais tranquillement à la maison pour me coucher tôt et me reposer un peu… !

Sur UPblisher
Laurie, La Tribu Libre d'une écrivaine libérée, audacieuse et percutante de génie : assurément à ne pas louper !

Après avoir découvert Aila dans le tome 1, je n'ai pu m'empêcher de me jeter avidement sur le second. Spielberg, James Cameron et compagnie devraient, je le pense, se pencher sur la littérature indépendante française. Celle-ci, grâce à des plateformes telles qu'UPblisher, se positionnant en complément des circuits Parisiens, voient de véritables talents émerger. C'est ce pourquoi je parle de littérature, car même si l'imaginaire et la fantaisie sont une force dans cette œuvre, elles ne l'en dépossèdent pas de son style d'écriture remarquable. Ici, nul empaquetage, nulle formule enrobée ; juste de l'essentiel, du pertinent, et du dépouillé. Un style qui va droit à l'imaginaire et au rêve. C'est bien le terme qui s'impose. La Tribu Libre, le pays hagan, Aila-Topéca : tout cet univers ne peut que transporter les âmes dans un monde parallèle « libre » à chacun. Tout lecteur y verra sa propre tribu libre, sa propre Aila, et construira ses propres espoirs sur ce synopsis. La projection est inévitable, et le voyage n'en est que plus beau.
Accrochez-vous, Catherine Boullery est une auteure qui n'a pas fini de vous surprendre. Son arme la plus douce réside dans l'envoûtement de ses textes. Le suspens qui y règne, la poétique et la poésie qui s'en dégagent, la stylistique de la magie et des sens: tout vous dépossèdera de votre quotidien pour un monde haut en couleurs. L'effet persistera même après avoir refermé la dernière page, et vous attendrez impatiemment le prochain tome.
Alors de ma petite expérience en lettres, j'apprécie l'ouverture de ces éditeurs. Ils ont eu raison de se pencher sur cette collection d’œuvres : la vie d'Aila vous rapportera !

PS : Quel supplice de ne pas savoir avec qui elle a passé sa dernière nuit au château d'Avotour…! Mais c'est génial : bravo… ! Ce sera un best seller…

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Le jour à peine levé, le bourreau vint la réveiller. Il ne lui coupa pas les cheveux comme elle s’y attendait, mais lui offrit simplement de se rafraîchir. Ensemble, ils parcoururent les interminables couloirs qui menaient à la cour au milieu de laquelle trônait le billot. Arrivant au pied de ce dernier, l’aspect du sang qui le maculait suscita chez elle cette réflexion étrange : il ne devait pas servir souvent. Pourtant d’ici une poignée de minutes, le sien s’écoulerait dessus et ce serait fini d’Aila Grand. Dépitée, elle songea soudain qu’elle ne pourrait pas tenir sa parole auprès du vieux boutiquier. Encore une promesse qu’elle ne respecterait pas… Constatant le nombre limité de gardes présents, l’idée de s’échapper lui traversa l’esprit… Cependant, elle avait offert sa vie pour sauver celle de Lomaï, elle ne reviendrait pas en arrière malgré la panique qui l’envahissait peu à peu. Par les fées, elle allait mourir et elle avait peur, tellement peur… Au bruit de pas qui résonnaient, elle sut que plusieurs personnes entraient dans la cour. Elle jeta un vague coup d’œil vers eux, rassurée qu’Aubin ne fût pas là pour la voir décapitée, seuls le roi et ses trois fils assistaient à son exécution matinale.
La voix du souverain retentit, lapidaire, dans l’enceinte fermée :
— Qu’on en finisse !
Un soldat lia les mains d’Aila derrière le dos et la jeune fille s’agenouilla, posant sa tête sur le billot crasseux qui la dégoûtait. Le bourreau saisit sa hache qu’il leva lentement. La fin, c’était la fin… Par les fées, vite ! Les yeux clos, elle entendit un court sifflement, suivi d’un bref courant d’air, puis ce fut le bruit sec d’un impact à ses côtés. Dans un brouillard complet, elle discerna une voix :
— Détachez-la et aidez-la à se relever.
Elle reprenait conscience du monde extérieur tandis que le bourreau lui libérait les mains. À son oreille, la voix d’Avelin murmura :
— C’est fini, Aila, tout est terminé, tu es libre…
Puis ce fut celle d’Aubin qui résonna dans son cerveau :
— Aila, je suis là. Remets-toi, s’il te plaît. Aila !
Aubin était ici… Pourtant, elle ne l’avait pas vu… Elle ne comprenait plus. Finalement, elle ne devait pas être morte ou alors la mort prenait les couleurs de la vie…
— Aubin, c’est toi ? articula-t-elle péniblement.
Elle sentit la pression de sa main sur la sienne, tandis que, passant son bras sous le sien, il l’aidait à se relever. Son autre bras fut attrapé par Avelin qui lui murmura :
— Nous devons aller voir père. Courage, Aila.
Elle vacillait. Elle bénit ceux qui lui permettaient d’avancer sans s’effondrer. Arrivée en face de son suzerain, au prix d’un effort surhumain, elle se dégagea des bras qui la soutenaient. Elle voulait se présenter devant lui, debout et seule. Aubin et Avelin s’écartèrent d’un pas.
— Aila Grand, regardez-moi !
Elle leva ses yeux vers lui.
— Je suis le roi, vous êtes un de mes sujets. Que vous l’ayez écrit ou non, vous me devez obéissance et je n’admettrai jamais qu’il en fût autrement. Hier, vous avez dépassé les bornes, au-delà de ce que peut tolérer un souverain, même de ses propres enfants, alors je vous ai punie avec une grande sévérité. Je ne vous accorderai aucune seconde chance. Tenez-le-vous pour dit !
Punie, elle avait été punie ! Il lui avait fait vivre les dernières heures de sa vie comme une punition ! La colère enfla en elle. Et c’était elle qui avait été trop loin ! Jamais elle ne lui pardonnerait non plus et elle allait le lui déclarer immédiatement. Qu’importait si elle devait mourir pour de vrai cette fois, elle ne partirait pas sans lui avoir dit son fait !
Resté en retrait depuis le début, Hubert la regardait, songeur. Cette fille révélait un courage à toute épreuve, il fallait bien l’admettre. Elle s’était présentée devant son père, la tête haute, dégagée de tout appui, alors qu’il la sentait prête à chanceler. Il suivait les nuances de son regard qui changeaient au fur et à mesure que le roi la sermonnait et reconnut ce qu’il voyait régulièrement dans ses yeux, quand la colère montait en elle. Il eut la certitude qu’elle allait envoyer paître son père ! Prenant les devants de ce qu’il pressentait, il l’attrapa d’un geste et la bascula par-dessus sur son épaule, abusant de sa trop grande faiblesse pour se défendre. Devant l’assistance médusée, il déclara :
— Hector arrive bientôt. Je vous l’emprunte, car nous devons effectuer un gros travail de préparation avant sa visite.
Hubert croisa les yeux de son père qui, interloqué, avait froncé ses sourcils pour exprimer son mécontentement quant à l’intervention de son fils. Il ne savait pas ce dont Aila était capable quand la colère l’enflammait. Hubert, si… ! Il l’avait déjà essuyée plusieurs fois et Aila ne faisait aucun cadeau. Elle portait directement ses coups là où ils faisaient mal. Comme il embarquait la jeune fille, elle se mit à le bourrer de coups, preuve qu’elle reprenait des forces peu à peu. La voix plus assurée, elle commença à hurler pour qu’il la lâchât. Cherchant un endroit paisible, il se dirigea sans réfléchir vers sa chambre et la déposa vivement sur le lit après avoir refermé la porte.
— Mais qu’est-ce que vous faites ? explosa-t-elle.
— Je vous ai empêché de commettre la deuxième plus grosse sottise de votre vie ! riposta-t-il sur le même ton.
— Pourtant, vous auriez été débarrassé de moi !
— Alors, ne me le faites pas regretter et, pour une fois, tenez-vous tranquille ! Vous étiez à deux doigts de répliquer sans ambages à mon père !
— Et j’y retourne ! Il va savoir ce que je pense de sa façon de faire !
— Parce que bien sûr, ça ne vous a pas effleuré une seconde que l’on a tous passé une nuit blanche à étudier les textes pour trouver une solution afin de vous sauver la vie !
L’estomac d’Aila se contracta dangereusement.
— Même vous ?
— Même moi… Ça vous étonne ? Vous connaissez trop de choses, Aila. Hamelin n’a pas été assez sélectif dans ce qu’il vous a appris et vous utilisez des règles périlleuses pour vous ! Après plusieurs heures de recherche, Avelin a fini par dégotter un antécédent historique qui transformait cette loi en châtiment exemplaire, c’était le cas de le dire. Mon père a exécuté la mise en scène jusqu’au bout. Nous avons tous joué le jeu et vous, avec votre tempérament de folle furieuse, vous avez failli tout gâcher. Qu’avez-vous à répondre, maintenant ?
Elle était devenue livide.
— Je veux vomir…
Hubert se précipita et lui tendit une cuvette juste à temps, alors qu’Aila, ayant glissé du lit sur le sol, vidait comme elle pouvait le contenu inexistant de son estomac. Le prince héla un serviteur et s’entretint un court instant avec lui. Quand ce dernier revint, Hubert échangea les bassines, puis referma la porte. Il humidifia un linge et s’approcha d’elle. Le dos appuyé contre le lit, elle ne bougeait plus, les paupières closes et le visage trempé de sueur. Sa nuit avait été sûrement encore plus difficile que la leur… Il épongea délicatement ses tempes et son front, puis attendit patiemment que la jeune fille reprît ses esprits. Quelques minutes plus tard, elle ouvrait les yeux et posait son regard sur lui.
— Cela a été tellement…
Elle ne finit pas sa phrase et éclata en sanglots. Réconfortant, le prince passa ses bras autour de sa taille, lui chuchotant :
— Je sais, Aila, je sais.
Il la garda sur son épaule jusqu’au moment où la respiration paisible d’Aila lui indiqua qu’elle s’était endormie. La soulevant, il l’allongea dans son lit et remonta le duvet sur son buste avant de sortir. Il envoya chercher Élina pour qu’elle veillât sur elle en son absence et rejoignit le bureau.

— Comment va-t-elle ? s’enquit Avelin dès son entrée.
— Elle est secouée, mais elle s’en remettra, répondit Hubert.
— Mais qu’est-ce qui t’a pris de la charger sur ton dos ? questionna Sérain, encore interloqué.
— À part Aubin, je crois qu’aucun de vous ne se doute de quoi elle est capable quand elle entre dans une de ses colères folles.
Hubert se tourna vers Aubin qui le lui confirma d’un hochement de tête.
— Si je ne l’avais pas ravie sous vos yeux ébahis, elle allait dire ses quatre vérités à père.
Sérain fronça les sourcils.
— Elle n’aurait pas osé ?…
Le roi regarda alternativement Aubin qui baissa le regard, Avelin qui sourit en coin et Hubert qui secoua sa tête.
— Mais, par les fées, qu’est-ce que c’est que cette fille ? s’exclama-t-il, balançant entre incompréhension et agacement.
— … la personne la plus valeureuse que j’ai eu l’honneur de rencontrer, résonna une voix gracieuse.
Lomaï, restée dans l’ombre jusqu’à présent, s’avança dans la lumière.
— Je lui dois la vie et je me tiens prête à donner la mienne pour elle si nécessaire. Je deviendrai son humble servante si elle veut de moi.
— En tout cas, elle ne laisse personne indifférent ! termina Avelin, un tantinet ironique.
— Hubert, peux-tu conclure la paix avec elle pour les jours à venir ?
— Je ferai de mon mieux, père.
Sérain l’évalua du regard.
— Après cette trop courte nuit, la journée promet d’être très longue avec le bal qui se profile ce soir. Je vous invite à vous reposer avant l’arrivée d’Hector ce midi pour qu’il nous trouve à peu près en forme. Lomaï, allez dormir chez Aila. Élina vous montera un lit. Une remarque, Hubert ?
— Elle gigotait tellement que je suis allé au plus court. Elle sommeille dans ma chambre.
Sérain soupira :
— Elle possède quand même un don certain pour compliquer la vie des gens qu’elle croise, mais, dans le même temps, fascinés, vous la regardez voler comme un oiseau lorsqu’elle vous sauve la vie… Hubert, va dormir également. On peut espérer qu’elle ne t’étripera pas quand elle rouvrira ses yeux…
Quand le prince s’étendit, le visage d’Aila avait retrouvé une évidente sérénité. Il avait aussi envoyé Élina dresser un lit pour Lomaï, puis chercher à manger pour qu’Aila, à son réveil, pût grignoter un en-cas. La fatigue le terrassant, il s’endormit rapidement.

L’esprit embrouillé, Aila émergea après un affreux cauchemar, en fait, carrément épouvantable… Puis ses idées se clarifièrent. Ah ! non, elle avait vraiment failli être décapitée, mais, au final, elle avait survécu… Où se trouvait-elle maintenant ? Elle ne reconnaissait pas sa chambre. Se tournant doucement sur le côté, elle découvrit avec stupeur un individu allongé qui dormait près d’elle. Un prince ? Lequel ? Se redressant délicatement, elle fit à peine grincer le lit et l’homme se retourna vers elle. Hubert… Elle avisa le plateau sur lequel elle saisit un petit morceau de pain avec du fromage. Silencieusement, elle ouvrit, puis referma la porte avant de rejoindre sa chambre tout en grignotant.
Elle croisa Élina qui marchait dans les couloirs.
— Dame Aila, je venais vous chercher. Il reste une cloche pour vous préparer.
Aila gémit, incertaine d’être complètement remise de ses émotions matinales :
— Non, pas maintenant ! Je me sens incapable de faire bonne figure à quiconque pour l’instant, Élina, et je vous l’assure, je ne tente pas de me défiler…
Élina se mordit la lèvre avant de continuer :
— Je vais voir le roi pour lui en parler, mais ce soir, le bal a lieu et vous y danserez.
Aila hocha la tête.
— Nous avons installé Lomaï dans votre chambre où elle dort.
La jeune fille sourit à cette nouvelle rassurante.
— Elle va bien ?
— Beaucoup mieux depuis que vous êtes revenue parmi nous. J’en suis également ravie, ajouta Élina en rougissant.
Aila se pencha vers elle et déposa un baiser sur sa joue.
— Merci beaucoup. Je suis aussi très contente de vous retrouver.
Reprenant son chemin, elle surprit le geste d’Élina qui portait ses doigts à l’endroit où elle l’avait embrassée. Elle pénétra ensuite doucement dans sa chambre et récupéra son kenda qui trônait à côté de l’autre tout crasseux. Aubin avait dû les poser là. Elle redescendit vers les écuries et fut étonnée du nombre de gens qui la saluèrent de bon cœur : ils semblaient heureux de la revoir ! Allez comprendre la nature humaine… Elle s’astreignit à un entraînement salutaire qui lui permit de tout oublier, excepté de rentrer discrètement dans sa chambre, à l’insu du dénommé Hector qui venait d’arriver. Mais si elle sut éviter que le second père d’Hubert l’aperçût, elle ne put échapper à Élina qui, toujours aussi efficace, avait préparé un bain dans lequel elle se plongea avec délectation pour se laver de la tête aux pieds. Sa suivante, soucieuse de respecter son intimité, avait fait installer un paravent pour séparer la baignoire de la pièce où Lomaï logeait désormais.

À présent, Aila se sentait d’aplomb et le déjeuner n’avait pas encore commencé. Peut-être devait-elle consentir un minimum d’efforts pour y assister malgré tout ?
— Ce serait effectivement une idée judicieuse, lui glissa Élina.
— Par les fées, vous lisez dans les pensées ?
— Non, mais suivre où elles vous emmenaient ne présentait aucune difficulté : votre regard est arrivé sur la malle, puis il est passé de celle-ci à la porte et vous avez soupiré. La déduction était évidente.
— Vous êtes terrifiante !
Élina choisit la robe rouge qu’Aila avait déjà portée en Escarfe et l’aida à la revêtir. Sa teinte rehaussait la fraîcheur de son visage et la couleur sombre de ses cheveux, nattés avec des rubans rouges et puis enroulés en un élégant chignon. Aila enleva la lanière avec son pendentif en forme de fée et la remplaça par le collier avec la fleur rouge. Un coup frappé à la porte mit un terme temporaire à sa préparation. La servante se précipita pour ouvrir. Hubert se tenait sur le seuil.
— Je venais prendre des nouvelles de dame Aila.
Entendant sa voix, elle s’était redressée et, lissant maladroitement sa robe, s’approcha de l’ouverture, Élina s’effaçant.
— J’ai pensé que vous apprécieriez que je vous accompagne au repas de ce midi.
Hubert s’inclina.
— Je suis heureux de voir que vous vous portez mieux et, en effet, votre compagnie me sera agréable pendant le déjeuner.
— Probablement parce que sire Hector va vous bombarder de questions sur moi et que, si je suis là, c’est à moi qu’il les posera… Ainsi, vous serez épargné !
— Je constate avec plaisir que votre perspicacité n’a pas été affectée par votre aventure…
Il lui offrit son bras et ils avancèrent dans le couloir pour rallier la salle à manger.

Quand, enfin, ils l’atteignirent et y pénétrèrent, elle remarqua immédiatement le visage d’Aubin : sa mâchoire béait au risque de se décrocher sous l’effet de la surprise et ce fut Avelin qui, d’un coup de coude dans les côtes, la lui fit refermer. Lomaï, présente aussi, revêtue d’une jolie robe crème toute simple qui mettait sa silhouette svelte en valeur, rayonna de bonheur à la vue d’Aila. Un inconnu se tenait entre Hubert et Sérain, sire Hector, selon toute évidence. Il ne ressemblait absolument pas à ce qu’elle avait imaginé. Elle, qui se le représentait semblable à sire Airin, fut étonnée de découvrir un homme grand et sec, par ailleurs très affable. Le second père d’Hubert lui prit sa main en s’inclinant et la baisa.
— Dame Aila, c’est pour moi un immense plaisir de faire la connaissance de la promise de mon second fils. J’espérais ce moment depuis plusieurs années déjà, m’angoissant du fait qu’il attendait ma mort pour se marier et ainsi ne pas m’inviter à la fête.
Hubert dénia d’un signe de tête les propos d’Hector.
— Je vois, de plus, qu’il a su choisir sa future épouse, à la fois pour sa beauté, mais aussi pour la vivacité que je lis dans ses yeux. Permettez que je vous accompagne à votre place.

Tout le monde s’attabla et le repas commença par le récit des dernières péripéties d’Hector pour regagner Avotour. L’homme, subtil, maniait avec aplomb un humour caustique, frôlant parfois une forme d’ironie pour le moins décapante. Ses façons de décrire les personnages croisés, de traduire sans concession leurs gestes et leurs manières en trait de caractère étaient hilarantes et l’atmosphère se fit légère, puis enthousiaste, chacun rajoutant une note pittoresque avec ses propres expériences. Hubert resta en retrait, écoutant plus que participant. Elle se dit que ce silence devait bien être le seul point commun qu’ils avaient tous les deux ce soir…
— Je ne vous ai pas encore entendue, dame Aila, intervint Hector.
— J’étais passionnée par votre narration, car je ne connais pas le monde comme vous…
— Je suis intimement persuadé que vous n’avez pas à aller aussi loin pour toucher le cœur des hommes…
Elle ne répondit pas et Hector poursuivit :
— D’où venez-vous ?
— Je suis née en Antan.
— Et de quel châtelain êtes-vous la fille ? Peut-être nos routes se sont-elles croisées… ?
Devait-elle mentir ? Elle choisit que non, ne décelant aucun message particulier dans les yeux du roi qui l’écoutait avec attention.
— Je ne suis l’enfant d’aucun châtelain. Je fus juste la fille de Barou Grand.
— Notre héros !
Puis il réalisa la teneur de ses propos.
— Fus ? Pourquoi « fus » ?
— Parce que j’ai demandé, selon une loi ancienne, à changer de père.
— Aurait-il été meilleur héros que père ?
— Il a su être un bon père pour Aubin qui est son fils, mais je n’ai pas bénéficié de cette chance.
Hector prit doucement sa main.
— Le chemin pour arriver ici a dû être pavé d’obstacles pour une aussi jeune fille que vous et je suis heureux qu’Hubert et vous vous soyez rencontrés. Maintenant que vous avez trouvé le bonheur avec lui, ne lui donnez plus le droit de quitter votre vie. Ce garçon extraordinaire mérite absolument d’être connu.
— C’est vrai, on me l’a déjà dit, précisa-t-elle en rougissant.
Elle repensa aux paroles de dame Éléonore. Cependant, tournant le dos à Hubert, elle ne vit pas la légère réaction de surprise dont il fit preuve.
— Et à quoi occupez-vous donc vos journées ?
Elle n’avait vraiment pas le cœur à raconter des histoires à cet homme si gentil, alors elle décida de lui offrir la vérité dans sa simplicité :
— J’accompagne le roi dans ses déplacements et…, elle hésita malgré tout, j’enseigne le kenda, une arme de combat.
Hector semblait tout à fait conquis.
— Vous êtes une vraie combattante ! Par les fées, la chance sourit à Hubert d’avoir trouvé une jeune fille telle que vous ! La première qualité d’un souverain consiste à savoir choisir sa reine et il a fait preuve d’un grand discernement en jetant son dévolu sur une femme de valeur qui peut le seconder à tout instant ! Puis-je solliciter une première faveur ? Vous allez voir, je suis un grand farfelu aux idées excentriques. Vous serait-il possible de me montrer un entraînement ?
Elle adressa un regard interrogateur vers le roi qui acquiesça.
— Cela ne pose aucun souci. Nous pourrons, à la sixième cloche, si cela vous convient, nous rejoindre au manège.
— Parfait ! J’ai grande hâte de vous y retrouver !


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