➂ L'Oracle de Tennesse | Roman de FANTASY | La saga d'Aila de C. Boullery

L'Oracle de Tennesse, tome 3 de la saga de fantasy de Catherine Boullery
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

Le début de l'histoire (avec un rappel des tomes 1 et 2)

Aila a grandi dans le comté d'Antan, élevée par son oncle et entourée par Mélinda, la châtelaine et Hamelin, le mage du comté. Sa volonté est de devenir une combattante et, poussée par son oncle, elle participe à des joutes orchestrées dans le but de sélectionner les membres de la garde rapprochée du roi Sérain d'Avotour. Finalement choisie, elle commence par être envoyée en mission en compagnie du fils aîné du roi, Hubert. Peu à peu, ses talents de combattante empruntent des voies inhabituelles qui semblent décupler ses sens et sa perception du monde qui l'entoure. Troublée, elle ne découvre que plus tard l'origine de tous ces bouleversements, liée aux pouvoirs que les fées partagent avec elle à son insu. Dorénavant, la vie en a décidé pour elle, elle n'aura plus qu'autre choix que celui d'accepter ses nouvelles aptitudes et toutes les conséquences, bonnes ou moins bonnes, qu'elles induiront.

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L'heure est grave. Venu du nord, un empereur, Césarus, avance vers eux pour conquérir Avotour et tous les pays environnants. Il apparaît si puissant que tous doutent de leur capacité à le contrer. Convaincu de la nécessité de créer des alliances même avec leurs ennemis de toujours, Sérain d'Avotour envoie son fils cadet, Adrien, en compagnie d'Aila, vers le pays hagan. La route des deux compagnons emprunte des chemins de traverse et amène la jeune fille à semer dans les esprits des villageois le souffle d'un espoir insensé : pour lutter contre Césarus et pourquoi pas le vaincre, la seule solution réside dans le fait de s'allier et de se battre tous ensemble pour la liberté.

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Parvenue aux frontières du pays hagan, Aila récupère les affaires d'une chamane, Marça, qui vient de rejoindre les esprits de la Terre. À peine la tenue revêtue et la bague passée à son doigt, elle se retrouve dans une grotte, accueillie par une femme cachée dans l'ombre. Cette dernière lui révèle qu'elle est à présent, Topéca, la première chamane guerrière. Aila, sans avoir la moindre idée de ce que signifie être chamane, endosse ce nouveau rôle sans joie… Accompagnée par Adrien devenu Kazar, elle quitte Avotour pour le pays hagan.

Plus rien ne va… Depuis qu'Aila est devenue Topéca, Adrien et elle se parlent à peine. Rapidement, le prince réalise que la jeune femme, une fois de plus, porte sur ses épaules un fardeau beaucoup trop lourd et tente de la réconforter : Aila ne peut pas disparaître aussi facilement derrière Topéca. Rassérénée par les propos de son compagnon, la nouvelle chamane reprend la route sur les sentiers montagneux, le coeur apaisé.

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Leur chemin les mène à la rencontre de la tribu Appa dont le chef se nomme Quéra. Dès cet instant, Aila affirme sa nouvelle personnalité : elle est Topéca, la première chamane guerrière et le sol comme le ciel vibrent sous sa puissance au son des clochettes de son kenda. Elle va d'ailleurs prouver rapidement à tous que les esprits de la Terre l'habitent en sauvant les uns après les autres les enfants de la tribu tombés malades. Cependant, chez Topéca comme chez Aila, rien n'est offert aux autres sans qu'elle en paye le prix. C'est sous les regards inquiets des mères de la tribu que la chamane épuise son énergie dans le seul but de préserver des vies.

Mais la lutte ne fait que commencer. Derrière cette maladie insidieuse se cachent l'ombre de sorciers et leur perversité. Face à cette certitude, les détruire peu à peu devient une évidence, mais comment ? À présent, le moment est venu d'en affronter un parmi eux. Mais est-il possible de vaincre ces représentants du mal ? Quelle puissance nouvelle et inédite Aila - Topéca déploiera-t-elle pour y parvenir ?


Début du tome 3 - L'Oracle de Tennesse

Dévastée par le tour que prend sa vie, obligée d'abandonner au petit matin le plus beau de ses rêves, Aila reprend la route pour retourner en pays hagan. Tout en elle se rebelle contre cette destinée qui la brise jour après jour, insensible à sa souffrance ou ses désirs. Alors qu'un bruit de sabot retentit sur le chemin, elle découvre avec stupeur la venue de Niamie, la petite fille qu'elle avait sauvée de la sorcellerie au village de Pontet. Mais quelle idée saugrenue a traversé l'esprit de cet Oracle qui a choisi d'entraîner une enfant si jeune dans ses aventures périlleuses ?

Comme pour concrétiser les pensées d'Aila, un premier danger guette le duo et force les deux filles à fuir dans la nuit. Au cours de la journée suivante, alors qu'Aila a dissimulé sa compagne de route, le combat s'engage contre des mercenaires venus pour la tuer et dépêchés par un ennemi qu'elle a, elle-même, tué de ses mains. Les menaces de son ultime ennemi flottent encore dans l'air quand ce dernier fait demi-tour et s'enfuit.

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Le retour chez Nestor est douloureux pour Aila. Dans sa mémoire affluent tant de souvenirs émouvants voire éprouvants dont celui, si vibrant, de Topéca qu'elle ne pourra jamais redevenir… L'appréhension de la combattante ne cesse de s’accentuer jusqu’au pied des montagnes et, quand elle s'arrête, pétrifiée par la peur, Lumière continue d'avancer. Quand le premier sabot de son cheval foule le sol du pays hagan, Aila acquiert la certitude que, si elle revient en terre connue, la Terre, elle, ne la reconnaîtra pas…

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Parcourez les coups de cœur de mes premiers lecteurs

Yollande, Mon cadeau de Noël !

J'ai fini L'Oracle de Tennesse à 23 h 50 la nuit dernière avec un sentiment de grande joie pour la suite à venir : l'histoire au fil des tomes devient de plus en plus passionnante (mais où vas-tu chercher tous ces rebondissements !!!) Dur, dur de fermer ce tome, j'en voulais encore plus : la fin de l'Oracle est géniale. Chapeau, je me régale autant que si je lisais les Goodkind ou Hobb.
C'est un pur bonheur de retrouver Aila chaque Noël : j'ai ainsi mon cadeau !!! Merci.
Je m'impatiente déja de connaitre la suite, tu t'en doutes, alors… après les fêtes, il faudra se mettre au prochain tome. Non ? J'ai une patience infinie et j'attendrai, j'attendrai, j'attendrai… mais pas trop quand même !!

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MermaidC, Une saga envoûtante !

Avec ce troisième tome l'intrigue se complique pour notre plus grand plaisir ! Celui-ci est dense et même si j'ai eu un peu de mal à me plonger dans l'histoire au début et si j'aurais aimé un découpage du livre plus aéré (changement de chapitre plus fréquent par exemple, surtout lorsqu'on change de lieu et de personnage) j'ai quand même adoré ce livre ! L'Auteure possède une très belle écriture, elle nous fait partager tous les questionnements et tourments des personnages qui sont presque tous attachants (Pas cette horreur de Césarus hein !) J'ai particulièrement aimé dans ce 3e tome le fait qu'on puisse se placer du point de vue d'autres personnages (Hang, Aquiri…) En tout cas bravo et merci pour cette saga !

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Florence, Je suis en manque dès la dernière page !!

Préparez vous à une plongée en apnée de 600 pages
On replonge dans l'histoire d'Aila pour n'en ressortir que 600 pages plus loin. En effet, une fois la lecture commencée on ne décroche plus ! Ce tome, un peu plus cérébral que les précédents (et tout à fait en adéquation avec l'état physique de l'héroïne), fait davantage travailler l'imagination du lecteur pour notre plus grand plaisir. Le suspens est à son apogée à la fin… une seule chose à faire… attendre le quatrième tome !

Sur UPblisher
Marjolaine, MAGNIFIQUE !!

Passionnée par l'héroïque fantaisie, je suis gâtée !!!
L'histoire est belle, la poésie et le suspense toujours présents. Quel talent !! Chaque tome me laisse en haleine et j'attends la suite avec impatience. À quand le 4e ??

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Miss Macaron, Un très bon cru ce 3e tome !

Un très bon 3e tome, avec une Aila qui évolue encore, qui se pose mille questions dans lesquelles chacun peut se retrouver. Des questions qui trouvent leurs réponses, de nouvelles qui se posent, des héros qui vivent des moments de bonheur et de tristesse, du suspense, on se laisse une nouvelle fois complètement transporter au pays des Fées !

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VETIER, une fois de plus piégée par la magie d'Aila !

Le troisième tome a été englouti à la même vitesse que les deux précédents. On se replonge à chaque lecture avec bonheur dans cet univers de force et de fragilité. Aila est passée d'enfant à femme mais on ne veut surtout pas la quitter ! Vite, la suite !

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Gagnesaviepetitàpetit, Vivement la suite !!

Lecteur toujours tenu en haleine dans ce troisième tome comme dans les deux premiers.
Odyssée qui mériterait un succès international voire une adaptation au cinéma ou même en jeu vidéo (pour les duels au kenda cela plairait bcp).
Vivement la suite et la traduction en plusieurs langues.

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Sarah, Ma première nuit blanche

Après avoir séché des cours pour lire le tome 2, j'ai vécu ma première nuit blanche pour finir le tome 3 (alors que mes vacances de février arrivent !) Formidable, je veux être Aila. Quel roman ! Quelle histoire ! Quels personnages ! Et toutes ces reines…
Bref, lisez ce roman de fantasy mais ne vous faites pas prendre par vos parents en lisant la nuit. Je m'en suis tirée en leur montrant le passage de l'infiniment petit à l'infiniment grand en leur expliquant que je lisais de la science poétique ou de la poésie scientifique. Bingo  Ça a marché et ils m'ont laissée finir. Du coup, ils vont lire le tome 1. Et voilà !!!
J'attends la suite avec une très grande impatience. BRAVO !

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Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

Au cours du repas, Airin leur apprit la visite du sire Carustre pour le lendemain. Ce dernier venait récupérer sa fille qu’il avait laissée à leurs bons soins pendant une année. Aila, un peu absente, suivait la conversation de loin, cherchant des yeux Astria dans la salle sans la trouver. Dans les phrases qui résonnaient à ses oreilles, elle entendit le prénom d’Astria et revint dans la discussion.
— Excusez-moi, j’étais distraite. Pouvez-vous répéter vos derniers propos, sire Airin ?
— Je disais simplement que sire Carustre venait récupérer sa fille demain. Vous la connaissez peut-être, elle s’appelle Astria.
— Oui, je la connais, et a-t-elle été avertie de son arrivée ? coupa Aila, soudain inquiète.
— Oui. Elle a eu la bonne surprise d’apprendre la venue de son père ce soir en rentrant pour se changer.
— Excusez-moi, sire Airin, l’apercevez-vous dans la salle ?
— Je ne sais pas… Non, a priori non ! dit Airin, en balayant l’assemblée d’un regard.
Elle sentit la panique la gagner et demanda à une servante qui passait d’aller voir si Astria occupait sa chambre. Conscient de l’agitation de sa promise, Hubert s’enquit :
— Un problème ?
Elle acquiesça, l’air inquiet :
— Excusez-moi.
Elle se leva. Airin et Hubert l’observèrent s’affairer autour des tables, questionnant tout le monde à propos de la présence d’Astria, mais les réponses furent négatives. La servante revint l’informer qu’Astria était descendue à l’heure du dîner, comme chaque jour. Blaise s’était rapproché.
— Hubert, apprêtez-vous, il faut aller la chercher. Blaise, pouvez-vous faire seller nos montures ?
— Je vous accompagne, intervint Barnais. Demandez à ce que l’on me prépare également mon cheval, ajouta-t-il en se tournant vers Blaise.
Il parut si concerné, si volontaire qu’elle lui sourit.
— Dame Aila, pensez-vous qu’il puisse lui être arrivé quelque chose ou qu’elle ait commis une bêtise ? questionna Airin, préoccupé à son tour. Ce serait dommage, c’est une brave petite…
— Pour l’instant, sire Airin, je n’en sais rien, mais je m’inquiète.
Hubert et elle se changèrent rapidement et descendirent vers l’écurie où Barnais les attendait :
— J’ai recueilli une information. Un jeune garçon l’a vue partir dans cette direction, expliqua-t-il en montrant une route qui filait vers des arbres.
— Quand ?
— Au début du repas.
— Et qu’y a-t-il par là ?
— La forêt.
Le cœur d’Aila se mit à battre un peu plus vite.
— Et dans la forêt ?
— Pas grand-chose, la falaise aux amoureux et l’étang où je vous avais emmenée.
— Elle est là-bas ! s’écria-t-elle. Barnais, conduisez-nous immédiatement à cette falaise !
Munis de lanternes, ils partirent rapidement. Cependant, leur allure ralentit tout aussi vite, car, même sous la lueur lunaire, ils voyaient difficilement le chemin. Barnais les guidait avec efficacité dans les embranchements qui s’ouvraient devant eux, leur indiquant les pièges à éviter. Quelquefois, ils appelaient Astria dans l’espoir d’une réponse, qui ne vint pas. Enfin, ils arrivèrent au pied de la falaise.
— Où est le départ de la montée ? questionna Aila, en prenant son kenda.
— Par là, je vous emmène. Mais pourquoi serait-elle venue ici et pour quelles raisons grimper cette falaise en pleine nuit ? C’est idiot…
— Oui, c’est idiot, mais elle l’a fait.
— Comment pouvez-vous en être sûre ?
— J’ai aperçu des traces récentes qui ne peuvent être que les siennes. En route, Hubert. Barnais, restez ici à nous attendre. Si, d’ici deux heures, nous ne sommes pas revenus, retournez chercher des secours, vous seul connaissez la région, alors soyez prudent.

Sous l’éclat de la lune, suivant Hubert, elle commença l’ascension sans grande difficulté, malgré la nuit qui ralentissait leur progression.
— Est-ce que vous voyez quelque chose ?
— Toujours rien, Aila.
Arrivé en haut, Hubert lui tendit sa main pour l’aider à franchir les derniers mètres qui la séparaient du sommet.
— Pourquoi est-elle montée ici, Aila ?
— Elle est venue pour se tuer, répondit-elle, étouffant un sanglot.
Le prince resta silencieux un moment, puis sa main serra doucement l’épaule d’Aila.
— Continuons les recherches.
Ils avançaient lentement, scrutant chaque ombre. Elle appelait et écoutait tous les bruits, à la recherche de celui qui la guiderait à Astria. Soudain, dans un croissant de lumière, une petite forme blanche se détacha sur une plate-forme en contrebas.
— Elle est là !
— Attendez un instant, j’ai ce qu’il faut !
Hubert déroula une corde et l’accrocha autour d’un rocher avant de ceinturer la taille d’Aila.
— Vous ne pouvez pas descendre sans une assurance, c’est bien trop abrupt.
Elle émit un petit sifflement approbateur.
— Bonne idée, la corde…
Elle posa son kenda et commença son rappel, posément. Voyant difficilement où elle allait, elle mit un temps infini à accéder à la plate-forme. Elle se sentait tellement bouleversée que ses mains en tremblaient. Tout au long de sa descente, elle parlait à Astria, la tranquillisait, devisant de demain et des autres jours, de ce qu’elles feraient ensemble. Elle ignorait si la jeune fille avait survécu, mais si c’était le cas, au moins, elle saurait qu’elle arrivait près d’elle. Même en atterrissant souplement sur la plate-forme, cette dernière vacilla. Guère rassurée, Aila se colla à la paroi et s’agenouilla délicatement auprès de la jeune fille.
— Aila, prononça Astria d’une voix étouffée.
Le cœur d’Aila bondit : elle vivait encore !
— Je ne sens plus mon corps, balbutia-t-elle.
— Ce n’est pas grave, ma douce. Demain, il n’y paraîtra plus.
— Ce n’est pas beau de mentir…
— Je ne mens jamais, Astria.
— Vous ferez une bonne reine.
Que pouvait lui dire Aila ? de se battre ? de ne pas abandonner ? ou qu’elle ne serait jamais reine ? Astria s’éteignait petit à petit, irrémédiablement. Aila puisa au fond d’elle-même tout ce qui lui restait de courage :
— Prenez-moi dans vos bras, souffla la toute jeune fille.
Aila se décala légèrement, sentant la corniche vibrer sous ses pieds, et entoura Astria comme elle le pouvait, évitant de provoquer le déséquilibre du rocher.
— Père ne doit pas savoir, vous avez promis. Ni Barnais ! Lui seul a été gentil avec moi, je le voulais si fort…
— Je te le promets.
— Merci. Dites à mon papa…
Elle n’arriva pas à finir sa phrase.
— Je le lui dirai, je n’oublierai pas.

Le temps s’écoula et Aila en perdit la notion. Elle frémit juste au moment où Astria poussa son dernier soupir. Elle eut envie de hurler son chagrin, mais elle se retint tant la corniche, de plus en plus fragilisée, branlait. Elle s’endormit sûrement, car le jour se levait quand elle rouvrit les yeux. Elle se sentait lasse et accablée. Elle entendait des bruits sur la falaise, mais n’osait ni appeler, ni crier. Un craquement juste au-dessus d’elle lui révéla que quelqu’un descendait.
— Aila, je suis là, chuchota Hubert.
— La corniche va céder…
— Je m’en doutais, c’est pour cela que je suis venu vous chercher. Inutile que vous mourriez à deux…
— Je ne peux pas la laisser.
— Je ne vous le demande pas. Un harnais va nous être envoyé.
— Vous avez pensé à tout.
— Il faut bien que cela m’arrive quelquefois.
Bientôt, le baudrier se posa sur le rocher, tandis qu’Aila n’osait plus bouger. Lugubrement, la plate-forme crissait de plus en plus, elle ne tarderait pas à céder. D’un geste sûr, Hubert passa le harnais entre les jambes d’Astria qui pendaient dans le vide, puis, très doucement, il le fit glisser vers ses hanches.
— Vous devez m’aider. Finissons de l’attacher avant que la corniche s’effondre. Comme nous sommes reliés tous les deux, nous ne craignons rien, mais elle doit être assurée.
Très lentement, ils finalisèrent la fixation du baudrier.
— Je vais leur dire de la remonter. La plate-forme risque certainement de s’écrouler dès que j’élèverai la voix. Préparez-vous. Allez-y ! cria-t-il.
Un craquement sinistre se propagea et Aila aperçut dans son champ de vision une corde qui filait à grande vitesse pour plonger dans l’abîme ! La sienne ! Sa corde !
— Hubert ! hurla-t-elle.
Elle perdit l’équilibre et dégringola avec la corniche sans arriver à se retenir quand, soudain, elle devina qu’une main empoignait la sienne in extremis.
— Aila, accrochez-vous ! Je ne peux pas vous remonter, mais je vous tiens. Pouvez-vous basculer pour venir vous agripper à moi le plus vite possible, je ne résisterai pas longtemps. Allez !
Elle avait senti la peur s’insinuer en elle comme un serpent froid et visqueux, mais elle se reprit rapidement. Pour la seconde fois de sa vie, elle voyait la mort de près, mais là elle ne combattait pas… Se balançant d’avant en arrière, elle réussit à accrocher les jambes d’Hubert avec les siennes, soulageant ainsi la main de ce dernier d’une grande partie de son poids. Hubert put aussitôt se redresser et la hisser petit à petit vers lui. Encerclant son cou de ses bras, puis, verrouillant ses jambes sur ses hanches, elle l’enserra si fort qu’elle devait l’étouffer, mais il ne protesta pas, passant juste un bras autour de sa taille, attendant qu’elle reprît ses esprits.
— Aila, il faut filer d’ici. Envoyez une autre corde ! cria-t-il vers le sommet de la falaise.
Hubert remonta le premier et supervisa le retour de sa partenaire. La peur revenait dans la tête de la jeune fille, tandis qu’elle gravissait les derniers mètres. Elle mit toutes ses forces pour ne pas abandonner et, parvenue sur la crête, elle s’aperçut qu’elle grelottait et que ses dents claquaient.
— Par les fées, qu’nous sommes contents qu’vous soyez entiers tous les deux ! Le sire n’aurait pas aimé qu’on perde l’un d’vous, dit l’homme qui avait lancé les cordes. On a eu peur quand elle a cédé, mais on n’a pas eu le temps de faire. J’suis vraiment ben aise que vous ayez rien.
— Venez, Aila, nous rentrons au château, conclut Hubert, en la prenant par les épaules.
— Par ici, sire. La descente est facile de c’côté et vos chevaux attendent en bas, poursuivit l’homme.
Au coup d’œil d’Aila, incapable de parler, Hubert récupéra son kenda.
— Où est Astria ?
— La p’tiote a été redescendue et, sûr, elle est en route pour l’château.
Les yeux d’Aila se remplirent de larmes.
— Défaisons les cordes et retournons là-bas, décida Hubert.
Maladroitement, elle démêla celles qui auraient dû l’assurer. Les enroulant, elle suspendit son geste avant de tendre à Hubert l’extrémité de celle qui avait cédé, visiblement effilochée, mais des coupures nettes apparaissaient également.
Elle vit la réaction du prince, prêt à ameuter toutes les personnes demeurées sur la corniche, mais un doigt sur sa bouche le contint. Il se ressaisit :
— Brave homme, qui était sur la plate-forme pour récupérer Astria ? interrogea-t-il, d’une voix contrôlée.
Ce dernier se mit à réfléchir, comptant sur ses doigts.
— Sire Barnais, messires Duclin et Roguau, dame Rebecca, et puis deux compagnons à moi.
— Sire Airin n’était donc pas présent ?
— Oh que non ! L’a le vertige rien qu’en montant sur une chaise. Avec un peu d’chance, vous l’trouverez encore en bas. Il doit vouloir vérifier d’ses yeux que vous allez bien.
En bas de la falaise, ils retrouvèrent effectivement le châtelain d’Escarfe, complètement décomposé. Aila aperçut Lumière et, s’écartant d’Hubert, elle partit enfouir son visage contre la crinière de son cheval.
— Vous voici ! Comme je suis soulagé ! J’étais tellement inquiet pour vous et Astria. Oh ! pauvre petite ! Et son père, comment lui annoncer cette nouvelle ? Et vous, comment vous sentez-vous ?
— Fatigués, sire Airin, nous allons prendre un peu de repos.
— Faites, faites ! Oh ! pauvre petite…
Accablé, Airin secoua la tête.

Aila laissa Lumière à la charge de Blaise et partit s’allonger. Les yeux à peine fermés, elle plongea dans un sommeil lourd de chagrin sans voir de petite fée lumineuse.
Hubert vint la réveiller en début d’après-midi.
— J’ai pensé que vous ne préféreriez pas manger en bas, alors je vous ai fait préparer un plateau. Si vous désirez grignoter quelques fruits…
— Êtes-vous allé déjeuner avec eux ? s’enquit Aila qui reprenait progressivement ses esprits.
— Je n’ai pas voulu abandonner Airin qui s’est mis dans tous ses états. J’ai aussi promis de l’assister quand il accueillera Carustre. Ce serait bien que vous soyez là également. Vous en sentez-vous capable ?
Astria revenait avec force dans les pensées d’Aila, engourdie par le sommeil et une larme se forma le long de sa joue qu’elle essuya sans réfléchir.
— J’y serai.
— Aila, nous repartirons demain. Quelqu’un a cherché à vous tuer et je n’accepterai pas de risquer votre existence un jour de plus.
— Non, impossible, nous devons finir notre mission. Il en va de la vie de Barnais, des nôtres et de notre pays.
— C’est vraiment ce que vous voulez ?
— Oui. Je sais tout ce qui a été dit sur Barnais, mais je pense sincèrement qu’il vaut mieux que ce qu’il a offert jusqu’à présent de lui-même. Laissons de côté sa relation avec les femmes et considérons l’essentiel : il peut devenir un allié, j’en mettrais ma main au feu. Au fait, à propos de vie, vous avez sauvé la mienne. Merci.
— Nous avons échangé nos rôles, juste pour voir. Je ne suis pas mal non plus en garde du corps !
Elle esquissa un sourire :
— Peut-être mieux qu’en prince !
Hubert se raidit.
— Excusez-moi, sire Hubert, pour cette plaisanterie de mauvais goût, essaya-t-elle de se rattraper. J’en suis désolée…
Il sourit. Aurait-il appris l’ironie ?
— Il n’est jamais trop tard pour devenir drôle ! renchérit-il, puis, changeant de ton, il ajouta :
— À moins que ce soit vous qui soyez dans le vrai…
Elle posa sa main sur la sienne.
— Non, sire Hubert, s’il y a bien une chose dont je ne doute pas, c’est de votre compétence en tant que prince.
— Merci, Aila.
Elle le sentit sur le point de prononcer quelques mots de plus, mais il s’abstint et se retira, cédant la place à Élina qui entreprit de gommer la nuit presque blanche d’Aila.

Sire Carustre arrivait dans la cour où l’attendaient Airain et Barnais qui le saluèrent. Le châtelain présenta ensuite sobrement le prince et sa promise.
Tournant sur lui-même, le visiteur demanda :
— Où est Astria ? J’aurais juré qu’elle aurait accouru pour se jeter dans mes bras !
— Venez dans mon bureau, sire Carustre, nous devons parler, dit doucement Airin.
— Vous me paraissez tous d’une humeur bien maussade. Y aurait-il un problème avec Astria ?
— Venez dans mon bureau, sire Carustre, insista Airin.
Tandis qu’une inquiétude légitime se peignait sur son visage, Carustre se laissa entraîner par Airin. La porte du bureau à peine refermée, il se racla la gorge.
— Est-il arrivé quelque chose à Astria ?
— Oui, sire Carustre, elle s’est tuée hier dans un accident, énonça simplement Hubert.
Carustre accusa le coup ; il devint blême, mais refusa de s’asseoir.
— Que s’est-il passé ?
— Elle est partie toute seule se promener sur une falaise à la nuit tombée et elle s’est cassé le cou dans sa chute.
— Mais pourquoi a-t-elle fait cela ? Et pourquoi l’avez-vous laissée aller là-bas ?
Le visage de Carustre reflétait la complexité de ce qu’il ressentait. La colère et l’incompréhension le disputaient au désarroi le plus profond.
— L’endroit est dangereux et interdit, alors, en plus, seule et de nuit, nous ne l’aurions jamais autorisée à gravir la falaise. Elle s’est enfuie sans notre permission, précisa Airin. C’est dame Aila, amie avec Astria, qui a donné l’alerte et qui est partie avec sire Hubert et Barnais pour la rechercher. Malheureusement, ils sont arrivés trop tard pour la sauver.
— Par les fées, ma fille est morte toute seule…
— Non, sire Carustre, j’étais auprès d’elle quand elle a rendu son dernier soupir, en paix et sans souffrance, intervint Aila.
— Dame Aila ? Je ne me souviens pas qu’elle m’ait jamais parlé de vous dans ses lettres.
— C’est normal, je venais d’arriver, mais nous sommes rapidement devenues proches.
— Alors, savez-vous pourquoi elle était là-bas ? demanda Carustre qui s’effondrait de plus en plus à chaque mot.
Ses yeux restaient secs, mais il tanguait d’un pied sur l’autre, comme éperdu de douleur.
— J’ai fait une promesse à Astria, sire Carustre et je vais la tenir. La falaise aux amoureux est réputée comme un endroit de vœux. Astria, impatiente de votre venue, en avait formulé un. Quand elle a su votre arrivée prochaine, je suppose qu’elle a voulu remercier la falaise de l’avoir exaucé. Elle était si naturelle, si spontanée qu’elle n’a pas pensé à mal en s’y rendant…
— Par les fées, ma fille est morte, répéta Carustre, en s’asseyant finalement sur la chaise mise à sa disposition. Pourriez-vous me laisser seul, je vous prie… ?
Tous sortirent, sauf Aila, qui s’approcha de lui.
— J’ai un message à vous transmettre de la part d’Astria. Elle était désolée de vous causer ce chagrin et elle vous aime.
— Aimait…
— Je préfère « aime », parce que l’amour sincère survit à la mort et qu’il sera autour de vous aujourd’hui, demain et jusqu’à votre propre décès. Elle restera ainsi toujours à vos côtés.
Carustre la remercia d’un geste de la tête et Aila referma la porte derrière elle, le laissant seul avec son immense douleur. Elle remonta vers sa chambre, ayant elle aussi envie de s’isoler.
— Vous lui avez menti ?
C’était plus une affirmation qu’une question. Hubert la regardait et elle ne décela aucun reproche dans sa voix.
— Oui, j’ai menti, admit-elle.
— La vérité était donc si cruelle pour que vous, si droite, y renonciez afin de protéger une jeune fille, de surcroît décédée ? et un père ?
— Et plus que cela encore…
Elle mit sa tête entre ses mains. Elle se sentait tellement coupable comme si elle avait renié tout ce que Bonneau lui avait enseigné.
— Alors, n’ayez aucun regret, vous avez bien fait. La vie comporte des moments où nous devons dévier de notre route avant d’y retourner. Ces chemins parallèles existent, car nulle part il n’est écrit que nous devons avancer uniquement en ligne droite. Vous avez respecté le serment que vous lui avez prêté, Astria ne savait sûrement pas ce qu’elle exigeait de vous, et vous avez fait preuve d’un immense courage. Si jamais vous avez besoin de moi, je serai en bas, je descends réconforter Airin et Barnais. Eux aussi se sentent terriblement coupables et, probablement, à plus juste titre que vous.
Il quitta la pièce. Il ne lui avait posé aucune question et elle lui en était reconnaissante. Mais, maintenant qu’il était parti, sa tête s’emplit à nouveau de toutes les images d’Astria jusqu’à sa mort. Anéantie, Aila se précipita sur son lit et éclata en sanglots.


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