📖 Romans FANTASY - La saga d'Aila - Catherine Boullery - auteure

La saga d'Aila de Catherine Boullery 📖 Site officiel de fantasy
La saga d'Aila  fantasy


fantasy

Note : 4.6 / 5 avec 283  critiques

La saga de fantasy d'Aila

Chaque auteur possède son propre parcours, une route à suivre pavée de bonnes intentions, une envie de partager un monde qu'il a créé de toutes pièces et qui est l'expression de celui qui vibre à l'intérieur de son esprit, voire de son corps jusqu'au bout de ses doigts…

Je lève le voile sur cet univers qui est le mien au cœur d'une fantasy d'influence médiévale.

Elle s'appelle Aila, elle a 16 ans, bientôt 17 et traîne derrière elle une enfance douloureuse : une mère disparue et un père qui l'a reniée et aucune explication… Heureusement, elle grandit, entourée par des gens qui vont compenser ces absences : un mage, sage et érudit, une châtelaine, amie de sa mère et le frère de son père qui la forme à devenir une combattante.

Sa chance de prouver son excellence arrive quand le roi d'Avotour, menacé, cherche à constituer une garde rapprochée pour protéger sa famille déjà endeuillée. Alors qu'elle est choisie, elle ne sait pas encore ce à quoi elle renonce et encore moins sur quel chemin cette nouvelle vie va l'entraîner. De plus, comment pourrait-elle imaginer un instant que son existence vient de basculer définitivement ? Surtout quand son ami le mage découvre qu'elle peut passer dans le monde des fées, un monde qui n'existe que dans les légendes ancestrales d'Avotour. Des fées ? Mais quelle idée, tous savent qu'elles n'existent pas ! Quoique…


En quelques mots…

Aila

Aila éveille une partie de nos désirs, de ceux que nous taisons et qui font de nous, l'espace d'un livre de fantasy, l'héroïne ou le héros que nous ne deviendrons jamais…
« La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver. » (Jean Guéhenno)

Pourquoi aimerez-vous mes romans de fantasy ?

Leurs incessants rebondissements qu'une écriture fluide dynamise, leurs personnages forts et attachants aux dialogues percutants, leur construction précise qui s'éparpille en fils multiples et variés pour mieux se renouer dans le tome final et la facilité à se plonger dans leur univers, à la fois proche et lointain, sont leurs principales qualités.


Parcourez les coups de cœur de mes lecteurs

Caroline

Magie envoûtante pour ce roman : épopée captivante, histoire extrêmement bien construite, héroïne touchante de force et de faiblesse.

Mathieu

On rentre tout de suite dans cette histoire palpitante ! On ne peut pas s'arrêter et on veut donc très vite la suite.

Florence

L'histoire est merveilleuse et captivante, j'adore ! J'ai hâte de lire la suite de la saga de fantasy.

Adrien

[…] c'est ce genre de roman que l'on peine à refermer tard le soir, mais dont on essaie d'économiser certains chapitres pour le lendemain !

Angélique

J'ai adoré ce livre de fantasy qui m'a transportée dans une extraordinaire et palpitante aventure, avec des personnages très attachants.

Laurence

Une fois commencé, impossible de s'arrêter. À peine fini ce premier tome de cette saga de fantasy et je suis déjà impatiente de lire la suite.

Émilie

[…] dès l'instant où je l'ai ouvert, je ne l'ai pas fermé jusqu'à la dernière page ! Aila nous entraîne irrémédiablement avec elle dans ses aventures plus passionnantes les unes que les autres.

Olivier

Un monde féerique envoûtant, une histoire passionnante qui vous tient en haleine de la première jusqu'à la dernière ligne. […] Lisez les trois premiers chapitres : vous ne pourrez pas vous arrêter !

Virginie

Elle est peut-être fée, l'auteure de ce livre de fantasy, car son livre agit sur le lecteur comme celui des fées sur Aila ; on se sent comme aspiré par une histoire qu'on ne veut pas quitter et qui s'offre très facilement à la lecture.

Anne-Claire

[…] c'est l'un des charmes profonds de cette histoire de fantasy : Aila est une héroïne qui grandit, aime, doute, refuse son destin, se bagarre avec elle-même et, en ce sens, elle est incroyablement humaine. J'aime enfin la façon magistrale dont le récit se construit, dévidant les bobines de multiples aventures en autant de fils qui se coupent, se nouent, se perdent, et tissent pourtant un tableau cohérent, que l'on découvre avec stupeur dans les dernières pages…

Aline

Une saga passionnante, qui offre un beau moment d'évasion !
Le lecteur s'imprègne vite de l'univers et s'attache aux personnages que l'on voit grandir, évoluer et mûrir au fil des aventures qu'ils vivent.
L'héroïne Aila ne peut manquer de vous fasciner avec son caractère bien trempé, son courage et sa volonté à toute épreuve (et elle en rencontre plein !), et une incroyable capacité de dépassement de soi.
J'ai dévoré les 7 tomes, j'attends le dernier avec grande impatience !

Review Readbook

D'abord sceptique au vu du résumé très exhaustif de ce roman jeunesse, j'ai été agréablement surprise par le style dynamique et spontané de Catherine Boullery. Un premier tome trop court puisque ces presque 400 pages se dévorent littéralement et l'histoire coule de source.
J'ai aimé partager le périple et les multiples épreuves qu'ont traversées Aila et ses compagnons. Une héroïne tout en contradiction, en finesse, taquine, changeante, mystérieuse et indomptable comme on les aime dans ce genre de roman de fantasy.

Isa

Bravo pour ce premier roman ! C'est merveilleux !
Un monde à découvrir, des personnages attachants, lointains et pourtant si proches de nous par leurs réactions… Je me suis laissée envahir par Aila et son univers. Tome 1 dévoré, et vivement la suite ! Bravo !

Élodie

Pourtant je suis complètement tombée dans le livre de fantasy. Il m'a été impossible de m'en détacher et j'ai lu tout le livre d'une seule traite. J'ai moi-même été surprise d'avoir été autant absorbée mais j'ai ressenti chaque émotion que pouvait ressentir Aila tout au long du récit.

Emmanuelle

Aucune pesanteur, les personnages, leur origine, tout est bien posé en douceur et, pourtant, au milieu de péripéties palpitantes, le rythme est parfait ! C'est super bien ficelé, drôle, et, en outre, étonnamment d'actualité ! […] Bref, je suis toujours aussi fan d'Aila et la Magie des Fées !

[Lire la suite…]
En conlusion

« Le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui. » (Jean de la Bruyère)






Extrait gratuit d'un des livres de la saga d'Aila offert par Catherine Boullery, auteure de fantasy (autres passages sur Amazon). Excellente lecture ;)

La vie d’Aila prit un tour différent lorsqu’elle eut douze ans. D’abord, parce qu’un jeune apprenti de Barou, Dudau de son prénom, environ une quinzaine d’années, pédant, coureur et vaniteux, la croisant dans un coin isolé, se mit en tête que ce serait plutôt drôle de lui faire son affaire d’une façon ou d’une autre. Aila n’apprit jamais vraiment ce qu’il cherchait à perpétrer avec la petite fille qu’elle était à l’époque, mais cela ne l’empêcha pas de s’approcher d’elle, un sourire narquois et conquérant aux lèvres. Soudain, il entendit derrière lui une voix d’enfant s’exclamer avec le plus de fermeté possible :
— Ne la touche pas !
Dudau se retourna pour découvrir Aubin, pas même dix ans, en position de combat ! Éclatant d’un rire moqueur, il s’avança vers lui, oubliant l’espace d’un instant que ce gamin-là était le fils de Barou. C’était un des défauts de cet être suffisant, réfléchir n’était pas son fort… Son frère fonça comme un boulet et se retrouva étendu au sol par un crochet impeccable de son adversaire : dur apprentissage de la vie… Dudau était orgueilleux et stupide, mais également costaud et efficace. Tout aurait pu s’achever ainsi, mais le grand dadais, qui devait vouloir régler un vieux compte avec Aubin, se mit à le bourrer de coups de pied, alors que ce dernier se roulait à terre. À nouveau, Dudau entendit une voix derrière lui, cette fois-ci sourde et rauque :
— Arrête immédiatement !
Il se retourna et vit Aila arriver vers lui, ses jupes retroussées. Un sourire concupiscent s’afficha sur son visage avant de virer rapidement en grimace douloureuse. D’un coup de pied bien ajusté dans l’aine, elle le plia en deux. Puis, remontant de toutes ses forces ses deux mains réunies, elle lui cogna le menton avec une vigueur dont elle ne se croyait pas capable, et selon toute apparence, Dudau non plus. Il s’affaissa sur ses genoux. Elle le frappa sur la nuque et termina d’un coup de pied en pleine tête, avant que l’apprenti, plus que sonné, s’écroulât sur le sol. Elle resta un moment immobile, cherchant à reprendre le contrôle de son cœur qui battait la chamade et l’usage de ses jambes qui, tout d’un coup, se dérobaient. Elle s’avança en tremblant vers Aubin qui regardait la scène, incapable de bouger, mais conscient, et s’agenouilla. D’abord, de ses mains, elle palpa la colonne vertébrale de son frère en remontant en douceur vers le cou pour déceler d’hypothétiques hématomes ou déplacements. Elle avait tellement procédé ainsi avec les chevaux qu’elle le réalisa naturellement. Puis elle parcourut chacun des membres pour s’assurer que son défenseur n’avait rien de cassé, tandis qu’il suivait des yeux chacun des gestes de sa sœur. Elle saisit ensuite son visage à deux mains pour vérifier la mâchoire et la boîte crânienne.
— Peux-tu te relever si je t’aide ? demanda-t-elle, la voix incertaine.
Il acquiesça, encore incapable de parler. Bien mal lui en prit, car une douleur aiguë irradia dans son crâne, lui donnant envie de vomir. Ils durent attendre un moment que le martèlement de la tête d’Aubin se calmât, avant que, soutenu par Aila, son frère arrivât à se redresser. Il n’alla pas loin. La dizaine de mètres parcourus suffirent à son estomac pour se contracter et Aubin, accroché au bras d’Aila, en vida son contenu. Malgré son état, il lui vint l’idée saugrenue que faire la connaissance de sa sœur en se faisant battre, puis en vomissant, était fort éloigné de tout ce dont il avait pu rêver…
— Tu as été très courageux. Merci, Aubin, lui dit-elle.
La voix d’Aila semblait un murmure après toutes ces années de silence et deux ou trois larmes se mirent à couler de ses yeux, elle n’était qu’une petite fille de douze ans, après tout… Toujours incapable d’articuler un mot, il se contenta de lui serrer la main avec tendresse, heureux de voir, sur les lèvres de sa sœur, naître un sourire timide, que, malheureusement, il ne put lui rendre.

Le trajet vers l’écurie, l’un contre l’autre, leur parut très long et, par bonheur, ils ne croisèrent personne… Elle l’installa dans la pièce du fond et revint avec une pommade qu’elle étala avec légèreté sur les parties de son visage qui se teintaient de nuances violettes.
— Je te donne le pot. Pour l’instant, applique la crème trois fois par jour, précisa-t-elle. Une fois la sensibilité de l’hématome atténuée, tu masseras en profondeur et ta peau reprendra rapidement sa couleur normale. Et puis tu pourras en mettre également sur tes autres contusions.
Elle lui sourit à nouveau et il articulait avec peine un merci quand ses yeux, discernant une forme derrière Aila, s’agrandirent. Sa sœur remarqua son expression et, sans même se retourner, murmura :
— Bonjour, Bonneau, peux-tu me dire où est rangée la liqueur de Maël ?
— Là-haut, sur l’étagère de la maison.
— Je vais la chercher, expliqua-t-elle avant de disparaître de la pièce, laissant seuls Bonneau avec Aubin.
— Que t’est-il arrivé mon garçon ? demanda l’oncle des enfants, en s’accroupissant près de lui.
Son neveu déglutit, tandis que, reprenant les mêmes gestes qu’Aila, Bonneau palpait chaque partie de son corps.
— Dudau ! Il a voulu agresser ma sœur.
— Et tu l’as battu ?
Aubin remarqua le regard appréciateur de Bonneau, alors que, derrière lui, il croisait l’expression affolée d’Aila qui venait juste de revenir et qui semblait l’implorer de ne pas la mentionner.
— Non, ce n’est pas moi, souffla-t-il, tout en baissant les yeux.
— C’est moi qui l’ai mis à terre, avoua-t-elle.
Son oncle, interdit, se retourna et la scruta avec un froncement de sourcils.
— Ah ! se contenta-t-il de dire.
Puis, s’adressant à son neveu, il ajouta :
— Il faudra trouver une histoire bien ficelée pour éviter les ennuis avec Barou… Dudau t’a rossé et je suis intervenu. Nous en resterons là, pas la peine de mentir davantage. Je crois que Dudau préférera cette version à celle de s’être fait battre par une fille de trois ans sa cadette. De toute façon, Barou n’aimera pas cette anecdote et ce garçon ne fera pas de vieux os ici…
— Tiens, Aubin, voici une liqueur contre la douleur, expliqua-t-elle, en s’approchant de lui. Il en faut très peu, une petite cuillère, quatre fois par jour. Ne l’utilise que lorsque tu as très mal, car elle endort.
— Viens, mon garçon, dit Bonneau en se levant, je te ramène à Barou. En chemin, tu me guideras vers Dudau, je le récupérerai au passage.
Aubin, aidé ce coup-ci par son oncle, se redressa et lança un regard plein de regret vers sa sœur.
— Adieu, Aubin, je n’oublierai jamais ce que tu as fait pour moi.
— Non, pas adieu, Aila. À partir d’aujourd’hui, je reviendrai te voir. Je te le promets.
Chancelant sur ses jambes, le garçon repartit, avec le soutien de Bonneau.
Tout le monde, y compris Barou, goba l’histoire. Dudau fut renvoyé sur-le-champ, omettant de signaler qu’il avait tenté d’agresser la jeune fille et qu’elle l’avait mis hors service pour le compte.

La vie se poursuivit comme à son habitude, mais de manière bizarre et à intervalles réguliers, elle sentit le regard de son oncle s’attarder sur elle. Il n’avait posé aucune question à la suite de la bagarre, mais elle savait bien qu’il s’interrogeait. Elle fut sur le point d’aller s’expliquer avec lui. Néanmoins, habituée au silence, elle retourna dans son mutisme. Ainsi, personne n’apprit, à part Bonneau et Aubin, qu’elle avait reparlé…

Quelques mois plus tard, un matin, juste au premier rayon de soleil, alors qu’elle se promenait avant de regagner le château, Aila entendit un bruit derrière elle et, faisant demi-tour, découvrit son frère qui s’approchait.
— Bonjour, Aila ! Je pensais revenir te rendre visite plus tôt !
— Aubin ? Que fais-tu là ?
— Les entraînements sont repoussés et ne commencent que dans une heure… Je disposais d’un peu de temps devant moi, alors, en te voyant partir, je me suis dit que je pouvais bien sauter sur l’occasion de discuter avec toi. Je n’ai pas pu depuis…, enfin, depuis Dudau. Père ne me lâche plus d’une semelle. Avant, je passais mes journées à le suivre à la trace comme si j’avais peur de le perdre et, maintenant, c’est son tour, alors que je voudrais pouvoir prendre un peu le large…
— Tu t’exprimes plus que la première fois que nous nous sommes rencontrés !
— Sûr, ma mâchoire fonctionne de nouveau ! Et toi, tu n’as mis personne au courant que tu avais renoncé au silence, apparemment…
Modérément sur la défensive depuis l’arrivée d’Aubin, Aila se relâcha :
— Exact, il est plus facile de se taire…
— … que d’exprimer ce que l’on ressent ? Je sais…
Ils se sentaient tous les deux maladroits ; ils se détaillaient comme s’ils se voyaient pour la première fois, ce qui était presque le cas, se découvrant sans oser se rapprocher l’un de l’autre.
— Pourquoi veux-tu me connaître ? questionna Aila. Je ne dois pas faire partie des sujets de discussion préférés de ton père…
— Tout à fait, et il est inutile d’aborder ce problème. Malgré tout, tu es ma sœur… Et puis tous mes camarades parlent de toi ! Ma curiosité m’a poussé à savoir qui tu étais et pourquoi tu n’appartenais pas à ma vie.
— Ce n’est pas moi qui te l’apprendrai, je n’en ai aucune idée… Je crois qu’il est devenu ainsi le jour de ma naissance et tout le monde ignore pourquoi ou n’a daigné me le dire.
— Quelle bêtise ! Père aurait tenu un bien meilleur combattant que moi pour lui succéder, t’es fabuleusement forte pour te bagarrer !
Il poussa un grand soupir de tristesse et haussa les épaules de dépit.
— Oh ! t’es pas si mauvais que ça, mais, avec ta peur de blesser tes camarades, ça ne peut pas marcher, expliqua Aila d’une voix douce.
— Et comment tu sais cela ? relança-t-il, avec une pointe d’agressivité dans le ton.
— Parce que tu as aussi piqué ma curiosité et je voulais te voir. Tu es rapide et efficace… Tu pourras acquérir la force qui te manque avec de l’entraînement, mais te battre ne t’emballe pas vraiment et cela se sent…
— Alors que toi, t’as envie d’en découdre ! répliqua-t-il, moqueur.
— Oui, j’ai emmagasiné assez de haine pour cela !
Aila serra les dents.
— Oh !… Je comprends, je suis désolé. Je dois repartir maintenant, mais nous nous reverrons dès que je le pourrai, ajouta Aubin.
— Je te fais confiance et… j’en serai heureuse.
Ils se sourirent en se quittant. Ce fut ce jour-là qu’elle décida définitivement de reparler.

Le deuxième événement majeur advint deux ans plus tard. Bonneau devait transmettre un message important et revenir très rapidement avec une réponse. À nouveau, le pays frémissait sous de nouvelles querelles, intestines cette fois. Le courrier recelait un pacte de non-agression et de protection mutuelle entre Antan et le comté voisin de Melbour, ainsi que leur promesse d’allégeance au roi Sérain d’Avotour. C’était un premier pas essentiel pour lutter contre d’autres territoires, prêts à se retourner contre le royaume. L’oncle avait emmené sa jeune nièce, devenue une cavalière émérite, et en avait profité pour récupérer un nouveau kenda chez un marchand spécialisé de Melbour, la ville principale du comté du même nom. Il connaissait l’importance du courrier, mais n’avait pas envisagé, comme personne au château, que cette simple alliance aurait suscité autant de réactions. Sur le chemin du retour, à un jour de route d’Antan, ils se retrouvèrent encerclés par sept mercenaires, certains de les écraser sans le moindre problème. Comme Aila transportait le message destiné à Elieu, Bonneau lui proposa de s’enfuir, tandis qu’il les retiendrait.
« Non ! », fut sa seule réponse, avant d’ajouter de manière énergique :
— Passe-moi le nouveau kenda. Je devrais pouvoir faire quelque chose avec.
Il s’en saisit et le lui lança avant de s’emparer du sien. Le chef de leurs adversaires ricana.
— Tu crois pouvoir faire quoi avec ton petit bâton ?
— On y va, Bonneau ?
Son oncle faillit lui demander si elle se sentait sûre d’elle, mais il s’abstint, optant délibérément pour la confiance.
— On y va, Aila.
Tous deux poussèrent un cri sauvage, puis, éperonnant leurs chevaux, foncèrent sur les mercenaires qui leur barraient le passage. L’effet de surprise fonctionna. Leurs adversaires, stupéfaits, virent un vieux balourd et une fillette fondre sur eux à toute vitesse. Certains comprirent bien vite, et trop tard, leur douleur quand, d’un coup de kenda, ils se retrouvèrent à terre, piétinés par les montures nerveuses. À la première charge, Bonneau en dégomma deux et Aila, un. Le cercle rompu, l’oncle et sa nièce prirent la poudre d’escampette au grand galop. Le chef, sûrement le plus intelligent de la bande, s’était écarté de la bagarre. Rapidement, il regroupa ses hommes, les trois qui lui restaient, puis partit avec eux à la poursuite des fugitifs. Conscients de ne disposer que d’une avance relative, ces derniers forcèrent l’allure. Cependant, à ce train d’enfer, leurs chevaux fatigués ne tiendraient plus très longtemps et les mercenaires ne tarderaient pas à les rattraper ; il fallait trouver une autre solution…
— Bonneau, par là ! cria Aila qui lui montrait un mur de végétation, sur leur flanc droit.
Ils dissimulèrent les montures derrière un bosquet, puis elle sortit un arc qu’elle assembla à toute vitesse, preuve d’une expérience ancienne, et se positionna pour tirer sur leurs ennemis, sous le regard médusé de son oncle.
— Tu peux me donner les flèches, je n’ai pas le temps d’installer mon carquois, demanda-t-elle, lui désignant les six qui dépassaient de son sac.
Bonneau acquiesça. Concentrée, elle décocha une première fois, réarma en un clin d’œil la flèche tendue par son oncle et deux des mercenaires s’écroulèrent sur le sol, tandis que les deux autres, encore debout, s’éclipsèrent très vite dans les sous-bois, hors de leur vue.
— Non ! Je n’ai pas tué le chef ! C’est le plus malin d’entre eux, il a échangé son chapeau avec un autre ! Que faisons-nous maintenant ? Avec leurs arcs, ils ne se feront plus surprendre…
Il la regardait fixement ; il hésitait visiblement entre exploser et soupirer. Préférant la seconde solution, il soupira, puis murmura :
— Je conviens que le moment est mal choisi, mais depuis quand sais-tu tirer avec cette arme ? Depuis quand possèdes-tu un arc démontable, matériel d’une grande rareté, il me semble ? Depuis quand sais-tu te battre au kenda ?
— Bonneau, je comprends que tu puisses être en colère. S’il te plaît, je t’expliquerai tout plus tard, c’est promis, supplia-t-elle.
Il inspira à pleins poumons.
— Laissons les chevaux ici. J’espère que tu parviendras aussi à te mouvoir sans bruit et que tu te tiendras prête à tuer de nouveau…
Aila rougit sans répondre, puis acquiesça. Ils s’éloignèrent d’une courte distance et s’accroupirent, cachés derrière un petit bosquet, aux aguets. Son oncle murmura :
— Comme nous n’irons pas à eux, ils viendront. Arme ton arc et attends mon signal. Tu me laisses le chef, c’est compris ?
Un regard sévère ponctua sa phrase et elle opina.
Le temps s’écoula. Ils restèrent immobiles et silencieux, tandis qu’Aila s’ankylosait progressivement. Le jour commençait à baisser quand un bruit léger se fit entendre sur leur droite. Ni l’un ni l’autre ne bougèrent. Plus rien ne se passa pendant de longues minutes, excepté l’attente et le crépuscule qui installait ses ombres de plus en plus grandes sur la forêt.
— On pourrait déjà abattre leurs chevaux, suggéra le murmure d’une voix.
L’éclat d’une flèche apparut dans la lumière du soleil couchant et Bonneau effleura Aila qui tira où elle estimait la présence de l’archer. Un cri léger vibra dans l’air et sa flèche chut, suivi d’un corps, dans un bruit de plus. Elle s’aperçut que son oncle avait disparu. En revanche, devant elle, se tenait le chef des mercenaires, son épée pointée sur elle, plus exactement sur sa gorge. Elle était piégée…
— Adieu, ma belle, lui dit l’homme, qui ricana.
Dans un geste désespéré, elle plongea sur la droite, sentant au passage la pointe de l’arme lui érafler la peau, puis son sang chaud s’écouler de la blessure.
— Viens, Aila, nous pouvons repartir, assura la voix de Bonneau.
Elle émergea du bosquet et jeta un coup d’œil à son oncle qui enlevait son couteau du cœur du dernier mercenaire avant de l’essuyer.
— Et cela aussi, tu sais le faire, lancer un poignard ?
Elle secoua la tête.
— Alors, je t’apprendrai, mais, pour l’instant, je vais te soigner pour que la vilaine estafilade que je distingue sur ton cou ne devienne pas une affreuse cicatrice.


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